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jeudi 29 octobre 2020

LE FILM "LE MARIAGE DE RAMUNTCHO" AU PAYS BASQUE EN 1947

"LE MARIAGE DE RAMUNTCHO" EN 1947.


Le Mariage de Ramuntcho est un film français de Max de Vaucorbeil, sorti en 1947. Il est considéré comme le premier film français en couleur.




pays basque autrefois cinéma
FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947

Voici ce que rapporta à son sujet le journal Gavroche, dans son édition du 17 avril 1947, sous la 

plume de Dominique Dorée :



"A Biarritz première mondiale du Mariage de Ramuntcho.


pays basque autrefois cinéma
FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947



Quand on est journaliste, on a toujours vingt ans. Le ton joyeux est de rigueur au cours des multiples cocktails, déjeuners, réceptions de presse qui festonnent la vie d’un chroniqueur de spectacles. Et le wagon spécial qui emportait vers Biarritz une bonne douzaine de confrères en liberté, ressemblait à ces trains de congressistes que l’on nous montre dans les films américains, menant une cargaison de maris en goguette, d’aventures en déboires.



Pour nous, l’aventure avait les couleurs du soleil. Et les conversations nocturnes, de sleeping en sleeping, en étaient irradiées à l’avance. Nous allions assister, en pays basque, à la première mondiale du Mariage de Ramuntcho. Ce pays basque, beaucoup d'entre nous ne l’avaient pas revu depuis la guerre, et lorsque s’encadrèrent dans les vitres de nos compartiments les premières maisons blanches aux toits plats, ce furent des hurlements d’enthousiasme.


pays basque autrefois cinéma
FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947




Quitter Paris et le lendemain ouvrir ses fenêtres sur une mer céruléenne, dressée, battue, soumise sans cesse aux caprices d’un vent qui la courbe vers les côtes blondes, c’est un spectacle exaltant.



Biarritz s’éventait au printemps, et rien n’était plus émouvant que ce paysage tout brillant encore des pluies de l’hiver, mettant à sécher au soleil, comme une écharpe verte, blanche et rouge, les teintes mêmes du pays basque.


pays basque autrefois cinéma
FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947


Ce chatoiement, ce chant bigarré. nous les retrouverons dans le Mariage de Ramuntcho, que nous présentent les Films de France. Entièrement réalisé en couleurs, ce film fut une équipée à bien des points de vue. L’absence de moyens techniques, les difficultés matérielles, l’obligation de tout créer, de tout inventer à mesure que les besoins s’en imposaient, firent des producteurs de véritables artisans du moyen âge. Alors que les grandes nations du monde travaillent depuis des années à mettre au point les différents procédés de technicolor dont elles ont acheté les brevets, la France attend encore d’équiper ses studios et de former des techniciens. Face à l’Amérique, à la Russie, à l’Angleterre, nous n’avons rien que la bonne volonté de quelques hommes qui, privés de tous appuis officiels, se sont lancés comme des pionniers au-devant des pires rebuffades. Après un an d’efforts, voici Le Mariage de Ramuntcho qu’il faudra moins juger comme un film peut-être que comme une performance exceptionnelle. Le public verra se dérouler une belle histoire d’amour, tissée d’or et de lune, sans se rendre compte de ce qu’il aura fallu d’énergie, de désespoirs et d’acharnement pour la réaliser.



Tout de suite, il faut dire que c’est une réussite bien supérieure à celle des Américains, dont les procédés fixent des teintes si violentes qu’elles en provoquent l’écœurement. Il y a une grâce réelle sur les images du Mariage de Ramuntcho, une lumière fluide qui se répand avec une égale douceur sur les enchantements du jour et les sortilèges de la nuit. Mais il appartiendra à la critique d’analyser tout ceci au montent de la sortie du Mariage de Ramuntcho.


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FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947



Pour fêter ce film à la gloire du pays basque, Biarritz s’était mise en robe de gala. Au Casino, les invités entraient aux sons du fifre et du tambourin, entre une double haie de jeunes gens et jeunes filles en costume régional. On allait les reconnaître quelques instants plus tard, au cours de la projection, et de tous les coins de la salle fusaient les rires des retrouvailles :


— Oh, tiens, c’est moi ! Quelle drôle de tête !


— Et là ! Tu te rappelles ce qu’on a eu chaud ?



Le groupe d’art basque Oldarra, les danseurs de Bidarray, la chorale basque de Paris ont permis au film d’exploiter l’un des folklores les plus riches de la France et de donner un sens particulier à une petite amourette comme il y en a sous tous les ciels au monde. La grande fraîcheur de ces chants, les pittoresques traditions imposant aux danses paysannes des figures qui remontent aux coutumes les plus anciennes, sont l’attrait de notre pays. C’est cela que les étrangers viennent chercher sur notre sol. On le vit bien l’année dernière, au Festival de Cannes, où les journées régionales apparurent aux yeux des journalistes étrangers comme les instants fugaces d’un rêve.



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FILM LE MARIAGE DE RAMUNTCHO 1947





Au souper, suivi de bal, qui clôtura cette journée de fête, André Dassary, vedette masculine du film, chanta sur la prière des nombreux amis qu’il avait dans la salle. Trois cent cinquante personnes, dans un ruissellement de lumières, de cristaux et de dentelles, étaient venues là pour que Biarritz, la saison à peine ouverte, retrouvât le rythme des splendeurs d'avant-guerre.



Mais, pailletée d’écume, dénouant sa chevelure d'émeraude, faisant des pointes sur le sable encore tiède, la mer, follement, dansait pour le plaisir, et ce sabbat lunaire, glacé d’ombres singulières, était bien ce qu’il y avait de plus beau."




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