RÉGATES ROYALES À SOCOA EN 1930.
En 1930, se déroulent, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz - Ciboure, des régates, en présence du couple royal espagnol.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia le 18 septembre 1930, sous la plume de
Pierre-Plessis :
"La Chanson de Socoa.
St-jean-de-Luz, septembre 1930.
Branle-bas sur l'eau et branle-bas sur le rivage.
Le roi viendra.
Il sera là tout à l'heure.
Au Yacht-Club, les cuistots fourbissent, les jardiniers ratissent, les électriciens éclairent, et, dans le champ des bouées, c'est un incessant va-et-vient de canots et de voiliers, de rames, de mâts, de focs, de casquettes neuves, d'écussons et de banderoles.
L'autre soir, déjà, nous fûmes bloqués dans Biarritz par la voiture des Infantes. Ces Altesses modernes et charmantes, quoique discrètes, ont une limousine armoriée d'une largeur extraordinaire. Elles barrent la rue ! Mais la tenue de la livrée est si parfaite, si raide, si digne, si simplement imperturbable, que le passant qui se dérange en garde plus de rancune à la rue qu'à l'automobile de Cour et salue avec sympathie.
ROI D'ESPAGNE ALPHONSE XIII ET SON YACHT 1930 |
Le vent se lève de nouveau.
La colline Sainte-Barbe, en face de nous, restée verte comme au printemps, semble guetter aux lucarnes de ses villas, sous les stores ocre, quelque flotte imaginaire et féerique : des caravelles ou des frégates aux couleurs d'Espagne !
Tandis que nous y songeons, voici qu'on tire le canon, un canon qui probablement ferait sourire les flibustiers de Saint-Christophe et les corsaires de la "Basquaise" (cette diable de Frégate, si je m'en souviens, avait vingt-quatre bouches à feu !...) Nos héros de demain n'en ont pas besoin de tant !
Et pour l'instant "ils" prennent le thé avec "elles"!...La duchesse Sforza rêve sous une ombrelle japonaise. Où sont-ils ces barbaresques, ces capitaines d'aventure, qui partis de ce même village suivirent Jean Bart et Valbué, Duler et M. d'Albarade, le couteau aux dents ? Au fond du golfe le navire de Mallet-Stevens déroute l'imagination.
AFFICHE CASINO PERGOLA ST JEAN DE LUZ ROBERT MALLET-STEVENS |
Boum !...
Le souffle du large avale d'un trait l'amusant panache de fumée.
La mer s'énerve !
Des nuages ?
Ils vont, montent, poussent l'azur, s'évanouissent.
Il fera beau !
Répétition générale pour un monarque amoureux comme nous des voiles, des sillages limpides, du cri des cordages, des bras tenaces sur les coques penchées, de l'illusion de la liberté que donnent la vague, la houle, le gouffre.
Nous n'avons rien d'autre à faire cependant que d'aller boire du cidre sec et manger des "Chipirones" chez Marie-Louise, devant la jetée, au coin du port. La voiture de Philippe de Rothschild en revient et Paul Lillaz y retourne en gardant une mine réjouie d'amiral vainqueur qui, par mégarde, se serait mis du rouge aux joues. A moins que ces riches couleurs ne soient dues à ce vin des Sables qui n'a l'air de rien et qui vous pousse dans le sang une bouillabaisse de soleil !... Parbleu, quoique nous soyons à la veille des régates royales à Ciboure en 1930, qui me prouvera que ce marin, qui est un malin Parisien, n'ait pas commandé la "Minerve" ou la "Triomphante" et fait bourlinguer entre Socoa et Lorient, le cirage aux lèvres et le verre en main ce fameux "Quatorze Juillet" dont parlent les gens de Brumaire ?
La bonne humeur est bienvenue dans ce décor pittoresque. Voici la marquise de Paris qui se dirige vers le bar. Une trompe de chasse, au loin, soupire.
BAR DU RESTO CHEZ MARGOT SOCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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