ERNEST FOURNEAU UN SAVANT DU PAYS BASQUE.
Ernest Fourneau, né le 4 octobre 1872 à Biarritz et mort le 5 août 1949 à Ascain, est un chimiste et pharmacologue français, fondateur de la chimie thérapeutique française.
Voici ce que rapporta à son sujet le journal L'Echo d'Alger, le 27 mars 1924, sous la plume de
François Peyrey :
"Une autre grande découverte.
Grâce au Professeur Fourneau chacun peut tuer désormais le terrible tréponème pâle.
"Je pense que tout publiciste soucieux de sa tâche doit faire connaître et faire comprendre cette découverte vraiment scientifique. C'est au public qu'il convient de parler, car c'est lui qui est appelé à faire sa prophylaxie.
Dr Maurice De Fleury (de l'Académie de Médecine)"
Le conseil du docteur Maurice de Fleury - l'épigraphe de cet article — me décide à vous parler d'une récente, d'une immense découverte du professeur Ernest Fourneau. Le sujet est fort délicat. Toutefois, si dans ce journal nous observons lé respect dû au lecteur, nous pensons que personne n'exige de notre part une pudibonderie ridicule de quaker (prononcez ! couacre). Au reste, la question intéresse l'humanité au premier chef. L'humanité avait jadis trois ennemis : la lèpre, la peste, le choléra. Elle les a chassés, mais trois autres ont repris l'assaut : la tuberculose, le cancer et le tréponème pâle, celui-ci provoquant la... J'hésite — je n'ai pourtant rien du couacre — à écrire un mot cependant charmant par son allitération, sa douceur si trompeuse. Ignorerait-on sa signification, on le pourrait prendre pour le nom d'une belle fille grecque, d'une amie de Nausicaa. Mais le mot vaut mieux que la chose.
On redoute beaucoup, depuis Christophe Colomb et François 1er, cette chose importée d'Amérique, et l'on s'expose pourtant à ce fléau avec une incroyable légèreté. Les médecins lui ont donné un euphémisme : Sigma. Poison de nos villes et même de nos campagnes depuis la grande guerre, Sigma est le principal responsable de la mortalité infantile, complique dangereusement les maladies chez les intoxiqués, détermine prématurément la mort par les accidents tertiaires, ou, perspective encore plus effrayante, l'ataxie locomotrice et la paralysie générale progressive.
Sigma provient du tréponème pâle ou spirochète. Voulez-vous que je vous présente l'infiniment petit qui a raison de l'être le plus robuste, l'abat, le rend lui-même redoutable?
Pour apercevoir le tréponème pâle, nous emploierons un ultramicroscope. Alors nous distinguerons l'affreux microbe rappelant par sa forme une vrille de vigne, de dix à douze tours de spire, mesurant, ai l'on peut dire, une dizaine de millièmes de millimètres de longueur pour un demi-millième de millimètre d'épaisseur. Il se meut en tournant autour de son axe, à la manière d'une vis. Très fragile, de vitalité médiocre, si fraichement déposé à la surface d'un organisme vivant, il acquiert une puissance monstrueuse aussitôt faufilé, dans les profondeurs du corps. L'ennemi dans la place, muqueuses, cerveau, moëlle épinière, bulbe rachidien sont perdus !
SYPHILIS |
Pour devenir la proie de cet ennemi aux aguets — il n'admet pas d'armistice ; ne fait point quartier — il n'a fallu à sa victime qu'une distraction de quelques minutes.
Depuis l'apparition de Sigma, les savants ont cherché la prophylaxie du mal tréponémique. Vous avez peut-être entendu parler des travaux de la science allemande : Schaudinn a découvert le spirille ; Wassermann, la réaction révélatrice ; Erlich, l'arsénobenzol. Or, le docteur Ernest Fourneau, professeur à l'Institut Pasteur, a fait beaucoup mieux. Nous lui devons l'acide acétyloxyaminophénylarsinique.
Ce néologisme créé par la langue des chimistes étant assez encombrant, le professeur Fourneau a rebaptisé sa découverte : Stovarsol ou, plus simplement encore, 190. En anglais, Stove signifie fourneau. Le professeur Fourneau a coutume de désigner ses découvertes d'après la traduction de son nom. On lui doit déjà la Stovaïne.
Le Stovarsol n'est point toxique. Il se prend en pilules ou en comprimés de 0 gr.25. Au lendemain d'une rencontre aventureuse ressent-on quelque remords ? On absorbe tout bonnement, à jeun, quatre comprimés, et l'on répète cette dose pendant quatre ou cinq jours de suite. (Après la première dose, consulter le médecin habituel, mais ne pas hésiter à prendre d'autorité les pilules initiales).
STOVARSOL |
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