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mardi 27 octobre 2020

FAITS DIVERS ET VIOLENCE EN PAYS BASQUE NORD EN DÉCEMBRE 1833

VIOLENCE AU PAYS BASQUE EN 1833.



Dans les années 1830, il y a de nombreuses scènes de violence en Pays Basque Nord.



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JEUNE HOMME BASQUE AVEC MAKILA 1828
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Temps, dans son édition du 31 décembre 1833 :



"Scènes de violence dans le Pays Basque. (Extrait du Mémorial des Pyrénées.) 



On nous écrit du Pays Basque : 

Les méfaits se succèdent avec une affligeante rapidité depuis environ un mois dans l’arrondissement de Saint-Palais. Notre plume se lasse à retracer tant de scènes de violences où le sang est versé sans provocation, la mort donnée de gaieté de cœur ; et dans la crainte que les étrangers ne prennent une fausse idée d’un pays dans lequel se commettent tant d’attentats, et dont les habitants, cependant, lorsqu’ils ne se trouvent point sous l’empire de quelque passion, sont bons, francs et hospitaliers, nous serions presque tentés de renoncer à la tâche pénible que nous avons remplie jusqu’ici. Le désir seul de provoquer par la publicité des mesures répressives peut nous engager à surmonter cette répugnance.



Un bouvier d’Ilharre se retirait avec un tambour du 19e de ligne, le 17de ce mois, au soir, du marché de Garris. Couchés l’un et l’autre clans une charrette, dont la direction était abandonnée à l’instinct des bœufs qui servaient d’attelage, ils cuvaient paisiblement les nombreuses rasades qu’ils avaient vidées durant la journée. Déjà ils avaient traversé sans malencontre une partie de la ville, lorsqu’arrivés près de la maison du percepteur, le bouvier, sans doute par une réminiscence confuse d'une querelle qui avait eu lieu la quinzaine précédente entre des jeunes viens d’Ilharre et de Garris, se mit à crier d’une voix enrouée: Biva Ilhartarrac ! (Vivent les Ilharriens !). Presque au même instant, deux individus s'approchèrent du char, demandent aux deux ivrognes ce qu’ils ont à causer ensemble, et sans laisser au bouvier qui s'était soulevé le temps de répondre, lui assènent sur la tête deux coups de bâton qui le renversent. Vainement le tambour s'est-il élancé du char, il doit bientôt renoncer à la poursuite des assaillants qui, effrayés probablement du mal qu'ils avaient fait, avaient déjà disparu. Il était plus de minuit lorsque l’attelage rentra à Ilharre. Le tambour, dont les idées n’étaient pas encore probablement bien lucides, abandonna son camarade et descendit machinalement à son domicile. Le bouvier, tout ensanglanté, avait perdu le souvenir de ce qui s’était passé, et répondit aux questions de sa famille alarmée qu’il avait probablement été blessé par suite des cahots de la charrette. Huit jours après il était mort !


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JEUNE HOMME BASQUE 1828
PAYS BASQUE D'ANTAN




Le même soir une jeune fille de Béguios fut également arrêtée par deux jeunes gens qui ne s’éloignèrent qu’après lui avoir asséné sur le visage un coup de bâton qui la renversa et lui brisa plusieurs dents.



Un jeune homme avait été trouvé expirant, frappé de plusieurs coups, sur le territoire de la commune de Saint-Jean-le-Vieux, sans qu’on ait pu parvenir à découvrir quel mobile dirigea le bras du meurtrier.



Des scènes d’une nature non moins grave ont eu lieu le 20 décembre à la suite du marché de Saint-Palais. Un garde forestier d’Orègue, nommé Larralde, a été assailli par deux individus qui l’ont frappé à coups redoublés et l’ont laissé baigné dans son sang. Entièrement pris de vin au moment où il a été attaqué, le malheureux Larralde n’a pas pu faire connaître les malfaiteurs qui l’ont assailli, à ce qu’il parait, sans d'autres motifs que le désir de frapper. Les blessures qu’il a reçues à la tète paraissent avoir été faites au moyen du bâton ferré, arme terrible dans les mains du Basque. On ignore encore si on pourra le sauver.


