LA MORT DE PABLO SARASATE.
Martin Meliton Pablo de Sarasate y Navascués est un violoniste et compositeur, né à Pampelune le 10 mars 1844, mort à Biarritz le 20 septembre 1908.
PABLO SARASATE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Menestrel, dans son édition du 26 septembre
1908, sous la plume d'Arthur Pougin :
"Sarasate.
C'était le 6 juillet 1890, lors des fêtes consacrées à Saint-Firmin, patron de la Navarre. En procession solennelle, accompagnés des massiers, des alguazils, des trompettes, des timbaliers et d'une musique militaire, l'Alcade, le Conseil communal et le Gouverneur de la province se rendirent chez leur compatriote Sarasate, à l'Hôtel de la Perle, situé sur la grande place. Ils l'amenèrent, lui faisant escorte, à travers des rues pavoisées et enguirlandées, jusqu'à une maison de la rue Saint-Nicolas, où l'Alcade enleva le voile qui couvrait une plaque de marbre portant en lettres d'or l'inscription que voici :
Dans cette maison naquit Pablo Sarasate, le 14 mars 1844. Cette plaque commémorative fut votée par le Conseil communal, le 28 juin 1890, en l'honneur de ce grand artiste, l'orgueil et la gloire de son pays.
Puis, après des roulements de tambour, des fanfares et des acclamations sans fin, l'alcade, prenant la parole, s'adressa en ces termes au héros de cette cérémonie :
Pampelune célèbre aujourd'hui un événement à la fois joyeux, touchant et patriotique. Notre illustre compatriote Pablo Sarasate reçoit en ce moment, de sa ville natale, l'accueil d'une mère justement enthousiasmée et fière des applaudissements universels, des ovations et des triomphes ininterrompus dont son fils est l'objet, et à qui elle offre ce témoignage de gratitude pour la gloire artistique qu'il répand sur elle. Il ne nous reste plus qu'à souhaiter une longue vie à ce génial artiste dont le nom demeurera toujours inséparable de celui de notre ville.
Très ému, comme on le pense, de l'hommage que lui rendaient ainsi ses compatriotes, Sarasate répondit d'une voix entrecoupée par des larmes de joie : "L'émotion profonde que j'éprouve en ce moment ne peut se traduire en paroles. Je ne puis que vous assurer de toute ma reconnaissance pour l'incomparable honneur que vous me faites, et vous redire encore que tous les battements de mon coeur vont à notre trinité patriotique : Pampelune, Navarre, Espagne !"
J'ai dit, et on le voit, que Sarasate était profondément patriote. Mais son amour pour l'Espagne n'enlevait rien à celui qu'il portait à la France, à qui il devait son éducation et ses premiers succès, et où il revenait toujours avec joie. Il avait coutume de dire : "La France est ma seconde patrie ; je l'aime autant que la première, et c'est en France que je veux terminer mes jour"». C'est en France, en effet, que le grand artiste vient de mourir. Nous avons, sur ses derniers jours, les détails donnés par un de ses amis, M. Charles Sarrus, qui s'exprime ainsi :
Le célèbre violoniste Pablo Sarasate est mort d'une bronchite aiguë dont il souffrait, depuis plusieurs mois. Le mat le minait sans altérer sa bonne humeur, qu'il conserva jusqu'au dernier moment. Mais son dépérissement physique inquiétait chaque jour davantage ses amis, impuissants à obtenir de lui qu'il consentît à se laisser soigner.
A son ami d'enfance, le docteur Blazy, qui l'y invitait avec une sollicitude pressante, il répliquait avec une pointe de scepticisme :
— A quoi bon ? Ce qui est doit être.
Il céda cependant aux instances de son ami. C'était hélas! trop tard, et toute la science du docteur Blazy et le traitement qu'il prescrivit, d'accord avec ses confrères les docteurs de Lostalot et Le Piez, ne purent que retarder le dénouement fatal.
Après quelques améliorations trompeuses, une crise plus violente que les autres se déclara et le maître s'éteignit doucement, entouré de ses amis, M. Goldschmidt, son imprésario dévoué, et Mme Berthe Marx-Goldschmidt, la pianiste de talent, qui avait partagé les triomphes de Sarasate dans tous les concerts qu'il avait donnés dans le monde entier, le docteur Blazy, et Charles, le fidèle serviteur qui soignait son maître avec un dévouement inlassable.
PIANISTE MME BERTE MARX GOLDSCHMIDT |
La colonie espagnole de Biarritz a été profondément attristée par la mort du grand artiste qui avait une réputation mondiale.
L'ancien sénateur Irasoqui, le jeune et déjà célèbre peintre Mesquita, M. Bordas, directeur du Conservatoire de Madrid, n'ont cessé de venir prendre des nouvelles de leur illustre ami.
Sarasate meurt au moment où il avait projeté d'entreprendre la publication d'un traité complet sur l'art du violon, qui aurait rendu de grands services aux artistes. Mais ses compositions musicales très nombreuses et sa longue et triomphale carrière peuvent suffire à sa gloire.
VIOLONISTE SARASATE |
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