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mardi 9 novembre 2021

LE RATTACHEMENT DES COMMUNES DE SAINT-ÉTIENNE ET DE SAUGUIS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1843

LE RATTACHEMENT DE SAINT-ÉTIENNE ET DE SAUGUIS EN SOULE.


C'est en juin 1843 que les deux communes de Soule, Sauguis et Saint-Etienne ont été réunies.




pays basque autrefois soule
UNE PENSEE DE SAUGUIS-SAINT-ETIENNE SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette nationale ou le Moniteur universel, dans plusieurs 

éditions :

  • le 9 mars 1843 :



"Exposé des motifs et projet de loi tendant à distraire la commune de Saint-Etienne-Soule du canton de Mauléon (Basses-Pyrénées) pour la réunir à la commune de Sauguis et au canton de Tardets



Messieurs, la commune de Saint-Etienne-Soule, canton et arrondissement de Mauléon, département des Basses-Pyrénées, n’ayant que 104 habitants, 81 hectares de territoire et 15 fr. de revenu, les autorités administratives du département ont proposé sa suppression. 



Le territoire de cette commune étant presque enclavé par celui de la commune de Sauguis, la réunion des deux municipalités se trouvait indiquée par leur position topographique et de plus par la convenance d’opérer une fusion complète entre deux localités déjà réunies pour le culte et pour l’instruction primaire. 



En présence de tous ces avantages, on ne pouvait être arrêté par la résistance des habitants de Sauguis, qui ne repoussent la mesure que par la crainte mal fondée des inconvénients qu’elle leur semble devoir apporter à la paisible jouissance de leurs droits communaux. 



Toute garantie leur étant assurée à cet égard, leur refus d’adhésion ne saurait avoir aucune valeur, en présence surtout des avis favorables qu’ont émis en cette circonstance le conseil municipal de la commune dont la suppression est proposée, ainsi que le conseil d’arrondissement et le conseil général. 



La commune de Sauguis dépendant d’un autre canton (celui de Tardets), les autorités judiciaires ont été aussi consultées, et leur opinion est entièrement favorable au projet. 



Le Roi nous a, en conséquence, chargés de le soumettre à votre approbation, et je vais avoir l’honneur de vous en lire le texte. 



pays basque autrefois fronton soule
LE NOUVEAU FRONTON DE SAUGUIS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Projet de loi.



Art. 1er. Les communes de Saint-Etienne-Soule, canton et arrondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées), et de Sauguis, canton de Tardets, même arrondissement, sont réunies en une seule, dont le chef-lieu est fixé à Sauguis. La nouvelle commune prendra le nom de Sauguis-Saint-Etienne, et fera partie du canton de Tardets. 



Art. 2. Les dispositions qui précèdent auront lieu sans préjudice des droits d’usage et autres qui seraient respectivement acquis. 

Les autres conditions de la réunion prononcée seront, s’il y a lieu, ultérieurement déterminées par une ordonnance du Roi."




pays basque autrefois soule
QUARTIER DE L'EGLISE SAUGUIS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • le 15 mars 1843 :


"Rapport sur le projet de loi tendant à distraire la commune de Saint-Etienne-Soule, du canton de Mauléon (Basses-Pyrénées), pour la réunir à la commune de Sauguis et au canton de Tardets.



M. Goury. Messieurs la commune de Saint-Etienne-Soule n’a que 81 hectares de superficie, 104 habitants et 15 fr. de revenu. Ses dépenses annuelles étant de 254 fr., elle ne peut y suffire que par des impositions extraordinaires. 



Cet état de choses est essentiellement préjudiciable aux intérêts de la commune et à ceux de l’administration ; il s’oppose à toute espèce d’amélioration ; on a senti la nécessité de le faire cesser. 



La commune de Saint-Etienne-Soule est, pour ainsi dire, enclavée dans celle de Sauguis ; l’idée a dû naturellement venir de réunir ces deux communes pour n’en former qu’une seule. Les habitants de Saint-Etienne y ont consenti sans difficulté ; ils apprécient l’utilité de la mesure ; ceux de Sauguis s’y sont constamment refusés dans la crainte d’être obligés de partager la jouissance de 179 hectares de communaux qu’ils possèdent, avec la commune de Saint-Etienne qui en est à peu près dépourvue. C’est le seul motif qu’ils aient donné de leur opposition : elle demeure sans importance devant les dispositions de la loi du 18 juillet 1837, qui permet de réserver les droits respectifs des communes qui se réunissent. 




pays basque autrefois soule château
CHÂTEAU D'APPATHIA SAUGUIS SOULE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Cette réunion donnera-t-elle un résultat complètement satisfaisant ? Malheureusement non : il y aura amélioration mais le malaise existera toujours. La commune de Sauguis a par elle-même fort peu d’importance ; les habitants ne sont qu’au nombre de 346 ; la superficie n’est que de 798 hectares ; elle n’a que 83 fr. de revenu et ses dépenses s’élèvent à 820 fr. 



