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jeudi 4 septembre 2025

LE GAZ ET LE CHARBON À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1918 (sixième partie)


LA RÉGIE DU GAZ À BAYONNE ET À BIARRITZ EN 1918.


C'est à partir de 1844 que la société du gaz, avec des actionnaires lyonnais, fournit l'éclairage public de la ville de Bayonne.



pays basque autrefois économie gaz labourd
ATTENTION AU BEC DE GAZ BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans 

plusieurs éditions :



  • le 12 juillet 1918, sous la plume d'E. Seitz (suite) :

"Bayonne.

L'exploitation du gaz en régie.

Un rapport de M. Garat.



A la dernière séance du Conseil municipal de Bayonne, M. Garat, maire de Bayonne a lu le rapport suivant sur l'exploitation du gaz en régie :


"Quand la ville a pris l'exploitation du gaz en régie, elle y fut contrainte par la défection de la Compagnie qui, le 18 septembre 1916, abandonna la fabrication.



Interprétant mal l'arrêt du Conseil d'Etat du 30 mars 1916, dans le procès concernant la ville de Bordeaux, elle crut pouvoir nous imposer ses exigences sans discussion et n'attendant pas l'arrêté du Conseil de préfecture de Pau devant lequel elle nous avait assigné, elle cessa arbitrairement de remplir ses engagements en arrêtant brusquement son exploitation.



Les décisions de justice et l'opinion impartiale ont depuis longtemps apprécié la conduite de cette Société financière qui après avoir pendant presque un siècle amassé une grosse fortune avec les deniers des petits abonnés, n'hésitait pas à laisser 5 000 foyers modestes sans gaz, c'est-à-dire sans éclairage et sans combustible, au seuil du cruel hiver de 1916-1917. Nous n'insisterons pas sur le côté moral du conflit survenue entre la Ville et la Compagnie, par la faute de cette dernière. L'objet de ce rapport est l'exposé des comptes de l'exploitation en régie. Je me hâte de dire que le rendement contredit, non pas nos espérances, mais les alarmes des économistes qui, par principe, contestent à une municipalité toute faculté de direction d'un établissement industriel avec ordre et profit.



La Compagnie par l'intransigeance de son attitude, nous mettait dans l'obligation ou d'accepter ses exigences excessives formulées sur le ton comminatoire d'un ultimatum ou de laisser la ville sans lumière et sans combustible ou de prendre en mains une gestion que les professionnels du gaz déclaraient impossible !



Nous nous sommes arrêtés à ce dernier parti. Et ainsi nous avons pu établir la dose d'exagération que la Compagnie apportait dans ses calculs, tout au moins dans ceux qu'elle nous présentait et qui ne cadraient pas avec l'exactitude des comptes et la réalité de la situation relativement aux disponibilités de fonds et de combustible.



Le but poursuivi par la Compagnie n'était autre que de se prémunir par une élévation de prix du gaz contre le manque à gagner que la hausse des charbons lui permettait d'entrevoir. Et c'est ainsi qu'elle nous sommait de lui consentir une majoration excessive considérant le contrat passé avec la ville comme ne devant comporter que des profits pour elle et des obligations pour nous. 



pays basque autrefois économie gaz labourd
JETON COMPAGNIE DU GAZ BAYONNE
1849


Après une période d'essai de plusieurs mois, l'excédent des recettes sur les dépenses d'exploitation nous a permis une première fois de réduire le tarif du gaz et de le porter :


1. Pour l'ensemble des consommateurs de 0.35 à 0.26 le mètre cube ;

2. Pour les familles nombreuses, de 0.35 à 0.20 le mètre cube.



Cette tarification a été appliquée du 1er au 31 mai. J'ai soumis les comptes à votre commission plénière, il en ressort clairement que pendant un mois d'application du tarif réduit, l'exploitation du gaz en régie laisse encore un excédent de 15 865 fr. 89. Si nous multiplions ce chiffre par 12 mois, nous pouvons escompter un boni de 190 390 fr. 68 par an.



La ville n'a pas de motif de poursuivre l'accumulation de bénéfices au détriment des consommateurs. C'est le principal avantage de la régie que de se mieux prêter aux intérêts du public et de gérer sans la préoccupation exclusive de gros profits dont les Compagnies concessionnaires nous donnent trop souvent le spectacle. Nous avons donc pensé que nous devions réduire à nouveau le prix du gaz.



Je propose au Conseil Municipal de fixer le tarif applicable à partir du 1er août uniformément pour tous les consommateurs : au prix de 0 fr. 19 le mètre cube. C'était le chiffre d'avant la guerre ; c'est le chiffre qui aurait dû être maintenu si la Compagnie avait été aussi soucieuse de ses devoirs que de ses intérêts.



Nous vous proposons une diminution de prix qui sera appréciée dans les circonstances actuelles de cherté croissante de la vie et nous croyons la justifier par les considérations suivantes.



