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jeudi 13 mai 2021

VINGT ANS D'INTIMITÉ AVEC EDMOND ROSTAND AU PAYS BASQUE (huitième partie)

 


VINGT ANS D'INTIMITÉ AVEC EDMOND ROSTAND.


Paul Faure a été l'ami et le confident d'Edmond Rostand pendant de très nombreuses années.



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LE PEINTRE PASCAU, FAURE ET ROSTAND ET MADAME ROSTAND  EN 1902
PAYS BASQUE D'ANTAN
COLLECTION MUSEE BASQUE BAYONNE


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Annales politiques et littéraires, sous la plume de 

Paul Faure, dans son édition du 15 septembre 1927 :



"1910.



...Rostand trouva dans son émotion d'admirables paroles pour célébrer Coquelin. Il les prononça sur sa tombe, où étaient venus en foule tous ceux qui ne regrettaient pas seulement le grand acteur, mais aussi l'homme charmant qui avait conservé, à travers la renommée, une fraîcheur de gentillesse et de sentiment que l'on ne rencontre pas souvent.



Coquelin n'étant plus, il fallait le remplacer pour le rôle de Chantecler. Le publie s'impatientait, les journaux devenaient ironiques, il n'y avait pas de temps à perdre. Remplacer Coquelin n'était pas chose facile. Où trouver l'artiste capable de porter le poids d'un tel rôle, l'acteur lyrique ayant le grand souffle nécessaire pour faire passer dans le public la vaste poésie de Chantecler ?



Rostand se décida pour Lucien Guitry ; et les répétitions commencèrent avec lui à la Porte-Saint-Martin.


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LUCIEN GUITRY
LE COQ CHANTECLER



Dans l'été de 1910, Rostand s'installa avec sa famille à l'hôtel Majestic. A peine y était-il que le flot des visiteurs commença à battre furieusement son appartement, et le téléphone à sonner sans répit. Cela devait continuer tout le temps de son séjour.



A Cambo, il perdait, en quelque sorte, la notion de sa célébrité. Ici, brusquement, elle l'assaillait. Pendant ces mois du Majestic, ce fut autour de lui un invraisemblable défilé de gens de toutes sortes. Dans cet appartement, il y eut chaque jour, du matin au soir, la foule d'une rue. On y vit des mondains et de pauvres diables, des acteurs et des marchands, des inventeurs et des toqués. Les demandes les plus variées tombaient en avalanche autour de lui ; demandes de recommandations, demandes de situations, demandes d'un mot pour lancer un produit, demandes de venir présider des réunions, des fêtes, des banquets. Quant aux demandes d'argent et d'autographes, ce fut pire. Sa bourse était, comme toujours, grande ouverte, et son encrier aussi pour les amateurs d'autographes.



Quelque mobile qui poussât tout ce monde à s'adresser à Rostand, intérêt ou admiration, ce n'en était pas moins touchant, mais combien fatigant ! Pour y échapper, il fuyait l'hôtel ; mais dans la rue il put mesurer sa célébrité mieux encore : les passants le reconnaissaient. Une après-midi qu'il était arrêté devant un magasin de l'avenue de l'Opéra, à l'heure de la plus grande foule, un attroupement se forma autour de lui. Cela se reproduisit souvent.



Les répétitions de Chantecler se poursuivaient. Rostand les dirigeait toutes. Il faisait enrager les acteurs par son obstination tranquille à ne rien laisser passer. A la moindre chose qui clochait, sa main se levait instantanément, arrêtait tout, acteurs, machinistes, et on recommençait jusqu'à ce que tout marchât selon ses désirs. Guitry n'aimait pas beaucoup ça. Il grognait ; mais Rostand, imperturbable, tenait bon, le laissait grogner, avait l'air de ne pas s'en apercevoir, lui faisait reprendre son rôle dans les moindres intonations de voix et les moindres gestes, prenait sa place.


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CHANTECLER EDMOND ROSTAND


Paris ne s'occupait plus que de Chantecler. Le théâtre de la Porte-Saint-Martin était tout enfiévré de l'agitation des acteurs, des machinistes, des décorateurs. Au dehors, l'agitation était aussi grande. Dans les magasins, les salons, les journaux, il n'était question que de Chantecler. Les couturiers étaient débordés, car tout le Paris élégant voulait être à la générale. Cette immense curiosité effrayait un peu Rostand. Enfin, le fameux soir arriva. Ce fut le 7 février 1910.