Après la réunion, la superficie sera de 879 hectares, la population de 450 individus, et le revenu de 98. Il y aurait aujourd’hui nécessité de recourir à des impositions extraordinaires, mais on a l’espoir d’en réduire le montant de 144 fr. 



Quoi qu’il en soit, cette réunion des deux communes en une seule, sous le nom de Sauguis-Saint-Etienne, parait d’autant plus désirable que le même lien les unit déjà sous le rapport du culte et de l’instruction primaire. 



Cette dernière considération est surtout déterminante, et, comme les formalités prescrites par les lois et règlements ont été remplies, votre commission m’a confié l’honneur de vous proposer d’adopter le projet de loi."





 



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samedi 9 octobre 2021

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1947 (deuxième et dernière partie)

 

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN 1947.


Au Pays Basque, il existe de nombreux symboles religieux, et en particulier en Soule.



EGLISE DE SAUGUIS-SAINT-ETIENNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, le 31 janvier 1947, sous la plume de Pierre 

Lhande :



"Le divin pelotari.



Notre-Dame de Sauguis.



"... Mais ce fut S. Exc. Mgr Terrier, évêque de Bayonne quand je lui présentai, pour la première fois, en décembre dernier, la "Vierge de Sauguis", qui nous en détailla le charme. "Elle est ravissante !", nous dit le prélat qui ne chercha point à cacher son admiration. "Certainement, nous la voulons ! Il faut qu'elle soit à l'honneur !...




Ce "Petit Jésus" est un "petit pelotari" ! La balle, la petite balle toute ronde qu'il tient de sa main droite n'est point, comme on pourrait le croire à première vue, le globe du monde : elle serait, en ce cas, surmontée d'une croix, dont il n'y a pas la moindre trace ! C'est la vraie pelote basque qu'il s'apprête à lancer ! C'est un Jésus pelotari ! Vous en avez un, du reste, assez typé, mais beaucoup plus fruste dans vos collections de clichés de la Tombe basque de M. Colas. Celui-ci est indéniablement, un joueur de pelote : c'est le Divin Pelotari ! Vous pouvez le signaler à tous les amateurs du sport favori des Basques."



pays basque autrefois
LA TOMBE BASQUE LOUIS COLAS
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais j'avais hâte de signaler à mon évêque une autre particularité, beaucoup plus importante et plus grave, de "Notre-Dame de Sauguis"... Cette ravissante Madone avait subi, à une époque plus reculée, des mutilations sacrilèges. Elle portait sur le front, d’abord, deux entailles profondes, deux coups de hache, comme des coups d’essai qui avaient tranché la joue droite, puis un autre coup contondant du revers de la cognée, qui avait complètement détaché la tête...



A quelle époque avait eu lieu ce sacrilège attentat ? Aux jours de la grande Révolution ? Certainement non, car les Jacobins, après s’être acharnés sur la Vierge, n’auraient pas davantage épargné son Fils béni ! Or, l’Enfant Jésus avait été volontairement, systématiquement respecté ! Du reste, l’époque du mystérieux coup de force était plus ancienne que 1793. L’exploit du fameux sectaire inconnu qui avait épargné le Fils de Dieu, mais avait frappé furieusement sa divine Mère, portait sa date : les persécutions de la reine Jeanne d'Albret contre le catholicisme. Visiblement, le huguenot qui profana l'église de Sauguis avait pris soin de contourner la Vierge pour la prendre à revers et avait laissé intact le Christ qui le bénissait de ses trois doigts levés. Ses tâtonnements sont encore manifestes sur la pièce de bois de tilleul.




Plus tard, peut-être à la fin des guerres religieuses, un artisan occasionnel, un forgeron de village sans doute, s'est appliqué à remettre en place la tempe ébréchée en la fixant avec une cheville de bois et rajuster le chef vénéré au moyen de trois grands clous d'ardoisier. Toujours est-il que, par un juste retour des choses, cette vénérable relique a fini par retrouver sa place normale, précisément dans cette antique église de Sauguis, au clocher trinitaire, qui avait été, au XVIe siècle, une des forteresses du protestantisme.







