Voici ce que rapporta à son sujet le journal Le Figaro, sous la plume d'Em. B., le 22
Septembre 1908 :
"Pablo Sarasate.
Pablo Sarasate, un des "rois du violon", est mort hier, subitement à Biarritz.
VIOLONISTE PABLO DE SARASATE
Il était âgé de soixante-quatre ans ; mais l'allure était restée jeune ; et sous le retroussis de la moustache et l'arrangement de la chevelure bouclée — quoique moustache et cheveux fussent devenus tout blancs — la physionomie n'avait pas vieilli non plus. Avec cela, trapu, le teint coloré, des épaules solides, qui faisaient paraître, quand il jouait, son violon tout petit... Nous avions eu le grand plaisir de recevoir Sarasate au Figaro l'hiver dernier. Entre deux tournées triomphales, Sarasate venait volontiers prendre un peu de repos à Paris, et c'était une joie pour nous que de pouvoir, dans ces moments-là, nous emparer de lui et l'amener à l'un de ces five o'clock où il aimait à revenir, — sûr qu'il était de ne rencontrer parmi nous que des admirateurs et des amis. Et jamais nous ne l'avions trouvé su parfaitement en forme que ce jour-là.
Pablo Martin Meliton de Sarasate était en Espagne, à Pampelune, — où son corps sera ramené demain, — et avait fuit son éducation musicale au Conservatoire de Paris. Il y remportait, à l'âge de treize ans, son premier prix de violon. Il avait eu Allard pour professeur ; mais l'influence du maître ne semble pas avoir pu compter pour compter dans la carrière d'un virtuose qui entré au Conservatoire à onze ans et demi, y conquérait en 18 mois la plus haute des récompenses — et s'échappait, pour courir le monde !
VIOLONISTE DELPHIN ALARD
Il y avait donc 50 ans que Sarasate voyageait ; et l'on peut dire qu'il n'y pas dans le monde entier une grande scène de concert où il n'ait été vu et acclamé. Décoré comme un diplomate (car ce virtuose avait été reçu, admiré, choyé par tous les souverains de son temps), Sarasate portait avec une fierté particulière la rosette d'officier de la Légion d'honneur qui lui avait été récemment conférée et la grand'croix d'Isabelle la Catholique qui lui donnait le titre d'Excellence dans son pays. Il y jouissait d'ailleurs d'une extraordinaire popularité. Les Espagnols étaient fiers des applaudissements, des ovations que recueillait depuis un demi-siècle à travers le monde leur compatriote Sarasate, et ce sont des funérailles princières que Pampelune lui fera demain.
Il méritait cette popularité. Car peu d'artistes ont aussi passionnément aimé leur art et l'ont pratiqué avec un succès aussi continu et aussi éclatant. Sarasate possédait toutes les qualités du grand violoniste ; la vigueur et la souplesse, le plus sût mécanisme uni à une parfaite pureté de style, la distinction, le charme... Il était aussi compositeur aussi, à la façon des grands virtuoses. Je veux dire qu'il composait surtout pour lui, proposant en quelque sorte à son archet des difficultés à vaincre, et joyeux d'écrire la musique à travers laquelle il sentait pouvoir le mieux et le plus complètement s'exprimer lui-même.
VIOLONISTE PABLO DE SARASATE
C'est une jolie figure d'artiste qui disparaît."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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