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mardi 1 février 2022

LES MAISONS OUVRIÈRES EN LABOURD AU PAYS BASQUE DANS LES ANNÉES 1920

LES MAISONS OUVRIÈRES.


Dès le milieu du 19ème siècle, sont construites, en France, des maisons pour les ouvriers et les employés de l'industrie, du textile, de la verrerie ou de la serrurerie.





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STE JAMME SARTHE
MAISON DES OUVRIERS DE L'USINE CHAPPEE





Voici ce que rapporta la presse dans diverses éditions :



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 29 décembre 1920 :

"Chaque ouvrier pourra avoir sa maison.



Paris — la loi du 12 mars 1920 a prévu que les Syndicats professionnels pourraient affecter une partie de leurs ressources à l'achat de terrains pour jardins ouvriers et à la création d'habitation à bon marché. D'autre part des textes précédents ont établi que les Associations reconnues d'utilité publique et les Sociétés de secours mutuel peuvent obtenir des avantages de l'Etat au même titre que les Sociétés de crédit immobilier en vue de consentir à leurs membres, sous certaines conditions, des prêts hypothécaires individuels destinés à l'acquisition ou à la construction d'habitations à bon marché. Il n'y aurait que des avantages à étendre le bénéfice de ces dispositions aux Syndicats professionnels régulièrement constitués. C'est aussi l'opinion de M. J.-C. Breton, ministre de l'hygiène. Aussi, pour faciliter la réalisation de cette excellente idée, projette-t-il de réduire à 25 000 fr. (au lieu de 100 000) le cautionnement que, pour être admises à recevoir des avances de l’Etat, les Associations reconnues d'utilité publique et les Sociétés de secours mutuels sont tenues de déposer, et aussi à n’exiger de l'intéressé, au lieu de la justification de possession d’une somme équivalant au cinquième du prix de la maison à construire, comme le veut la loi, que l’équivalent du dixième, ou à se contenter de l’apport du terrain (s’il représente au moins ce dixième), ou encore de la justification de l’intéressé par son affiliation à une Société ouvrière de main d’oeuvre de l'apport de la main-d'œuvre nécessaire à l'édification de la maison, sorte de prestation en nature. Chaque ouvrier pourrait donc facilement devenir propriétaire de sa maison et de sou jardin."




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MAISONS OUVRIERES PARIS 15EME ARRONDISSEMENT



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 14 décembre 1921, sous la plume 
d'H. Godbarge :

"Saint-Jean-de-Luz. La question des maisons ouvrières. 



Singulière conversation, l'autre jour, avec une personnalité et non des moindres, appartenant à la municipalité. Elle s'étonnait que mes efforts puissent se concentrer à étudier et à édifier des villas élégantes, aux loyers élevés, plutôt que des constructions ouvrières dont l’utilité, l'indispensabilité même, n’est pas contestable. A quoi il m'était facile de répondre que d’abord on construit ce que l’on peut et qu'ensuite, pour construire, comme pour rédiger un contrat, il faut être deux ; en l'espèce, il faut un constructeur et un propriétaire. Or ce dernier — par ces temps de vie chère et de loyers limites — fait grève, la grève des bras croisés. Il y a, certes, pléthore de constructeurs prêts à édifier, il y a également pléthore de locataires à la recherche de loyers vacants ; mais il n’y a plus de locaux vides et encore moins de propriétaires prêts à payer les frais d'une aventure... de constructions avec logements, celui-là fut-il animé des meilleurs sentiments philanthropiques. 



Et cependant, il importe de résoudre, au plus tôt, ce problème qui devient angoissant au premier chef, à Saint-Jean-de-Luz en particulier. 



Les terrains, entre les mains d’une minorité très riche, mais peu entreprenante, ont atteint de tels prix qu’il est impossible de songer à édifier, sur la plupart, autre chose que des constructions commerciales ou de luxe. D'où, difficultés de trouver les emplacements voulus, en un endroit assez central, propres à l'édification de pavillons ouvriers, voire même de logements d'employés. Résultat ? Impossibilité d'accroître la main-d'œuvre locale, cependant déjà très raréfiée. Ainsi, de bons ouvriers spécialistes réclamés à cor et à cris, et alléchés par de fortes primes, arrivent mais repartent aussitôt, faute de logements. D'autres habitent des logements malsains, lépreux, se débilitent, s’anémient, et à cause de leur santé chancelante, n'apportent à leur travail, ni l’activité, ni la résistance physique désirables. D’aucuns, même, quittent ce pays enchanteur, leur pays natal, et fuient, à regret, vers des régions plus avides, plus froides, mais où les habitations collectives sont plus confortables et les salaires apparemment plus élevés. Ainsi, les entrepreneurs se lamentent. Les propriétaires maugréent sur la qualité du travail. Mais la principale des causes de ces déplorables effets provient de l'insuffisance des masures ouvrières existantes qui ne permettent pas l’infusion nouvelle d’une main-d’œuvre plus habile. A tout prix, il importe de remédier à ce lamentable état de choses. 



Mais le moyen ? 



A notre avis, deux solutions : ou bien, la création d'une Société qui construirait et louerait, ou bien, initiative de la municipalité qui constituerait le gros appoint des disponibilités nécessaires, en vue de l’édification de ces maisons ouvrières. 



Une Société composée de propriétaires purement philanthropes est toujours difficile à constituer — et aujourd’hui plus que jamais. Aussi, il convient d'envisager pratiquement, la deuxième solution. 



