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jeudi 17 février 2022

RICHESSE AGRICOLE, COMMERCIALE ET INDUSTRIELLE DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1877

RICHESSE AGRICOLE, COMMERCIALE ET INDUSTRIELLE DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1877.


En 1877, le journal Le Messager de Paris, fait une analyse de la richesse agricole, commerciale et industrielle des 86 départements français.




carte basses-pyrénées
CARTE DES BASSES-PYRENEES



Voici ce que rapporta au sujet du département des Basses-Pyrénées le journal Le Messager de 

Paris, le 23 avril 1877, sous la plume de Pierre Christi :



"Département des Basses-Pyrénées



Les Basses Pyrénées, les Hautes-Pyrénées et une notable partie du département des Landes constituent le bassin de l’Adour. Ce fleuve qui prend sa source dans le mont Tourmalet qui appartient au massif de Bigorre arroge Bagnères, Tarbes, Aire, Saint-Sever, Dax et se jette dans l’Océan à 4 kilomètres au dessus de Bayonne dont il forme le port avec les eaux de la Nève. L’Adour décrit donc dans son cours une vaste portion de cercle dont les Pyrénées forment la corde et Pau le centre.



Depuis les Landes jusqu’aux plus hautes cimes des Pyrénées, le terrain s’élève progressivement par une série d’amphithéâtres demi-circulaires, coupé de vallées profondes, qui partent des Pyrénées occidentales dans lesquelles elles ouvrent des défilés ou ports parmi lesquels on distingue particulièrement : la brèche de Roland, le port de Gavarnie, celui de Cauterets, le défilé de Somport, les cols d’Hagnetta et des Aldudes.



Ce territoire forme, en quelque sorte, une contrée spéciale et isolée dans la région commerciale du Sud Ouest séparée elle-même de la France centrale par le massif de la Corrèze et par les cours demi-circulaires aussi de la Garonne, de la Dordogne et de leurs affluents. Le bassin de l’Adour répète donc en petit le bassin de la Garonne, qui l’enserre et lui interdirait toutes relations intérieures si les voies ferrées de Bayonne à Bordeaux par Mont-de-Marsan et d’Argelès à Agen, sur la ligne du Midi par Auch ne rattachait quelque peu cette contrée au mouvement général de la France.



carte pyrenees
CARTE PYRENEES PAR A PERRET 1850





Malgré ces moyens de communication d’ailleurs très importantes, le pays qu’arrose l’Adour, c’est-à-dire le Béarn et la Basse-Navarre, reste ce que la nature l’a fait, une contrée à part dont la partie centrale est riche, bien peuplée, coupée de vallées admirables, de coteaux couverts de vignobles et de pâturages. La population qui habite ce pays, population surtout de pasteurs et de marins, est active, intelligente et belliqueuse. Les Basques qui habitent les hautes vallées descendent des anciens Ibères et en ont conservé la langue.



Les Basses-Pyrénées sont la continuation naturelle et forcée des Hautes-Pyrénées. Bayonne à l’embouchure de l’Adour joue sur ce théâtre restreint le rôle de Bordeaux sur la Garonne et de Nantes sur la Loire. Le chemin de fer de Bagnères à Bayonne par Pau et Orthez sert de grand déversoir aux fruits de la terre auxquels s'ajoutent les produits de l’industrie extractive de l’anthracite, de la tourbe, des minerais de fer et ceux de la métallurgie et d’un certain nombre de filatures et d’établissements de tissage.



Ce mouvement industriel, bien que limité, a nécessité la création, dans le département des Basses-Pyrénées, d’une représentation industrielle et commerciale dont il n’existe aucune trace dans les Hautes-Pyrénées. Ainsi Bayonne possède une chambre de commerce dont la fondation remonte à 1802. Deux chambres consultatives des arts et manufactures fonctionnent à Pau et à Oloron, et trois tribunaux de commerce siègent à Bayonne, Oloron, Pau ; enfin six courtiers interprètes et conducteurs de navires sont institués à Bayonne.



carte basses-pyrénées
CARTE DES BASSES-PYRENEES
PAR PAUL PERRET


La représentation agricole a pour organe la Société d’agriculture de Pau et les comices de Mauléon, Orthez, Monein qui placent sous le rapport agricole les Basses-Pyrénées dans une situation à peu de chose près identique à celle des Hautes-Pyrénées. D’ailleurs, l’agriculture rencontre dans ces deux départements des éléments naturels semblables. Si on tient compte de ce que les Basses-Pyrénées offrent une superficie totale de deux tiers environ plus grande que la superficie des Hautes-Pyrénées — 762 263 hectares contre 452 945 hectares — la nature, la répartition et le produit de la terre s’y présentent d’ailleurs dans des conditions identiques.



