DE BIARRITZ EN LABOURD À PAMPELUNE EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1920
DE BIARRITZ À PAMPELUNE EN 1920.
Dans les années 1920, des excursions en autocars sont organisées pour visiter le Pays Basque, et en particulier la Navarre, au départ du Labourd.
AUTOCARS 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que raconta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-De-Luz, dans son édition du
20 septembre 1920 :
"Biarritz-Pampelune.
Nous avons, il y a quelques temps, rendu compte de l’excursion si pleine d’intérêt que la Compagnie du Midi a organisée deux fois par semaine, entre Biarritz et Bilbao, avec de puissants auto-cars. Une fois par semaine, elle assure également le circuit Biarritz-Pampelune, et nous espérons ne pas ennuyer le lecteur en lui racontant l’excursion que nous venons de faire sur ce parcours.
Samedi. 8 heures et demie du matin. Comme d’habitude, à pareil jour et à pareille heure, les voyageurs, inscrits d’avance, sont fidèles au rendez-vous, sur la place centrale de Biarritz, L’auto-car ronfle. On se place et l’on part. En route pour Pampelune.
Bien entendu, l’on suit notre admirable corniche de l’Océan : Ilbarritz, Bidart, Guéthary, jusqu’à Saint-Jean-de-Luz, puis nous filons à gauche, vers la montagne : voici la Nivelle que nous cotoyons jusqu’à Ascain, joli village endormi au pied de la Rhune. Ascain, lieu de repos... et de gourmandise, où notamment un ancien pelotari fameux tient un hôtel réputé pour ses fines traditions culinaires ; puis on monte à flanc de montagne, dominant ces plaines d’une intense fertilité qui virent, en 1813 et 1814, les batailles entre les armées de Soult et de Wellington. Bien souvent, le Roi Edouard VII fit cette route, jusqu’à Sare, et il s’était vivement intéressé aux souvenirs historiques dont cette région est toute remplie. Et pendant ses villégiatures de printemps à Biarritz, le grand souverain ne manquait jamais d’aller, au moins deux fois par an, assister à Sare, à de magnifiques parties de pelote organisées en son honneur. Comme le site était joliment choisi ! Voici justement cette bourgade de Sare, de pur caractère basque, au milieu d’une oasis de verdure profonde, entourée de collines, toujours propre et riante. Tout à l’heure nous avons vu, en gravissant la Rhune, les tranchées et la ligne du futur tramway. Maintenant nous passons à côte du fronton désormais célèbre et, laissant à notre droite la route qui mène aux curieuses grottes de Sare, nous arrivons à la proche frontière ; c’est à Dancharia que l’imbécile et inutile formalité des passeports est appliquée ; cela nous oblige à descendre du car, à entrer dans une bâtisse sordide, où, après nous avoir fait attendre pour la bonne règle — car le public est fait pour le fonctionnaire et non le fonctionnaire pour le public — le préposé aux passeports nous passe en revue et nous donne l’exeat.
ASCAIN DEPART DES TOURISTES POUR LA RHUNE 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN
Quelques pas plus loin, c'est l’Espagne. Dancharia change de nom et devient Dancharinea ; la maison des douanes est plus confortable, le contrôle plus expéditif. Nous filons de nouveau vers le but.
De quoi parler sinon des passeports ? La Compagnie du Midi n’avait-elle pas obtenu, il y a quelques semaines, des facilités pour des excursions de 48 heures ? Oui, l’on avait décidé que, pour ces petits voyages en Espagne, on se contenterait d’une autorisation délivrée par le commissaire de police de Biarritz, et cela marcha bien quelques jours, mais... le concours des vexations continue ; quand les autorités d’un pays font un pas vers la logique, celles d’un autre résistent ; les autorités consulaires espagnoles s'émurent dans leur amour-propre de n’avoir pas été consultées et l’Espagne refusa de laisser passer les voyageurs munis du sauf-conduit ainsi simplifié. Il fallut recommencer de nouvelles démarches qui aboutiront peut-être l’an prochain ou en 1970.
Il nous revient d’ailleurs que nous n’en ayons pas fini avec les petitesses et les mesquineries. Un député connu, qui eut maille à partir, il y a quelques mois, avec le député basque Ybarnégaray, était récemment à Biarritz et excursionnait un jour vers Cambo, en auto-car, avec sa famille. Il eut avec le conducteur une difficulté au sujet des places à occuper. Non seulement il porta plainte auprès des administrations plus ou moins intéressées, mais encore il se plaignit au ministère des trop grandes facilités concédées aux voyageurs à la frontière et demanda une plus grande sévérité. En fait de sévérité, il convient de dire à ce "député" qui emploie l’autorité de son mandat à exercer des représailles préjudiciables à tout le public, qu'il a fait là bien petite besogne, et il convient de constater que les hauts fonctionnaires qui lui obéissent et qui ont donné des ordres pour qu'à Béhobie l’on brime plus ridiculement encore les voyageurs des auto-cars font aussi petite besogne, car, il faut le répéter à satiété, les formalités des passeports, si serrées soient-elles, ne peuvent gêner que les braves gens, scrupuleux observateurs des lois et devoirs, les touristes qui font la fortune du pays, les commerçants qui travaillent à notre relèvement économique, elles n’ont jamais empêché un contrebandier, un espion ni une fripouille de passer la frontière.
RUE DU PETIT COCHON CAMBO 1920
PAYS BASQUE D'ANTAN
Je m’excuse de cette digression et je reprends l’excursion.
A peu de distance de la douane, nouvel arrêt devant la maison du portazguero, le fonctionnaire espagnol chargé de recouvrer le portazgo (péage) de 5 pesetas par automobile pour le fonds provincial d'entretien des routes. Chaque province a son budget spécial. Ici c’est la Navarre. Nous constaterons que les routes n’y sont pas aussi magnifiquement entretenues qu’en Guipuzcoa et en Biscaye dont St-Sébastien et Bilbao sont les capitales.
PONT INTERNATIONAL DANCHARINEA URDAX NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN
Et voici déjà la montagne ; on attaque la côte assez rapide et la vue s'étend sur la paisible vallée de la Nivelle, au fond de laquelle un coquet village, Urdax, repose en un paysage riant et verdoyant entouré d’un cirque de montagnes qui semble s’étendre et multiplier ses mamelons à mesure que nous grimpons plus haut. Mais bientôt la nature change d’aspect, la verdure fait place aux roches dénudées et sévères et nous arrivons au point culminant du col de Maïa (836 m.). Là, nous sommes salués par une escadrille aérienne d’une vingtaine de vautours, aux ailes déployées. Quelques-uns descendent très près du sol, cherchant quelque mouton égaré qu’ils puissent dépecer. Deux ou trois coups de feu suffisent à les éloigner.
URDAX NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN
On monte encore et l’horizon s’étend sur une mer de montagnes, où la végétation se raréfie et où l’on est étonné de voir de véritables plantations d’arbres morts, dont les squelettes rabougris semblent avoir été calcinés. Enfin la descente commence et, après avoir passé les villages d’Arizcun et d’Elvetra, c'est la jolie plaine d'Elizondo où nous arrivons vers midi."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 5 800 autres articles vous attendent dans mon blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire