LA FLORE DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1805.
Né à Lescar, en Béarn, en 1751, Jean Bergeret suit des études de philosophie, à Pau, en 1771. En 1780, il commence des études de médecine à Toulouse. Docteur en 1788, il s'installe définitivement à Morlaàs comme médecin.
En plus de l'exercice de la médecine et de son mandat de Maire, il obtient, en 1796, la chaire d'Histoire naturelle de l'école centrale des Basses-Pyrénées.
Il y crée un jardin botanique qui disparaîtra avec l'école en 1802.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Clef du Cabinet de Souverains, le 27 mai 1805 :
"Flore des Basses-Pyrénées, par J. Bergeret, docteur en médecine, professeur d’histoire naturelle, et vice-président du conseil d’agriculture des Basses-Pyrénées. A Pau, de l’imprimerie de Paul Véronèse.
Le département des Basses-Pyrénées baigné d’un côté par la mer, bordé au sud par les Pyrénées, est formé de collines disposées en amphithéâtre, qui servent comme de degrés pour descendre du sommet des Pyrénées aux bords de l’Océan. Il offre au milieu de la zone tempérée la chaleur du midi à côté des glaces du nord.
Les plantes de tous les climats, celles qui croissent dans les eaux douces, salées, thermales ; celles qui ne se plaisent que sur les rochers et dans les sables ; toutes les espèces connues d’arbres et d’arbustes ; quelques espèces indigènes, telles sont les richesses naturelles des Basses-Pyrénées.
La Flore de ces contrées renferme près de cinq cents genres et plus de deux mille espèces. L’auteur les a disposés suivant le système de Linnée. Chaque espèce y est désignée par son nom français, par son nom latin et par son nom vulgaire. Chaque description est suivie d’un précis d’observations relatives à l’agriculture, aux arts, aux manufactures locales, à l’hygiène et aux usages domestiques.
BOTANISTE CAR VON LINNE |
Si M. Bergeret n’avait écrit que pour sa propre gloire, il eût extrêmement diminué son travail ; mais il s’est proposé un plus grand objet : c’est de faire un livre utile aux habitants des Basses-Pyrénées. Il a mis à la tête de sa Flore un cours élémentaire de botanique. On y trouve les détails relatifs à l’état actuel de cette science ; la définition de ses termes ; les principes des divisions méthodiques et l’explication du système de Linnée. Les propriétaires qui cultivent leurs biens, les pères qui dirigent l'éducation de leurs enfants , et ceux que leur profession doit attacher à l'étude des plantes, pourront avec ce seul ouvrage, apprendre la botanique, et éviter les erreurs dans la distinction des espèces.
L’agriculture des Basses-Pyrénées ne ressemble point à celle du reste de la France. Elle est très perfectionnée, dans quelques parties ; elle est à d'autres égards presque dans l’ignorance. Nulle part on ne cultive mieux le maïs, qui est la nourriture des neuf dixièmes des habitants de ce département. La culture des vignes y est également bien entendue, et on y recueille des vins dont la réputation est très étendue dans le nord de l'Europe. Mais l’art de multiplier les fourrages et les engrais y est presque nul ; le tiers des terres y sert uniquement à produire de la fougère et du jonc marin, plantes destinées à former un fumier presque toujours imparfait. M. Bergeret propose des moyens d’amélioration ; il veut avec Horace qu’on brûle la fougère urenda filix. L'établissement des prairies artificielles, et la multiplication des bestiaux, lui paraissent surtout devoir fixer l’attention des habitants des Pyrénées.
M. Bergeret espère que la loi du partage égal des biens entre les enfants d’un même père, multipliera les petites propriétés, les rendra fertiles et augmentera la population ; mais il parait n’avoir pas observé l’effet de cette loi dans les provinces où elle a toujours existé. Ainsi, par exemple, dans celle où la coutume avait établi le partage égal, on ne trouvait que de grandes propriétés. Dans celle où un seul recueillait l’héritage de son père, cet héritage restait inaliénable : et là, se trouvait une immense quantité de petites propriétés. Je n’ai pas besoin d’en expliquer la raison. Elle se présente d’elle-même, et, sans chercher les résultats probables du nouvel ordre établi dans les successions, c’est aux pères de famille à redoubler d’activité et d'industrie pour améliorer le sort de leurs enfants ; qu’ils les élèvent avec soin ; qu’ils leur donnent des mœurs, et il* leur laisseront ainsi le plus riche des héritages.
M. Palasson, correspondant de l’académie des sciences, savant, utile et modeste, est le premier qui ait offert le tableau minéralogique des Pyrénées. Tous les observateurs qui sont entrés après lui dans ces montagnes , ont rendu témoignage à son exactitude. M. Bergeret, son compatriote et son ami, est aussi le premier qui ait fait une Flore de Béarn. Il prépare, dans ce moment, l'histoire des oiseaux et des insectes de ce département. Il se plaît à payer un tribut de reconnaissance à M. de Castellane, qui se livre avec succès aux détails d’une administration importante qui excite l’industrie, et qui fait naître l'amour des sciences dans un pays où l’esprit est pour ainsi dire une production spontanée du sol. "Je voudrais, dit encore M. Bergeret, qu’il me fût permis de dire librement tout ce que je dois à la généreuse amitié de M. Laussat, préfet colonial de la Martinique. Son séjour en France m’a procuré des amis, des livres et des conseils pour la perfection de mon ouvrage."
PIERRE-CLEMENT LAUSSAT |
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