ANTOINE D'ABBADIE.
Antoine Thomson d'Abbadie d'Arrast, né le 3 janvier 1810 à Dublin et mort le 19 mars 1897 à Paris, est un savant et voyageur français.
ANTOINE D'ABABDIE |
Voici ce que rapporta à son sujet le journal Les Contemporains, dans son édition du 1/01/1911 :
"Antoine d'Abbadie, Explorateur (1810-1897) :
III. Mission au Brésil. Coup d’œil sur l’Ethiopie.
Son frère Arnauld, plus jeune que lui de cinq ans, et sur les études duquel il avait exercé un incessant contrôle, était prêt à l’accompagner. Tous deux se disposaient à se rendre en Ethiopie, quand Arago, qui portait à Antoine un vif intérêt, vint ajourner ce projet en lui faisant confier par l'Académie des sciences une mission au Brésil.
ARNAULD MICHEL D'ABBADIE D'ARRAST |
C’était en 1836. A cette époque, sous l’impulsion d’Arago, de Humboldt et de Gauss, les physiciens venaient d’entreprendre avec ardeur l’étude systématique des lois complexes qui gouvernent les variations du magnétisme terrestre. Arago, que la question passionnait et qui n’a pas fait pour son compte, dans ce domaine moins de 50 000 observations, pria Antoine d’Abbadie d'élucider expérimentalement une intéressante question relative à la variation quotidienne de l’aiguille aimantée : question qui tenait les savants en suspens.
Dans l’hémisphère Nord du globe terrestre, la pointe d’une aiguille aimantée horizontalement dirigée vers le Nord s’incline progressivement vers l’Ouest depuis 8 heures du matin jusqu’à 1 heure de l’après-midi, pour rétrograder ensuite vers l'Est, avec plus ou moins de régularité, jusqu’au lendemain matin. Dans l’hémisphère Sud, la pointe de l’aiguille a un mouvement d’égale amplitude et d’égale durée, mais de sens exactement contraire. Arago désirait savoir comment s’opère le mouvement dans la région voisine de la ligne de démarcation des deux hémisphères.
Abbadie accepta la mission. Il s’embarqua à Lorient sur la frégate de l’Etat l’Andromède, désignée pour aller occuper la station des mers du Sud, après avoir transféré de Rio de Janeiro à l’Amérique du Nord l’ambassadeur Pontois, qui venait de recevoir ce changement de destination.
Débarqué en Amérique, Abbadie, fidèle au programme tracé par Arago, se rendit pour ses observations magnétiques à Olinda, ville du Brésil située sur l’océan Atlantique, à une altitude de 33 mètres, par 8°1’ environ de latitude Sud. Il y demeure plus de deux mois et recueillit 2 000 observations, grâce auxquelles il put dégager cette loi que, dans les régions voisines de l’Equateur, le mouvement de l’aiguille aimantée est celui de l’hémisphère austral tant que le soleil culmine au sud du zénith, et qu’il revêt l’allure qu’il a normalement dans l’hémisphère boréal peu après le jour où le soleil vient culminer au nord du zénith.
Sa mission en Amérique remplie, Abbadie se hâta de rejoindre au Caire son frère Arnauld qui l’y attendait pour pénétrer avec lui dans l’Ethiopie.
CARTE D'ETHIOPIE 1665 |
L’Ethiopie, un des plus pittoresques et plus intéressants pays du globe, est constituée par un massif de terrains primitifs ou volcaniques d’une altitude moyenne de 2 400 mètres. Vers la mer Rouge, ce massif est bordé nettement par une crête rectiligne qui, sur les anciennes cartes, était désignée sous le nom de Spina mundi, "arête du monde" ; elle se développe sur une longueur de 1 000 kilomètres et domine l’étroite bande de plaines qui forme le rivage de la mer.
Lorsqu’on aborde l’Abyssinie par Massaoulai, qui est un des points les plus chauds de la terre, on se trouve au milieu de plaines désertiques habitées par des lions, des panthères et des voleurs, devant des pentes escarpées où le meilleur cavalier doit mettre pied à terre. Ces pentes gravies, le voyageur arrive en face d’un plateau ondulé, qui s’étend de tous côtés à perte de vue, couvert de grands arbres semblables à nos cèdres, et dont le feuillage est sans cesse agité par des brises rafraîchissantes.
CARTE D'ETHIOPIE 1665 |
Ce plateau, constitué par des gravités, des schistes cristallins, des dépôts volcaniques, s’abaisse insensiblement vers la vallée du Nil Blanc ; il est coupé d’une multitude de précipices au fond desquels coulent des rivières torrentueuses, aux bords malsains et infestés de crocodiles, et qui s’enflent à ce point pendant toute la saison des pluies qu’il devient alors impossible de les traverser, de telle manière qu’au lieu de favoriser les communications, ces rivières isolent au contraire les territoires les plus voisins pendant une bonne partie de l’année.
Çà et là se dressent des monts forts ou ambas, sortes de tours portées sur des colonnes verticales de basalte, parfois d’une très grande élévation : ainsi, le Tsad amba ou "forteresse blanche", qui atteint 1 200 mètres de hauteur. Ces amblas servent de prison ou de forteresse, ou encore se couronnent de monastères. Dans les dépressions du plateau, les eaux s’accumulent en nappes plus ou moins vastes ; la plus grande de ces nappes est le lac Tana, situé à l’altitude de 1 800 mètres, et que traverse le Haut-Nil Bleu.
C'est sur les bords du Tana que s’étaient concentrées depuis deux siècles les richesses matérielles et intellectuelles, et la civilisation propre de l’Ethiopie. Immédiatement sur ses rives est bâtie Koarata : plus loin, vers le Nord, sur un éperon de la montagne, est la ville de Gondar, résidence des anciens empereurs, capitale religieuse de l'Ethiopie. Ruinée maintenant par Théodoros, elle comptait encore, an commencement du XIXe siècle, 8 000 habitants et 17 églises.
Défendue contre les invasions par les inaccessibles escarpements et les malsains déserts qui forment ses frontières, l’Ethiopie a pu conserver sa foi chrétienne, non toutefois sans les altérations du rite eutychéen, entaché de pratiques musulmanes et juives. Mais la paix et la concorde n’y ont jamais régné ; le morcellement géologique de son territoire a entraîné une division parallèle de ses habitants, et sans trêve elle a été déchirée par les guerres civiles, dont l'enchaînement constitue la trame essentielle de son histoire."
CARTE ANCIENNE DE L'ETHIOPIE |
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