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samedi 9 octobre 2021

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1947 (deuxième et dernière partie)

 

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN 1947.


Au Pays Basque, il existe de nombreux symboles religieux, et en particulier en Soule.



EGLISE DE SAUGUIS-SAINT-ETIENNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, le 31 janvier 1947, sous la plume de Pierre 

Lhande :



"Le divin pelotari.



Notre-Dame de Sauguis.



"... Mais ce fut S. Exc. Mgr Terrier, évêque de Bayonne quand je lui présentai, pour la première fois, en décembre dernier, la "Vierge de Sauguis", qui nous en détailla le charme. "Elle est ravissante !", nous dit le prélat qui ne chercha point à cacher son admiration. "Certainement, nous la voulons ! Il faut qu'elle soit à l'honneur !...




Ce "Petit Jésus" est un "petit pelotari" ! La balle, la petite balle toute ronde qu'il tient de sa main droite n'est point, comme on pourrait le croire à première vue, le globe du monde : elle serait, en ce cas, surmontée d'une croix, dont il n'y a pas la moindre trace ! C'est la vraie pelote basque qu'il s'apprête à lancer ! C'est un Jésus pelotari ! Vous en avez un, du reste, assez typé, mais beaucoup plus fruste dans vos collections de clichés de la Tombe basque de M. Colas. Celui-ci est indéniablement, un joueur de pelote : c'est le Divin Pelotari ! Vous pouvez le signaler à tous les amateurs du sport favori des Basques."



pays basque autrefois
LA TOMBE BASQUE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais j'avais hâte de signaler à mon évêque une autre particularité, beaucoup plus importante et plus grave, de "Notre-Dame de Sauguis"... Cette ravissante Madone avait subi, à une époque plus reculée, des mutilations sacrilèges. Elle portait sur le front, d’abord, deux entailles profondes, deux coups de hache, comme des coups d’essai qui avaient tranché la joue droite, puis un autre coup contondant du revers de la cognée, qui avait complètement détaché la tête...



A quelle époque avait eu lieu ce sacrilège attentat ? Aux jours de la grande Révolution ? Certainement non, car les Jacobins, après s’être acharnés sur la Vierge, n’auraient pas davantage épargné son Fils béni ! Or, l’Enfant Jésus avait été volontairement, systématiquement respecté ! Du reste, l’époque du mystérieux coup de force était plus ancienne que 1793. L’exploit du fameux sectaire inconnu qui avait épargné le Fils de Dieu, mais avait frappé furieusement sa divine Mère, portait sa date : les persécutions de la reine Jeanne d'Albret contre le catholicisme. Visiblement, le huguenot qui profana l'église de Sauguis avait pris soin de contourner la Vierge pour la prendre à revers et avait laissé intact le Christ qui le bénissait de ses trois doigts levés. Ses tâtonnements sont encore manifestes sur la pièce de bois de tilleul.




Plus tard, peut-être à la fin des guerres religieuses, un artisan occasionnel, un forgeron de village sans doute, s'est appliqué à remettre en place la tempe ébréchée en la fixant avec une cheville de bois et rajuster le chef vénéré au moyen de trois grands clous d'ardoisier. Toujours est-il que, par un juste retour des choses, cette vénérable relique a fini par retrouver sa place normale, précisément dans cette antique église de Sauguis, au clocher trinitaire, qui avait été, au XVIe siècle, une des forteresses du protestantisme.







Détail vraiment curieux — et  providentiel — c’est à Notre-Dame du Grand Retour qu’a été due, directement, la venue parmi nous de Notre-Dame de Sauguis ! Du 10 au 12 novembre 1946, j’avais eu l'insigne privilège d’accompagner Notre-Dame de Boulogne dans son périple souletin, de Montory à Tardets et de Tardets à Menditte, en visitant au passage Trois-Ville, Ossas, Saint-Etienne et... Sauguis. Le 11, dans la matinée, escorté par la foule des Sauguisiens qui faisaient le relais de la Barque mystique, nous nous arrêtions sur la place du village... Une prière ardente, en souvenir de ce petit bourg qui avait été, aux temps de la reine Jeanne, si contaminé par l’hérésie et qui est redevenu, depuis, un important foyer de vocations sacerdotales.



religion 1946 notre dame boulogne
1946 LE GRAND RETOUR DE NOTRE DAME DE BOULOGNE



Je me souviens fort bien qu'à ce moment j'exprimai le souhait que cette relique des âges passés eût sa place dans cette "Rencontre des Vierges du Pays Basque" dont S. Exc. Mgr Terrier avait pris l'initiative pour le 8 décembre suivant, et qu'il allait, en effet, exaucer quelques jours plus tard. 



