LE PROJET DE PONT TOURNANT ENTRE LES DEUX CÔTÉS DE LA BIDASSOA.
Pendant de très nombreuses années, il y a eu un projet de pont tournant entre Hendaye (Labourd) et Fontarrabie (Guipuscoa).
FONTARRABIE 1931 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans un article précédent, je vous ai parlé des quatre ponts internationaux reliant les deux
côtés de la Bidassoa, entre Hendaye et Irun, mais la presse a relaté à plusieurs reprises ce
projet de pont tournant ou basculant.
C'est le cas de la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque dans son édition du 30
décembre 1925 :
"Un projet grandiose. Sous ce titre, nous lisons dans "Côte Basque". Nous sommes maintenant autorisés à annoncer un projet qu'on songe très sérieusement à exécuter très prochainement avec le concours de nos amis espagnols.
Il s'agit de relier directement la pointe de Hendaye-Plage au rivage espagnol en deçà de Fontarabie. Un pont monumental d'une longueur de cinq cents mètres environ serait construit à l'estuaire même de la Bidassoa. Au centre serait ménagé pour la circulation fluviale une partie tournante ou basculante qui laisse libre passage aux bateaux qui remontent le cours de la rivière.
Ainsi donc les deux cités voisines, actuellement si éloignées par la voie de terre puisqu'il faut remonter jusqu'au pont international d'Irun, seront unies par un trait d'union direct. Rappelant le mot historique, il n'y a plus de Pyrénées, nous pourrons dire qu'il n'y a plus de Bidassoa.
Ces liens matériels sont les moyens les plus positifs de resserrer les liens moraux entre les deux peuples. N'oublions pas d'ailleurs que des deux côtés de la frontière vit une seule race de Basque.
De là, par la magnifique jetée d'Hendaye, le touriste pourra s'engager sur la route de Corniche dont les travaux sont toujours poussés avec vigueur par ses entrepreneurs."
Un peu plus d'un an plus tard, la Gazette de Bayonne etc.. du 3 mars 1927 revient sur le sujet :
"Le préfet de Saint-Sébastien a informé le roi d'Espagne que la construction d'un nouveau pont international était projetée entre les plages d'Ondarribia à Fontarabie et d'Ondalaïtz à Hendaye, avec tronçon central mobile permettant le passage de bateaux jaugeant 2 000 tonnes. L'exécution de ce projet, adopté par le Conseil municipal de Fontarrabie est évaluée à un million et demi de pesetas.
Les dossiers ont été déposés à la préfecture de Saint-Sébastien en vue de l'accomplissement des formalités d'usage, lesquelles prendront quatre mois environ, et l'exécution du pont exigera dix-huit mois.
Le pont sera donc vraisemblablement ouvert à la circulation au commencement de 1929. La construction d'une nouvelle route entre Fontarabie et Saint-Sébastien est également à l'étude. De sorte que la côte basque va être dotée d'une voie internationale nouvelle raccourcissant sensiblement la distance entre Biarritz et Saint-Sébastien."
ARRIVEE A HENDAYE PAR LA CORNICHE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Enfin, la Gazette de Bayonne etc.. du 7 septembre 1928, raconte la pose de la première pierre :
"Nouveau trait d'union franco-espagnol. Les deux Corniches basques d'un côté et de l'autre de la Bidassoa n'en feront bientôt plus qu'une. Fontarabie, "vieille ville espagnole", que dominent un clocher qu'on admire de la côte française et son vieux château, gaine de pierre à la taille du sombre Charles-Quint, Fontarabie est en fête aujourd'hui. C'est comme l'ouverture des journées de réjouissances locales, régulièrement suivies non seulement par la population de la ville et par celles des villes voisines, mais encore par des étrangers surtout de France. Mais cette fin de journée revêt un éclat tout particulier et mettra, tout à l'heure, tout le peuple en délire. Le mot n'est pas trop fort et tous ceux qui se trouvaient là en attesteront avec moi. C'est que le roi Alphonse XIII est venu parmi ses sujets, simplement, sans apparat, presque en un grand ami qui sent toute l'affection qu'ils ont pour lui et qui la lui rend bien.
