NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN 1947.
Au Pays Basque, il existe de nombreux symboles religieux, et en particulier en Soule.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, le 31 janvier 1947, sous la plume de Pierre
Lhande :
"Le divin pelotari.
Notre-Dame de Sauguis.
"... Mais ce fut S. Exc. Mgr Terrier, évêque de Bayonne quand je lui présentai, pour la première fois, en décembre dernier, la "Vierge de Sauguis", qui nous en détailla le charme. "Elle est ravissante !", nous dit le prélat qui ne chercha point à cacher son admiration. "Certainement, nous la voulons ! Il faut qu'elle soit à l'honneur !...
Ce "Petit Jésus" est un "petit pelotari" ! La balle, la petite balle toute ronde qu'il tient de sa main droite n'est point, comme on pourrait le croire à première vue, le globe du monde : elle serait, en ce cas, surmontée d'une croix, dont il n'y a pas la moindre trace ! C'est la vraie pelote basque qu'il s'apprête à lancer ! C'est un Jésus pelotari ! Vous en avez un, du reste, assez typé, mais beaucoup plus fruste dans vos collections de clichés de la Tombe basque de M. Colas. Celui-ci est indéniablement, un joueur de pelote : c'est le Divin Pelotari ! Vous pouvez le signaler à tous les amateurs du sport favori des Basques."
Mais j'avais hâte de signaler à mon évêque une autre particularité, beaucoup plus importante et plus grave, de "Notre-Dame de Sauguis"... Cette ravissante Madone avait subi, à une époque plus reculée, des mutilations sacrilèges. Elle portait sur le front, d’abord, deux entailles profondes, deux coups de hache, comme des coups d’essai qui avaient tranché la joue droite, puis un autre coup contondant du revers de la cognée, qui avait complètement détaché la tête...
A quelle époque avait eu lieu ce sacrilège attentat ? Aux jours de la grande Révolution ? Certainement non, car les Jacobins, après s’être acharnés sur la Vierge, n’auraient pas davantage épargné son Fils béni ! Or, l’Enfant Jésus avait été volontairement, systématiquement respecté ! Du reste, l’époque du mystérieux coup de force était plus ancienne que 1793. L’exploit du fameux sectaire inconnu qui avait épargné le Fils de Dieu, mais avait frappé furieusement sa divine Mère, portait sa date : les persécutions de la reine Jeanne d'Albret contre le catholicisme. Visiblement, le huguenot qui profana l'église de Sauguis avait pris soin de contourner la Vierge pour la prendre à revers et avait laissé intact le Christ qui le bénissait de ses trois doigts levés. Ses tâtonnements sont encore manifestes sur la pièce de bois de tilleul.
Plus tard, peut-être à la fin des guerres religieuses, un artisan occasionnel, un forgeron de village sans doute, s'est appliqué à remettre en place la tempe ébréchée en la fixant avec une cheville de bois et rajuster le chef vénéré au moyen de trois grands clous d'ardoisier. Toujours est-il que, par un juste retour des choses, cette vénérable relique a fini par retrouver sa place normale, précisément dans cette antique église de Sauguis, au clocher trinitaire, qui avait été, au XVIe siècle, une des forteresses du protestantisme.
Détail vraiment curieux — et providentiel — c’est à Notre-Dame du Grand Retour qu’a été due, directement, la venue parmi nous de Notre-Dame de Sauguis ! Du 10 au 12 novembre 1946, j’avais eu l'insigne privilège d’accompagner Notre-Dame de Boulogne dans son périple souletin, de Montory à Tardets et de Tardets à Menditte, en visitant au passage Trois-Ville, Ossas, Saint-Etienne et... Sauguis. Le 11, dans la matinée, escorté par la foule des Sauguisiens qui faisaient le relais de la Barque mystique, nous nous arrêtions sur la place du village... Une prière ardente, en souvenir de ce petit bourg qui avait été, aux temps de la reine Jeanne, si contaminé par l’hérésie et qui est redevenu, depuis, un important foyer de vocations sacerdotales.
1946 LE GRAND RETOUR DE NOTRE DAME DE BOULOGNE |
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