Détail vraiment curieux — et  providentiel — c’est à Notre-Dame du Grand Retour qu’a été due, directement, la venue parmi nous de Notre-Dame de Sauguis ! Du 10 au 12 novembre 1946, j’avais eu l'insigne privilège d’accompagner Notre-Dame de Boulogne dans son périple souletin, de Montory à Tardets et de Tardets à Menditte, en visitant au passage Trois-Ville, Ossas, Saint-Etienne et... Sauguis. Le 11, dans la matinée, escorté par la foule des Sauguisiens qui faisaient le relais de la Barque mystique, nous nous arrêtions sur la place du village... Une prière ardente, en souvenir de ce petit bourg qui avait été, aux temps de la reine Jeanne, si contaminé par l’hérésie et qui est redevenu, depuis, un important foyer de vocations sacerdotales.



religion 1946 notre dame boulogne
1946 LE GRAND RETOUR DE NOTRE DAME DE BOULOGNE



Je me souviens fort bien qu'à ce moment j'exprimai le souhait que cette relique des âges passés eût sa place dans cette "Rencontre des Vierges du Pays Basque" dont S. Exc. Mgr Terrier avait pris l'initiative pour le 8 décembre suivant, et qu'il allait, en effet, exaucer quelques jours plus tard. 



Mais cette prière muette n’avait-elle pas été accompagnée, presque à mon insu, par une autre très humble oraison, — de celles que Notre Seigneur encourage toujours ? Exactement sur la bifurcation d'Ossas à Sauguis, l'ami du Christ dans la banlieue avait remarqué une roulotte de gitanes qui était garée sur le bord de la grand’route. Elle était entourée de toute une marmaille d'enfants plus ou moins dépenaillés. De loin, je l’observais. Quand nous fûmes arrivés à sa hauteur, j’aperçus un garçon de 12 à 13 ans qui, un peu à l’écart de ses compagnons de misère, un genou à terre et les deux mains levées vers le ciel, faisait, lui aussi, sa prière à Notre Dame des Chemineaux ! Le Père qui nous accompagnait, tout en continuant ses "Agur Maria", s'arrêta, tira de sa poche un chapelet qu’il tendit au petit banlieusard.. Celui-ci, ébloui, happa avidement l’objet, mais, pour ne pas interrompre son oraison, reprit aussitôt son attitude d'orant et ne l’abandonna que quand l’Apparition se fut évanouie.



Ce fut quelques jours qu’avait lieu la grande apothéose : la journée de Bayonne du 8 décembre.



La foule ce jour-là était venue de tout le Béarn et de tout le Pays Basque pour ménager une escorte triomphale à toutes les "Vierges de chez nous : Notre-Dame du Refuge, Notre-Dame de Sarrance, Notre-Dame de Bétharram, Notre-Dame de Jurançon, Notre-Dame d'Abet, Notre-Dame de Hoquy, Notre-Dame de Sauguis, Notre-Dame de Bidart, Notre-Dame de Socorri". Longtemps avant l’heure du rendez-vous qui avait été fixée d’avance, elles trouvaient réunies au couvent des Pères Capucins de Bayonne, d’où elles devaient être acheminées vers les grandes Arènes de la ville, seules capables, avec leurs 25 000 ou 30 000 places, de contenir la multitude escomptée. 



Notre-Dame de Sauguis était là — dont un délicat artiste bayonnais avait discrètement réparé le visage animé par le coup de hache du huguenot. Mais... aucun des aides  pour la convoyer !



Quelque peu embarrassé, je cherchais autour de moi un secours providentiel, quand, dans la cour du couvent, j’aperçois un groupe de jeunes gens qui conduisaient  deux ecclésiastiques inconnus

— Qui êtes-vous, mes enfants ?

— Nous sommes, disent-ils, des élèves du collège Saint-François de Mauléon...

— De Mauléon, près de Sauguis ? Mais c’est Notre-Dame de Sauguis qui vous envoie ! Vite ! aux brancards, mes enfants !



J'apprenais, quelques instants après, que. ces braves garçons partis, la veille, dans la nuit, avaient cheminé depuis le matin pour gagner Bayonne à la pointe du jour !



Jamais notre cité n’avait présenté le spectacle d'un lleno —  d'un "trop-plein" — comparable à celui qu'offraient, ce jour-là, les Arènes de Bayonne.



