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lundi 12 octobre 2020

LE MAKHILA (OU MAKILA) AU PAYS BASQUE EN 1923 (première partie)

 LE MAKHILA AU PAYS BASQUE.


Le Makila est l'outil (l'instrument) inséparable du Basque, lorsqu'il se rend aux foires et aux marchés en ce début de 20ème Siècle.


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BASQUE AVEC MAKILA



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 4/05/1923 :



"Le Makhila Par M. le Chanoine Daranatz.



Le bâton de route du Basque. 



On n'imagine guère le Basque, allant au marché ou à une partie de pelote, sans sa ceinture rouge, sans un makhila à la main. Au Labourd, à vrai dire, ce double usage fut jadis plus en faveur qu’à présent. Mais le makhila reste toujours le compagnon de route obligé du Souletin et du Bas-Navarrais. 


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VIEIL HOMME AVEC MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cet ami fidèle, le Basque le garde chez lui, accroché à la boiserie de sa grande pendule ou, mieux encore, derrière la porte de sa chambre. 



D'où vient l'appellation de makhila ? Pour quoi l'a-t-on choisie ? 



Le terme de makhila pourrait avoir des origines vénérables par sa très haute antiquité si, comme l’affirment d’aucuns, il provenait de la langue syriaque. L’on sait que les ancêtres des Basques, les Ibères, ont été de longs siècles en Espagne, en contact avec les Phéniciens. Et les Phéniciens parlaient le syriaque. Or, en syriaque, le mot makhel siginifie battre, frapper. Rien de plus naturel que les Ibères aient baptisé le bâton du nom de makhil, makhila, ce qui frappe ou aide à battre. 



Dans ses Analogies de l'Etrusque avec le Basque (Paris, Leroux, 1918, p. 41), M. F. Butavand donne au makhila comme analogies sémitiques : makhel, en hébreu, mokh'alat en arabe. 


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LIVRE ANALOGIES DE L'ETRUSQUE AVEC LE BASQUE
F BUTAVAND



Pour Van Eys, le mot de makhila vient du latin baculum, bâton. 



Mais Schuchardt, avec plus de raison encore, retrouve dans le makhila le bacilum, qui, à l'époque de César, se prononçait bakillu et signifiait aussi un bâton. La transformation du b initial en m est, d’après les linguistes, tout à normale ; plus naturel encore le changement en a de la syllabe inaccentuée en u



Quoi qu’il en soit de son sens étymologique, le makhila désigne un bâton de bois de néflier, élégant et redoutable à la fois, ouvragé avec le plus grand soin, comme nous allons le voir. 


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JEUNES HOMMES BASQUES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Bois souple, effilé, noueux et résistant, le néflier abonde sur les flancs de nos Pyrénées. Mais, pour le transformer en makhila, une longue préparation s’impose. 



Les fines arabesques, si remarquables par leur relief, leurs contours variés, et qui constituent pour l’étranger un très vif sujet d’admiration, proviennent de piqûres au couteau, artistiquement ménagées sur le bois de néflier deux ans avant sa coupe. 



Après cette première opération, on entoure de linge la tige de néflier, pour empêcher la pluie de pénétrer dans les incisions. A la sève montante de continuer ensuite l’œuvre, en donnant du relief à tous les dessin gravés à la pointe du couteau ; des boursouflures se produisent naturellement aux endroits piqués. 

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PAYSAN BASQUE AVEC MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le néflier-nature est clair. Pour lui donner une couleur plus foncée, on le laisse, après sa coupe, environ sept à huit heures dans la chaux vive. Puis les tiges de néflier sont passées sur un brasier ardent ; elles en deviennent plus souples et plus faciles à redresser. Le bois peut dès lors être monté en makhila : finie la préparation éloignée. 



Voici comment la tige de néflier va se transformer en makhila. 



Le makhila se compose de deux parties distinctes, inférieure et supérieure, tige de néflier et poignée, s'emboîtant l’une dans l'autre, et présentant, toutes deux, un cachet original, absolument dissemblable. 



Examinons d'abord la partie inférieure ou tige de néflier proprement dite. Cette tige, ouvragée et colorée comme nous venons de le dire plus haut, rendue encore plus brillante par un frottement énergique à l’huile de noix, porte, à ses deux extrémités deux armes redoutables : en haut, un aiguillon ; en bas, une véritable massue. 



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MAKHILA
PAYS BASQUE D'ANTAN




L'aiguillon, pointe d'acier allongée, acérée, fait corps avec la tige. Il est solidement fixé ou mieux, planté dans le vif du makhila, dans la tige ; une virole conique dentelée, en cuivre, serre vigoureusement le col de cet aiguillon. 



Le bas de la tige s'engage dans un tube de cuivre, maillechort ; argent ou damasquiné, dentelé et conique, appelé douille. Sur cette douille, repoussée au marteau et plombée à l'intérieur, chaque fabricant grave volontiers, au gré de son savoir, de son imagination ou de ses intérêts personnels, quelques sentences ou proverbes basques, d'originales fioritures, ou bien sa signature, sa marque de fabrique. 



pays basque autrefois makila makhila
MAKILA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici des devises fréquemment apposées sur les makhilas : 



Orhoitzapena, souvenir ; quelquefois, dans le sens de la menace, souviens-t'en, gare ! 

Eskual-herriko orhoitzapena, souvenir du Pays Basque. 

Nere makhila, mon bâton. 

Hau da nere makhila, voici mon bâton. 

Emak hor, Puttil ! Vas-y donc mon brave ! 

Egun argitan har zazu urhea, andrea eta oihala, l'or, la femme et le linge, prenez-les en plein jour. 

Bururik ez duenak ez du chapel beharrik, qui n’a pas de tête n’a pas besoin de chapeau.

Orga izarrago, karranka handiago, plus la charrette est usée, plus elle fait de bruit. 

Idiak marruma egin beharrean, orgak egiten du, la charrette grince, tandis que ce serait au bœuf à mugir.


 

Viens, si tu l’oses. 

Tu peux venir, j’ai mon makhila. 

Semper paratus, toujours prêt. 

Je blesse et je tue. 

La liberté avec mon makhila. 

Frappe, il te sera ouvert. 

Je frappe juste et ferme. 

Ultima ratio, raison ultime. 

Pour le juste, contre l'injuste, etc. 



Pendant la guerre, on a gravé souvent : Alemanek hazta, nik bi makhila sista, que les Allemands y touchent, de mon makhila je (leur assène) deux coups pénétrants."



A suivre...



(Source : WIKIPEDIA)



 


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