LA FRONTIÈRE À HENDAYE EN 1937.
A Hendaye, pendant la guerre civile espagnole, la frontière est "poreuse".
FRONTIERE A HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Ce Soir, dans son édition du 29 mars 1937, sous la
signature de Charles Reber :
"Secrets tragiques et comiques du contrôle.
Il faut qu'une frontière soit ouverte ou fermée !
Hendaye, 28 mars.
Hendaye et sa plage dorée s'étirent tout au long de la mer calme et de la Bidassoa, large et grise, peuplée, à marée basse, de ses cent îles de sable où fleurit la contrebande. Nulle part un garde mobile ou un gendarme. Le soleil est doux sur la route, parmi les pins en parasol, sur les arbres fruitiers en fleurs, et l'on sent que partout la vie renaît.
HENDAYE 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Partout ? Oh ! non. De l'autre côté de la rivière, autrefois si vivante et grouillante de bateaux, Fontarabie, avec son vieux Palais-Royal de Charles-Quint et, tout là-haut, sa chapelle de Notre-Dame de Guadalupe, se dessine dans l'ombre de la montagne qui la protège. La cité archaïque, illustre par les fastes de son histoire, est morte. Ses quais et son port sont déserts. Des dizaines de bateaux vides sont alignés le long d'une digue. Un petit vapeur pique du nez dans le sable où il s'est échoué. Une seule barque de pêche se laisse glisser au fil de l'eau.
Des pêcheurs, tout près de moi, considèrent en silence ce tableau mélancolique. J'engage la conversation avec eux.
— Il n'y a plus d'hommes à Fontarabie, me dit l'un d'eux. Tous les pêcheurs ont été mobilisés par le général Queipo de Llano. Ils étaient tous Front populaire et ils ne sont pas partis en chantant, je vous le jure ! On est même venu les chercher de force. Il y en a qui ont déserté et qui se sont réfugiés ici.
La ville est triste depuis que les rebelles s'y sont installés.
Au pont international.
PONT INTERNATIONAL HENDAYE 1937 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je continue ma route. La gare. Le pont international qui relie Hendaye à Irun et qui fut le théâtre des événements historiques de septembre dernier. En face de la douane française, un petit café expose dans sa vitrine une série de photographies montrant l'affreuse tragédie.
A l'autre bout du pont, fermé par une grande barrière rouge et blanche, flotte le drapeau monarchiste espagnol. Des gardes civils, avec leur bicorne noir, et des "requetes", sont accoudés au parapet du pont.
Sur un chemin de ronde, au bas du pont, un carliste coiffé d'un béret basque rouge, le fusil sur l'épaule, fait les cent pas devant sa cabane. Au loin, parmi les marécages, d'autres bérets rouges montent la garde.
Un chant monte de la rivière, juste sous le pont. Les "requetes" accoudés au parapet manifestent bruyamment leur joie. Les douaniers français et les gardes mobiles qui veillent, de notre côté, se penchent aussi sur la rivière.
"REQUETES" PAYS BASQUE D'ANTAN |
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