Ainsi, défalcation faite des surfaces bâties ou occupées par des voies de communication quelconque pour près de 50 000 hectares, le territoire agricole des Basses-Pyrénées ne comprend pas moins de 713 107 hectares, sur lesquels 248 023 hectares sont en terres incultes, ce qui réduit le sol productif à 465 084 hectares, dont 194 950 hectares de terres labourables.



Le département des Basses-Pyrénées est la patrie du maïs. Nulle part en France on ne cultive cette céréale sur une plus grande échelle car elle occupe dans les Basses-Pyrénées plus de 85 000 hectares sur les 146 000 hectares affectés aux céréales en général ; les ensemencements en blé ne dépassent pas 53 000 hectares et ceux en avoine 4 500 hectares. Le résultat de l'extension de la culture du maïs dans l'extrême sud-ouest de la France est d'assurer à cette région une disponibilité tout à fait exceptionnelle de 1 361 000 hectolitres de maïs alors que le froment ne donne que 742 000 hectolitres. Les légumes, pommes de terre, châtaignes, d'ailleurs peu productifs sur 21 000 hectares, ajoutent à la consommation des aliments végétaux 525 000 hectolitres de farineux.



Le total de 3 770 000 hectares tant de céréales que de farineux que l'on retire année moyenne des Basses-Pyrénées assurent à raison de 5 hectolitres 1/2 par habitant, l'alimentation de ce département dont la population ne dépasse pas 420 000 habitants, ce qui représente toutefois, grâce à l'agglomération de Bayonne et de quelques autres centres, une densité spécifique de 55 habitants par kilomètre carré, alors que les Hautes-Pyrénées ne donnent que 22 habitants.



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CARTE BASSES-PYRENEES PAR HOUDAN



Avec cette population relativement dense, la propriété pour 50% cultivée par les propriétaires du sol est très divisée, car la moyenne de chaque population n'est que de 5 hectares et demi. Les fermiers tiennent en général 14 hectares et demi et les métayers 11 ; mais les petits propriétaires qui sont de beaucoup les plus nombreux (37 000) ne disposent que de 3 hectares et demi chacun, bien que l'ensemble de toutes les parcelles cultivées par eux excède 131 000 hectares.



La production animale atteint annuellement, en poids brut, 11 155 000 kilogrammes représentant en viande de boucherie 8 691 000 kilogrammes alors que la quantité voulue pour atteindre la moyenne de la production générale, en France, devrait être de 9 660 000 kilogrammes ; c'est un déficit d'un million de kilogrammes environ ou du huitième de la production actuelle. 



Malgré ce déficit les Basses-Pyrénées doivent être placés dans un assez bon rang pour l’élevage car ce département possède 516 807 moutons, 202 472 animaux de l’espèce bovine, 101 121 animaux de l’espèce porcine et 18 937 chèvres. L’élevage des animaux de charge ou de trait comprend 22 147 chevaux et juments, 11 827 ânes et ânesses et 5 822 mules et mulets.



En se reportant à une époque de civilisation moins avancée, la situation actuelle du Béarn devrait être considérée comme heureuse, puisque le pasteur et le cultivateur peuvent vivre sur le sol natal en face d’une nature splendide. Cependant, si confiné qu’il soit aux pieds des Pyrénées, des monts de Bigorre, et derrière le désert des Landes, le pays de l’Adour n’est pas si perdu que les aspirations du monde nouveau, que la fièvre industrielle qui anime le Nord, le Centre nord et l’Est de la France, n’y exercent une certaine influence.



basses-pyrenees carte
CARTE BASSES-PYRENEES PAR CONTE-GRANDCHAMPS 1867



L’appât d’un travail largement rémunérateur, les aléas brillants des fortunes rapidement édifiées, agissent puissamment sur l’esprit de cette population impressionnable et aventureuse. Le souvenir de leurs ancêtres qui ont laissé dans la marine du moyen âge des faits glorieux leur rend la mer amie ; aussi les Basques n'hésitent-ils pas à s’expatrier. Montevideo, Buenos-Ayres, Mexico leur semblent plus près que Paris et l’Atlantique est pour eux une barrière moins infranchissable que la triple enceinte de l’Adour, de la Garonne et de la Loire."




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