LA LIGNE PARIS-MADRID.
Dès 1885, un service d'études des traversées possibles des Pyrénées est créé à Toulouse, sous la direction d'Eugène Decomble.
Ce service va étudier 12 traversées possibles.
Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 10/02/1919 :
"Le "direct" Paris-Madrid.
Une ligne directe va être créée de Madrid à Paris par Pampelune. Ce sera la plus rapide de toutes, mais il faut qu’elle passe par Hendaye.
L’avenir est aux grands projets économiques. L’un d’eux consiste à créer une immense ligne ferrée qui relierait directement Londres au Cap, traverserait la France et l’Espagne et toute l’Afrique, du Nord au Sud.
Cette ligne serait définitive après le percement du tunnel de la Manche et la construction d'un autre tunnel sous le détroit de Gibraltar ; elle emprunterait de grandes voies déjà existantes et divers tronçons d’Europe et d’Afrique. Elle comporte en tout cas, tout d'abord le direct Paris-Madrid par Pampelune.
LOCOMOTIVE E 3101 COMPAGNIE DU MIDI |
Les études ont été très activement poussées par les ingénieurs espagnols ; le gouvernement espagnol est absolument décidé à agir vite ; cependant le trajet n’est pas encore complètement arrêté sur tous ses points. Il y a incertitude au sujet du point d’aboutissement au sud de l’Espagne — sera-ce Algésiras ou Cadix ? — ; il y a incertitude encore au sujet du point de jonction avec les lignes françaises — sera-ce les Aldudes ou Hendaye ? — Ce qui est définitivement décidé et certain, c’est que la grande voie passera par Madrid et par Pampelune.
Et ce qui nous intéresse, nous, en France, et nous, en particulier, villes de la zone du Sud-Ouest, c’est la solution qui sera adoptée relativement au trajet de Pampelune à la frontière française.
Il y a là, pour Bayonne, Biarritz, St-Jean-de-Luz, Hendaye, et toute notre côte une question vitale qui mérite un sérieux examen, offre un intérêt capital et comporte une défense énergique ; il y a aussi pour les finances françaises, et notamment pour le budget de la Compagnie du Midi, une importante question économique.
GARE DU MIDI BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Remarquez que l’on nous sature les oreilles de l’expression tendancieuse "la ligne des Aldudes" ; il y a longtemps que les partisans du projet de la ligne Pampelune-les Aldudes poursuivent un plan arrêté et tentent de populariser ce plan et de le faire aboutir.
Or, il suffit d’examiner une carte pour voir d’une façon indiscutable que le projet le plus normal pour venir depuis Pampelune rejoindre les grandes lignes françaises passe par Irun et Hendaye et qu’il n’y a rien à gagner à passer par les Aldudes, Bidarray et Dax.
Si l’on devait passer par les Aldudes, il faudrait que la Compagnie du Midi consentit à créer de toutes pièces une ligne difficile de 150 kilomètres de longueur, exigeant de nombreux travaux d’art.
OBLIGATION DE LA COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DU MIDI |
Et quelle serait l’utilité d’une aussi lourde dépense ? Des Aldudes à Dax, la nouvelle ligne desservirait une vallée qui est déjà traversée par les embranchements de St-Jean-Pied-de-Port et de St-Etienne-de-Baïgorry, et il n’y aurait aucun bénéfice nouveau et réel à attendre, ni de cette région en faveur de la nouvelle ligne, ni de la nouvelle ligne en faveur de la région.
Alors, pourquoi ne pas tout simplement, comme le veulent la tradition, la raison et l’économie, raccorder Pampelune directement à Irun ?
C’est une grosse affaire que de créer des deux côtés de la frontière une nouvelle organisation douanière. Quelle nécessité y a-t-il à faire une telle création aux Aldudes, à une si courte distance d’Hendaye ?
Rappelons que la frontière franco-espagnole est actuellement traversée par des lignes de chemin de fer, à l’extrémité orientale par Port-Bou et Cerbère, à l’extrémité occidentale par Irun et Hendaye, que deux autres lignes de pénétration vont être bientôt achevées, la ligne d’Oloron-Jaca et la ligne de Ripoll. Ainsi, cette frontière se trouvera coupée en quatre tronçons assez normalement répartis de distance en distance ; rien n’indique la nécessité de pratiquer une nouvelle coupure aux Aldudes.
La grande ligne projetée — et qui ne doit pas passer ailleurs que par Hendaye — sera la plus directe, la plus rapide de beaucoup. La dévier par les Aldudes, c'est condamner toutes les stations touristiques du Sud-Ouest, qui sont une source de prospérité pour les Compagnies de chemins de fer et pour toute la France, à une situation désastreuse."
LOCOMOTIVE E 3201 COMPAGNIE DU MIDI |
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