Si nous appliquons à la période écoulée du mois de mai le tarif réduit à 0.19, je trouve que le bénéfice de la gestion serait encore de 5 526 fr. 84 pour un mois, celui que nous réaliserons pour un an serait assez élevé pour nous donner tous apaisements et nous permettait de parer à toute dépense imprévue d'accident ou de sinistre. Ce raisonnement n'a que la valeur d'un calcul de probabilités, mais il suffit à nous tranquilliser pour la gestion future.



Nous ne devons pas oublier d'ailleurs que nous gardons sur notre gestion écoulée une réserve de plusieurs centaines de mille francs qui le moment voulu, et en s'augmentant du boni annuel même avec le tarif réduit pourra être employé à la réfection et à l'amélioration du matériel, des machines et des canalisations.


pays basque autrefois économie gaz labourd
JETON COMPAGNIE DU GAZ BAYONNE
1849


Il importe aussi de considérer que les conditions de distribution du charbon et de la péréquation des prix sont fort heureusement stabilisées et qu'il nous est possible désormais de compter sur la régularité des prix et des arrivages.



Avant de clore cet exposé, je voudrais vous présenter quelques remarques.



Le personnel de l'usine, sous la direction de la municipalité, s'efforce de donner du bon gaz aux abonnés. Nous ne négligeons rien dans ce but, mais encore la qualité du gaz varie-t-elle avec la qualité du charbon ; et suivant la catégorie du combustible reçu, la production laisse ou non à désirer.



Si ces temps-ci, la pression a été moins forte dans certains quartiers, cela tient aux difficultés éprouvées à se procurer les matières qui ont la faculté de décrasser les tuyaux. Nous cherchons à améliorer l'état de choses actuel. Nous y arriverons.



La pression n'est arrêtée à aucun moment. Nous ne pourrions le faire sans inconvénient grave puisque l'usine alimente des usines de guerre soumises à un travail continu de nuit comme de jour.



Tous les sous-produits sont utilisés et vendus. C'est grâce à beaucoup d'ordre, à une direction éclairée et ferme en la personne de M. Faure, que nous avons pu obtenir ces excellents résultats.



Le coke est destiné aux usines de guerre. J'ai cependant obtenu l'autorisation d'en attribuer une portion aux petites industries sans lesquelles la vie économique ne pourrait suivre son cours normal. Cette attribution de coke a encore comme résultat de diminuer et de faciliter la répartition du charbon qui, à aucun moment n'a été un sujet de plainte de la part de la population bayonnaise.



En terminant, je voudrais répondre à certaines objections qui ont été formulées sur la gestion de la ville.



On a dit : "dans vos comptes, vous ne faites pas figurer l'amortissement des immobilisations (usine, immeuble, matériel, machines, canalisation) utilisées dans l'entreprise ; c'est cette suppression qui explique que vous puissiez accuser de pareils résultats".



Je réponds : la ville s'est vue forcée de se substituer à la Compagnie défaillante pour assurer l'éclairage et le chauffage des habitants. Cette substitution n'est que la simple mise en application des articles 15 et 16 du cahier des charges sanctionnée par un arrêté du Conseil de préfecture. Donc la comptabilité de la ville ne saurait dépasser les bornes d'un simple compte de fabrication se traduisant pat recettes et dépenses. Dans ces dernières figurent bien tous les frais de réparation et d'entretien de tout le matériel mis en oeuvre pour la fabrication du gaz. Quant à l'amortissement proprement dit il n'intervient que pour déterminer la somme nette de bénéfices à distribuer au actionnaires. La ville n'a pas à s'en préoccuper.



Elle le doit d'autant moins que la Compagnie du gaz a débuté en 1844 au capital de 300 000 francs. Cette mise de fonds initiale a fructifié ; en 1915 les bénéfices atteignaient 9 millions 69 558 francs, par conséquent, le capital de début a été amorti 30 fois et une fraction : 0.23.



Que veut-on amortir encore ? Pouvons-nous faire entrer en ligne de compte les intérêts et des bénéfices composés et accumulés ?



Notre comptabilité est simple et exacte ; elle répond à la réalité. Elle suffit à démontrer l'imprudence de la Compagnie qui nous a permis, en nous laissant entrer dans la place, de prouver qu'elle exploitait le public. Elle a le mérite d'être sincère ; elle ne peut subir aucun truquage, car elle se poursuit dans la réglementation rigoureuse imposée à toute comptabilité publique sous le contrôle de l'administration supérieure et de la Cour des Comptes.



Toutes précautions sont prises pour l'entretien du matériel. Un ingénieur anglais, spécialiste distingué, a inspecté notre installation et nous a indiqué des améliorations que nous nous efforçons de réaliser. C'est ainsi qu'une dépense de 20 000 francs environ a été affectée à la reconstruction de fours. Nous persisterons dans cette voie essentiellement profitable aux consommateurs.



Je vous propose :


A. D'approuver les comptes d'exploitation présentés par le directeur, M. Faure, à la date du 1er juillet 1918 ;

B. De fixer le tarif du gaz à 0.19 à partir du 1er août 1918.


Le maire : J. Garat."



A suivre...





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