Mais cette prière muette n’avait-elle pas été accompagnée, presque à mon insu, par une autre très humble oraison, — de celles que Notre Seigneur encourage toujours ? Exactement sur la bifurcation d'Ossas à Sauguis, l'ami du Christ dans la banlieue avait remarqué une roulotte de gitanes qui était garée sur le bord de la grand’route. Elle était entourée de toute une marmaille d'enfants plus ou moins dépenaillés. De loin, je l’observais. Quand nous fûmes arrivés à sa hauteur, j’aperçus un garçon de 12 à 13 ans qui, un peu à l’écart de ses compagnons de misère, un genou à terre et les deux mains levées vers le ciel, faisait, lui aussi, sa prière à Notre Dame des Chemineaux ! Le Père qui nous accompagnait, tout en continuant ses "Agur Maria", s'arrêta, tira de sa poche un chapelet qu’il tendit au petit banlieusard.. Celui-ci, ébloui, happa avidement l’objet, mais, pour ne pas interrompre son oraison, reprit aussitôt son attitude d'orant et ne l’abandonna que quand l’Apparition se fut évanouie.



Ce fut quelques jours qu’avait lieu la grande apothéose : la journée de Bayonne du 8 décembre.



La foule ce jour-là était venue de tout le Béarn et de tout le Pays Basque pour ménager une escorte triomphale à toutes les "Vierges de chez nous : Notre-Dame du Refuge, Notre-Dame de Sarrance, Notre-Dame de Bétharram, Notre-Dame de Jurançon, Notre-Dame d'Abet, Notre-Dame de Hoquy, Notre-Dame de Sauguis, Notre-Dame de Bidart, Notre-Dame de Socorri". Longtemps avant l’heure du rendez-vous qui avait été fixée d’avance, elles trouvaient réunies au couvent des Pères Capucins de Bayonne, d’où elles devaient être acheminées vers les grandes Arènes de la ville, seules capables, avec leurs 25 000 ou 30 000 places, de contenir la multitude escomptée. 



Notre-Dame de Sauguis était là — dont un délicat artiste bayonnais avait discrètement réparé le visage animé par le coup de hache du huguenot. Mais... aucun des aides  pour la convoyer !



Quelque peu embarrassé, je cherchais autour de moi un secours providentiel, quand, dans la cour du couvent, j’aperçois un groupe de jeunes gens qui conduisaient  deux ecclésiastiques inconnus

— Qui êtes-vous, mes enfants ?

— Nous sommes, disent-ils, des élèves du collège Saint-François de Mauléon...

— De Mauléon, près de Sauguis ? Mais c’est Notre-Dame de Sauguis qui vous envoie ! Vite ! aux brancards, mes enfants !



J'apprenais, quelques instants après, que. ces braves garçons partis, la veille, dans la nuit, avaient cheminé depuis le matin pour gagner Bayonne à la pointe du jour !



Jamais notre cité n’avait présenté le spectacle d'un lleno —  d'un "trop-plein" — comparable à celui qu'offraient, ce jour-là, les Arènes de Bayonne.



Mais ce n'était plus aux joutes éblouissantes du cirque ou de la Plaza de toros que nous étions conviés maintenant. Sur toute l'étendue de vastes gradins où le sang des bêtes avait coulé, allait se dérouler maintenant le drame auguste du Calvaire, célébré par S. Exc. Mgr Terrier. 



A mesure que débouchaient sur l'arène les Vierges les plus célèbres du Béarn et du Pays Basque, le speaker, infatigable, harcelait la  foule : "Voici Notre-Dame de Sauguis qui fait son entrée, gracieuse, dans sa parure du XVIe siècle." Et, aussitôt, les invocations répétées par la houle imposante des assistants : "Notre Dame de Sauguis, nous vous aimons ! "Notre-Dame de Sauguis, nous avons confiance en vous !



Quand le Fils de l'homme viendra — s'était écrié un jour, durant sa vie mortelle, le Sauveur du monde, — pensez-vous qu'il trouvera encore la terre ?" 



Et nous, confondus devant le grandiose spectacle que nous venions de contempler, forts de notre conviction profonde, nous osions nous écrier : Ah ! Seigneur ! la réponse à cette question, vous venez, vous-même, de nous la donner ! N’est-elle pas dans cette immense rumeur de tout un peuple en prière ? et ne nous dit-elle pas plus éloquemment que toute réponse orale combien reste encore vivace notre vieille foi euskarienne sous l’égide de Notre Dame du Grand Retour ?"



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