Mais ce n'était plus aux joutes éblouissantes du cirque ou de la Plaza de toros que nous étions conviés maintenant. Sur toute l'étendue de vastes gradins où le sang des bêtes avait coulé, allait se dérouler maintenant le drame auguste du Calvaire, célébré par S. Exc. Mgr Terrier. 



A mesure que débouchaient sur l'arène les Vierges les plus célèbres du Béarn et du Pays Basque, le speaker, infatigable, harcelait la  foule : "Voici Notre-Dame de Sauguis qui fait son entrée, gracieuse, dans sa parure du XVIe siècle." Et, aussitôt, les invocations répétées par la houle imposante des assistants : "Notre Dame de Sauguis, nous vous aimons ! "Notre-Dame de Sauguis, nous avons confiance en vous !



Quand le Fils de l'homme viendra — s'était écrié un jour, durant sa vie mortelle, le Sauveur du monde, — pensez-vous qu'il trouvera encore la terre ?" 



Et nous, confondus devant le grandiose spectacle que nous venions de contempler, forts de notre conviction profonde, nous osions nous écrier : Ah ! Seigneur ! la réponse à cette question, vous venez, vous-même, de nous la donner ! N’est-elle pas dans cette immense rumeur de tout un peuple en prière ? et ne nous dit-elle pas plus éloquemment que toute réponse orale combien reste encore vivace notre vieille foi euskarienne sous l’égide de Notre Dame du Grand Retour ?"



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jeudi 9 septembre 2021

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN SOULE AU PAYS BASQUE EN 1947 (première partie)

NOTRE-DAME DE SAUGUIS EN 1947.


Au Pays Basque, il existe de nombreux symboles religieux, et en particulier en Soule.




religion catholique pays basque autrefois
EGLISE DE SAUGUIS-SAINT-ETIENNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, le 31 janvier 1947, sous la plume de Pierre 

Lhande :



"Le divin pelotari.



Notre-Dame de Sauguis.



Parmi toutes les insignes faveurs dont nous aurons été redevables a cette blanche Vierge de Boulogne, qui vient de tracer dans notre Béarn et notre Pays Basque, un sillage de gloire, il en est une qui demeurera rivée à jamais à notre souvenir. C’est surtout ceci qu'elle aura fait surgir en maintes de nos provinces un renouveau surprenant d’anciennes traditions mariales qui semblaient être tombées dans l'oubli peu à peu.



religion catholique vierge
VIERGE NOTRE-DAME DE BOULOGNE



C'est à l'une de ces résurrections, locales sans doute, mais extrêmement anciennes, que vient de donner lieu le passage triomphal de Notre-Dame dans un des coins les plus reculés du Pays Basque. Il semblerait vraiment que la Vierge nautonière, dans sa longue randonnée à travers toute la France, ait pris à coeur de rechercher elle-même tels de nos anciens buts de pèlerinages surannés, pour les remettre en honneur et les faire revivre aux yeux de la chrétienté ! Tantôt, elle s’est bornée à rallier sous son égide des traditions encore prospères ; tantôt elle a ressuscité un nouveau courant de ferveur autour des antiques dévotions à Marie, presque tombées en désuétude. Ce fut le cas, notamment, de "Notre-Dame de Sauguis".



Sauguis n'est, aujourd'hui, qu'un petit village de quelque 30 à 40 feux, situé un peu en retrait de la route départementale de Mauléon à Oloron. Cinq ermitages haut perchés - Saint-Antoine, Saint-Grégoire, Sainte-Barbe, Sainte-Marie-Madeleine et Saint-Joseph - pointillent de leurs façades étincelantes tout le pourtour de la vallée, qui, sur la droite, s'évade par des sentiers de chèvres, vers la frontière d'Espagne. La chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, sur le plus haut de ces pitons, marque le point d'où l'on dévale rapidement sur l'église de Sauguis, blottie tout en bas, dans ses noyers, au bord de son gave clair.



religion soule chapelle pays basque autrefois
CHAPELLE SAINT ANTOINE LARRAU
PAYS BASQUE D'ANTAN



Sauguis n'aurait point d'histoire s'il n'avait été, au XVIème siècle, le théâtre d'un long et sinistre épisode - la Réforme, - qui jeta dans tout le Béarn et le Pays Basque un sillage de sang et d'horreur. C'est là, en effet, que Jeanne d'Albret, reine de Navarre - cette reine dont un de nos évêques d'Aire, Mgr Epivent, a dit que nous devrions exécrer sa mémoire si nous pouvions oublier qu'elle fut la mère d'un des plus aimés de nos rois, - déchaîna une violente persécution contre les catholiques basques et béarnais. Cette jeune mère qui, encore catholique, avait accueilli la naissance de son nouveau-né, Henri IV, au chant d'une centilène de pure saveur béarnaise :

Nouste-Dame dél cap déu pount adjuvad-me ad'aqueste hore... (Notre-Dame du bout du pont, secourez-moi en pareille heure !)...