La municipalité achèterait des terrains, à des prix peu élevés, n'excédant pas dix francs le mètre carré, par exemple, au besoin assez éloignés ; ou bien, elle envisagerait l’utilisation de terrains municipaux, si toutefois il en existe, et s'ils conviennent. Ceci est à débattre. Quoi qu'il en soit, devenue propriétaire des terrains désirables — grâce aux lois récemment votées — la municipalité pourrait faire appel à l’Etat pour obtenir les concours et les subsides nécessaires, à faible taux, en vue des principaux débours inhérents au gros œuvre. Peut-être faudrait-il songer à un faible complément pour parfaire la somme complète des dépenses ! — Répartition à étudier, en détail. — Mais même dans le cas de cette éventualité, un groupe peu important d'actionnaires y remédierait et facilement, car le placement est sûr et l’œuvre philanthropique. Est-ce donc chose si difficile, en vérité ? Il n'y parait guère. Mais il faut vouloir. Et, en ce cas, vouloir c’est pouvoir. Car étudier la question c'est la résoudre. Qu'elle soit donc étudiée, puisqu'il importe ! Et une fois étudiée et résolue, qu’on agisse, de grâce, qu'on agisse, et sans délais !"



  • La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 16 juin 1922 :

"Les transformations de Bayonne.



Un Concours pour la construction d'habitations ouvrières à bon marché.



 La Société Bayonnaise d’Habitations à Bon Marché met au concours un premier projet de construction d’immeubles à bon marché qui seront édifiés sur les terrains des glacis de Mousserolles, délimités par la route départementale n° 22 (route de Saint-Pierre d'Irube), et l'allée transversale reliant le chemin de Mousserolles à la dite voie. 



Ce concours est ouvert entre tous les architectes français. 



Le projet prévoir une dépense globale de 160 000 francs, y compris les honoraires d'architecte. 



Règlement du concours.


Article premier — La Société Bayonnaise d'Habitations à bon marché met au concours entre les architectes français, un projet d'habitation ouvrière à bon marché. 



Art. 2. — L’habitation ouvrière dont il s'agit sera construite pour une famille ; elle ne devra pas coûter plus de quatorze mille francs ; elle devra comprendre au moins quatre pièces, non compris les W.-C. Les terrains sur lesquels doivent être construites ces habitations étant en certains endroits très en contrebas du niveau de la route, il est spécifié que la somme de quatorze mille francs ne comprendra pas la valeur des maçonneries au-dessous du niveau du rez-de-chaussée. -



Art. 3. — Ces maisons ouvrières seront édifiées sur le terrain dont le plan est ci-joint ; les concurrents auront la faculté de refaire le lotissement déjà établi, en respectant cependant les voies A B et C D. telles quelles sont établies sur le plan ; la voie E pourra être modifiée si les concurrents le jugent nécessaire. La Société estime que les lots de terrain ne devront pas avoir une contenance inférieure à 250 ou 300 mètres carrés. Les habitations pourront être isolées ou jumelles. 



Art. 4. — La somme totale affectée à la construction de ces maisons ne dépassera pas cent soixante mille francs, compris les honoraires d'architecte. .



Art. 5. — Les projets porteront une devise ou épigraphe et devront être adressés au secrétariat de la Mairie de Bayonne, le 15 juillet 1922, à 17 heures au plus tard. Les projets auxquels seront jointes des enveloppes cachetées contenant le nom de l’auteur, seront, à leur réception, timbrés du cachet de la Mairie, marqués d'un numéro et inscrits sur un registre. Un récépissé sera remis au nom de la devise ou épigraphe qui sera portée sur les envois. 



Art. 6. — Les concurrents auront la faculté d'adjoindre au projet demandé ci-dessus, un autre projet d'habitation ouvrière dont le coût total, fondations déduites, ne devra pas dépasser la somme de 17 000 fr .



Art. 7. — Les dessins des projets seront à l’échelle de 0,02 centimètres par mètre. Le plan d'ensemble sera à l’échelle de 0,005 par mètre. 



Art. 8. — Ces dessins seront accompagnés d'un devis descriptif et estimatif dont l’importance est capitale ; les concurrents sont avertis que tout projet de maison dont le coût serait supérieur aux limites de prix fixées, entraînera pour son auteur, la mise hors de concours. 



Art. 9. Le jury sera composé de : Deux délégués de la Société d’Habitations à bon marché ; M. l’Ingénieur de la Ville de Bayonne ; deux architectes nommés par les concurrents. 



Art. 10. — Les enveloppes cachetées contenant le nom des auteurs ne seront ouvertes qu’après le classement des projets, et celles-là seules seront ouvertes qui correspondront à un projet primé. Les autres seront restituées intactes. 



Art 11. — Le jury décernera deux primes aux projets les plus méritants : une prime de 1 500 fr. au projet classé numéro un ; une prime de 1 000 francs au projet classé numéro deux. 

Le jury dira si l’architecte classé numéro 1 doit être chargé de l’exécution des travaux. Dans ce cas, cet architecte sera tenu de faire abandon de sa prime à la Société Bayonnaise d’habitations à bon marché et aura droit aux honoraires habituels de 5 p. 100 sur le montant des travaux indiqués à l'article 4. 



Art. 12 -- Après le jugement du jury les projets seront exposés publiquement à la Mairie de Bayonne pendant huit jours. 



Art. 13. — Les projets primés appartiendront de plein droit à la Ville de Bayonne ; ceux non primés devront être retirés dans un délai de quinze jours, après la clôture de l’exposition publique. Passé ce délai, aucune réclamation ne sera admise."





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