Mais ce qui, plus que les vivats, plus que les drapeaux sang et or et les tapisseries aux fenêtres plus que les fanfares, plus que la pompe religieuse du Te Deum, plus que les fleurs et que les fusées qui éclatent dans l'air, oui plus que tout cela ce qui est frappant et caractéristique, pour nous surtout, Français, qui prétendons à être un peuple essentiellement démocrate, c'est l'attitude de ce peuple et de ce souverain, vis-à-vis l'un de l'autre; c'est la foule qui , pêle-mêle, et sans que le service d'ordre songe sérieusement à s'y opposer, se presse autour d'Alphonse XIII, tout à la fois respectueusement et allègement. Pas de fronts courbés, pas d'yeux baissés, mais des gens qui regardent le roi avec franchise, visage haut et éclairé par un sourire et par des yeux joyeux et clairs.
Tout à l'heure, quand le souverain posera la première pierre du futur pont international, savez-vous qui, avant tout, contiendra, tant bien que mal, la foule curieuse ?...Des gardes ? Sans doute : des carabiniers, des gendarmes, des miqueletes débonnaires, mais surtout des enfants, des petits garçons, de petites filles, coiffés de bérets aux éclatantes couleurs.
Et les mains se lèvent et s'agitent en de gracieux saluts et les cris : "Viva el Rey !" montent autour de lui, tandis qu'il sourit de son bon sourire.
Il va confiant, et il a raison. Rien ne peut troubler une aussi belle joie de la population espagnole. Il y a autour de lui comme une atmosphère de bonté tranquille et de simplicité qui se répand sur toute l'assistance, sur toute la cité.
Au moment où il posait cette première pierre, une brave femme toute simple à côté de marmots qui allaient pieds nus, s'est avancée jusqu'aux premiers rangs. Une dame, une Française, qui se trouve dans l'assistance hésite à la laisser passer : "Eh, quoi ! dit l'Espagnole, c'est la première fois que je vois mon roi ! Pourrait-on m'en empêcher !
QUARTIER DES PECHEURS FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je ne sais si le roi a eu connaissance de ce mot. Mais ne vaut-il pas bien des révérences de cour !
L'arrivée du Roi.
Dès le matin, on arrivait à Fontarabie des villes voisines et les autobus ainsi que les tramways d'Irun à la ville voisine voyaient venir à eux une belle clientèle.
TRAMWAY FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La ville était tendue, presque partout sur ses balcons curieux et à la façade même d'humbles demeures, de banderoles aux couleurs espagnoles, de tapis, rideaux, de riches dentelles, parfois.
Déjà, un peu après midi, entre l'entrée de la nouvelle avenue Alfonso XIII ouverture de la Corniche qui déjà s'étend sur un long parcours et s'étendra sur toute la Côte Basque espagnole le rejointe à la Côte Basque française par le nouveau pont, déjà, dis-je, des gardes étaient postés pour contenir les curieux. Mais on avance dans la ville.
Des invités, des autorités arrivent les curieux. Mais on avance dans la ville. Des invités, des autorités arrivent peu à peu pour se réunir à la Casa Consistorial, autrement dit, la Mairie, d’où le départ du cortège doit avoir lieu à quatre heures et demie pour se rendre au devant du souverain.
L’alcade (le maire) et son adjoint reçoivent aimablement les arrivants.
En bas du grand escalier deux massiers imposants, en costume moyenâgeux vont et viennent, ayant en main leur masse d’argent.
Dans le salon d’honneur de la mairie, au fond duquel on remarque un grand portrait du roi en tenue d’amiral, on voit aussi la bannière de la ville dont les armes se posent sur fond d’hermine.
Enfin l’heure est venue du départ et nous descendons très nombreux, la municipalité en tête, vers l’avenida de Alfonso XIII.
Peu avant le roi arrive, en automobile, le capitaine général de la région, M. Pozas, mais une clameur s’élève : "Viva el Rey". Le roi, en petite tenue d’amiral, qui lui sied si bien et qui lui donne une allure si juvénile, descend de son auto suivi de ses officiers d’ordonnance.
LE ROI ALPHONSE XIII ET LA PRINCESSE ENA DE BATTENBERG PAYS BASQUE D'ANTAN |
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