Mais qui nous dit - hasarderons-nous - que Dieu n'a pas fait miséricorde à la malheureuse souveraine précisément par égard pour cette pieuse invocation qui est restée dans toutes les mémoires : "Nouste-Dame... adjuvad-me !..."



Toujours est-il que plusieurs grandes familles de la Soule, abandonnant la religion traditionnelle, passèrent à la Réforme. Notre pauvre petit village de Sauguis fut, un moment, séduit... On connaît le dicton qui a encore cours dans la contrée "Zulgiztarrak higuinau ! Les gens de Sauguis sont huguenots !" Hâtons-nous d'ajouter que la crise fut passagère. Si, à ce moment, nombre d'églises et de statues de la Mère de Dieu furent profanées par les sectaires, la réaction fut également vigoureuse.



Peu à peu, prêtres et fidèles, égarés par les intrigues et les machinations de la reine Jeanne, finirent par retourner à la vraie foi. Il ne reste plus maintenant, à Sauguis, un seul adepte de la secte dont elle s'était faite l'âme.



C'est, sans aucun doute, de cette trouble période que nous est resté un souvenir très authentique : celui de cette antique Vierge en bois de tilleul d'une seule pièce, qui a été exhumée récemment d'un trop long oubli et que les Bayonnais entendirent nommer, pour la première fois, le 8 décembre dernier : "Notre-Dame de Sauguis".



Cette statue, durant toute notre enfance, nous l'avons vue trôner dans une niche ouverte à tous les vents, sur la façade extérieure de l'église s'ouvrant sur le cimetière et sur la rue. Selon toutes probabilités, cette Madone avait dû précéder sur notre ancien autel la Notre-Dame des Victoires, beaucoup plus récente, que nous honorons actuellement dans notre chapelle de la Vierge. Longtemps aussi, cette Vierge au regard énigmatique et figé nous avait intrigué par son archaïsme et sa vétusté, mais nous ignorions, à ce moment, son mérite et sa valeur ; quand, plus tard, la niche où s'érigeait toujours la mystérieuse icone fut aveuglée, on la remisa dans un grenier du presbytère. C'est là qu'en l'examinant de plus près, nous nous sommes rendu compte que, par son antiquité, par la pureté de ses lignes et par sa grâce, elle tranchait nettement sur toutes les autres créations similaires. C'est là surtout que nous avons commencé à l'entourer de notre vénération.



La Vierge de Sauguis, vue ainsi de près, nous apparut comme une oeuvre délicieusement française, pleine de naïveté. Visiblement, elle remontait au 16ème siècle. C'était une Notre-Dame si jeune et si enfant qu'elle en paraissait toute frêle ! Haute de 1 m. 20, extrêmement élancée, avec des traits, infiniment réguliers, elle accusait toute la préciosité du Siglo de Oro. Par la forme même de son habillement, par des traces encore très nettes de dorure ancienne et de décorations polychromées, par les plis de la robe agrafée à deux noeuds bouffant sur les deux épaules, enfin par le manteau relevé en sautoir sur la hanche, il était aisé de dater le petit chef-d'oeuvre. Un léger bandeau entourant les cheveux partagés sur le front était rattaché à la nuque au moyen d'un chignon d'une rusticité amusante. Sans doute, avait-elle dû passer au cours des âges par quelques retouches dont la trace la plus ancienne - et !... plus charmante - avait été le vermillon très accusé des lèvres rouges aux commissures de la bouche ! La Dame avait le nez droit, presque rectiligne, elle avait dû être couverte, primitivement, d'un enduit carminé qui était en partie tombé. Quant au "Petit Jésus", qui était, lui, un gros poupon arc-bouté contre le sein de sa Mère, il faisait paisiblement son "grand Arsène", de ses jambes largement croisées ; et la Vierge le tenait gracieusement par l'extrême petit bout du doigt du pied !"



A suivre...



(Source : https://www.pelerinagendboulogne.org/histoire.html)



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