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JEUNE HOMME BASQUE 1828
PAYS BASQUE D'ANTAN




Presqu’à la même heure, un vol à main armée et à l’aide de violence était commis le même soir sur le territoire de la commune de Beyrie. La bourse ou la vie, avaient crié trois individus à un cultivateur d’Armendarits qui, après avoir terminé quelques affaires, revenait paisiblement chez lui. Saisi de frayeur à cette interpellation terrible, le paysan voulut fuir, mais un coup de bâton le renverse ; un genou est aussitôt appuyé sur sa poitrine, et on lui crie encore "la bourse ou la vie ! — Je n' ai que trente francs, s’écrie le pauvre paysan d’une voix tremblante, vous pouvez, les prendre, mais par pitié laissez-moi vingt sous afin qu’il me reste du moins quelque chose pour acheter du pain à mes enfants !— En voila quarante, dit l’un des brigands, va-t’en !" Presqu’au même instant un autre cultivateur d’Armendarits vint a passer, il est salué de la même interpellation, fait mine de vouloir se défendre, et est aussitôt renversé par les brigands qui le frappent à coups redoublés, malgré ses cris plaintifs, et ne cessent de l’excéder que pour lui déclarer que s’il ne leur livre pas tout son argent, il est mort. Obligé de s’exécuter, l'habitant d’Armendarits offre 10 fr., et s’excuse de n’avoir pas davantage. Les brigands s’irritent de ne trouver qu’une somme aussi modique, ils portent de nouveaux coups à l'habitant d’Armendarits, le fouillent, et par un sentiment difficile à expliquer, après s’être assurés qu’il n’avait pas au-delà de ce qu’il avait offert, lui laissent 50 centimes. Cependant, le premier paysan dépouillé était revenu sur ses pas, aux cris plaintifs poussés par son voisin, dont il avait reconnu la voix et se disposait à lui porter du secours ; mais un des brigands vint à sa rencontre, le pistolet au poing, et l’obligea à revenir sur ses pas en lui déclarant que s’il ne s’éloignait pas c’en était fait de lui. Assis sur le bord du chemin, les malfaiteurs attendaient de nouvelles proies, lorsque des voix nombreuses annoncèrent l’arrivée de plusieurs personnes et les déterminèrent à prendre la fuite. Ces personnes étaient également d’Armendarits. Elles recueillirent celui de leur camarade qu'elles trouvèrent gisant à terre et baigné dans son sang, et le transportèrent dans une maison voisine. Tout porte à espérer, dit-on, que les blessures de cet individu, quoique nombreuses, seront promptement guéries.



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JEUNE FEMME BASQUE AVEC CRUCHE 1828
PAYS BASQUE D'ANTAN



La justice informe sur ces méfaits. Puissent ses investigations n’être pas encore infructueuses. Puisse surtout un arrêté émané de l’administration supérieure, rappeler aux habitants des campagnes les dispositions législatives qui prohibent le port de ces bâtons ferrés de néflier, massues terribles dont les coups rompent les membres et fracassent les crânes, arme non moins terrible entre les mains du Basque qu’un stylet entre les mains du Corse ou dans celle de l’Espagnol un poignard ! Que si on demande quels moyens seraient d’ailleurs en outre de celui que nous venons d’indiquer, propres à prévenir la répétition affligeante des nombreux attentats qui se commettent dans le pays Basque, nous répondrons franchement, nous ne savons ; sans doute, il dépendra de l'instruction d’adoucir les mœurs et d’engager les individus à se reposer sur la justice du soin de venger leurs injures, mais l’influence bienfaisante de ce grand moyen de la civilisation ne pourra se faire sentir qu'à la longue, et d'ailleurs on ne doit pas se dissimuler que l’instruction ne fut impuissante dans la plupart des cas. Presque tous les crimes qui se commettent dans le pays basque sont le résultat du premier mouvement de quelque passion violente ; il en est peu que la préméditation accompagne. L'homme qui sait lire et écrire, le propriétaire aisé et laborieux s’enivre tout aussi bien que le pauvre diable qui ne fréquenta jamais l’école primaire, et c’est surtout dans l’ivresse que le Basque est terrible. Singulier pays, où l’ivresse est une véritable frénésie et ou cependant il est bien peu de paysans qui se retirent d’un marché sans être tout à fait pris de vin, ou il est presqu’aussi commun de voir donner un coup de bâton sans provocation, qu’ailleurs d’entendre de propos délibéré, débiter des injures, et où néanmoins les actions portées devant le tribunal correctionnel à la requête des parties civiles pour excès sont tellement rares, qu’on en compte à peine une ou deux tous les trois mois ; où le ministère public, lorsqu'il veut prendre l'initiative, a de la peine à trouver des témoins des faits qui se sont passés en présence d’une population entière, et où bien souvent les blessés eux-mêmes refusent par un singulier sentiment de générosité, de faire connaître les malfaiteurs qui les ont frappés.— Singulier pays que celui où la contrebande est considérée comme l'action la plus licite et un douanier comme un homme tellement en dehors de la loi que, pour se disculper d’avoir asséné plusieurs coups de bâton de propos délibéré à un passant, un prévenu s’écria dernièrement devant le tribunal de police correctionnelle de Saint-Palais : Que voulez-vous, M. le président, j'ai pris cet homme pour un douanier !..."



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