Du plus petit strapontin de l'orchestre à la plus mince banquette du paradis, toutes les places étaient occupées, et par ce que Paris compte de plus trié sur le volet. De bas en haut, la salle était un vaste scintillement de visages frémissants, de diamants, de toilettes.



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ACTE I CHANTECLER ET SES POULES
EDMOND ROSTAND



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ACTE I L'ARRIVEE DE LA FAISANE
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



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ACTE I L'HYMNE AU SOLEIL
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



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ACTE I LE SOIR DE LA FAISANE
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



A l'instant où le rideau se leva, un silence s'abattit sur cette foule, avide de connaître enfin l'oeuvre dont on lui avait tant parlé.



Tout le temps de la représentation, Rostand demeura dans la coulisse. Debout dans un coin, à l'écart du va-et-vient des acteurs et des machinistes, serré dans un long et mince habit, il semblait impassible. Mais sa pâleur, le geste fébrile dont il ne cessait de tirailler sa moustache, le battement de ses paupières, le mouvement de sa tête penchée vers la salle pour en surprendre les moindres manifestations, disaient assez qu'il ne l'était pas.






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ACTE II L'ODE A LA NUIT
CHANTECLER EDMOND ROSTAND




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ACTE II LE MATIN DU COQ
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



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ACTE III LE JOUR DE LA PINTADE
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



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ACTE IV LA NUIT DU ROSSIGNOL
CHANTECLER EDMOND ROSTAND



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ACTE IV LES CRAPAUDS
CHANTECLER EDMOND ROSTAND




Du premier acte au dernier, le public, tendu dans une émotion qui ne se relâcha pas une minute, s'exprima avec une violence que l'on n'avait certainement pas vue depuis la tapageuse première d'Hernani. Il y eut tous les courants qui peuvent agiter un public de théâtre : enthousiasme, étonnement, recueillement, protestations. Il y eut des fleurs jetées sur la scène, le choeur des crapauds fut souligné par des murmures. Le rideau tombé sur le dernier acte, Rostand fut acclamé et réclamé par la salle. Mais il se refusa à paraître. On insista. Rien n'y fit.



Le succès, dans l'ensemble, fut grand, sans atteindre celui de Cyrano et de L'Aiglon. Il fut, dans une certaine mesure, soutenu par la curiosité.



Les raisons pour lesquelles Chantecler n'eut pas la même carrière glorieuse que les oeuvres précédentes sautent aux yeux. Les indiscrétions, à force de sévir pendant trois ans, avaient fini par agacer le public. Chantecler était devenu une façon d'événement national. Cette première représentation, sans cesse annoncée et sans cesse différée, était un thème à plaisanteries. Et puis, la jalousie s'en était mêlée. Pas mal de gens de lettres et d'auteurs dramatiques ne pardonnaient pas à Rostand d'avoir capté si complètement l'attention et ne se gênaient pas pour exhaler leur mauvaise humeur. Je l'ai déjà dit : Rostand n'était pour rien dans tout ce bruit fait autour de sa pièce. Non seulement il n'y était pour rien, maïs il était le premier à le déplorer et à en souffrir.



Il y eut aussi que le public, généralement incapable de juger quoi que ce soit par lui-même, et qui admire ou dénigre une oeuvre selon ce qu'il entend dire, ne comprit rien à Chantecler, n'en aperçut pas le symbole. Cette nouveauté le déconcerta. Enfin, l'interprétation fut déplorable. Rarement une pièce fut plus totalement desservie. Guitry fut si mauvais qu'on se demanda s'il ne le faisait pas exprès. La façon lourde et uniformément terne dont il joua le rôle du Coq, qui était par-dessus tout lyrique, sentait le sabotage.



Mais, un jour ou l'autre, on reprendra Chantecler. Et mieux montée, mieux jouée, cette oeuvre singulière et géniale rayonnera de toutes ses beautés. Elle n'est pas seulement l'oeuvre d'un merveilleux auteur dramatique, elle est aussi et surtout l'oeuvre d'un grand poète et d'un penseur. Après Cyrano et L'Aiglon, Rostand pouvait aller à des succès plus faciles, il ne le voulut pas. La solitude de Cambo aidant, il regarda la nature et la vie. Et de cette longue et silencieuse contemplation sont sorties l'humaine basse cour de Chantecler où s'agitent toutes sortes d'êtres que nous connaissons pour les avoir frôlés, et cette vaste poésie de la nature dont les cinq actes sont baignés.



Après Chantecler, Rostand devint plus que jamais le point de mire de Paris. Les invitations, les sollicitations redoublèrent. Débordé, ne pouvant contenter tout le monde, fatigué par un séjour qui était un surmenage de chaque instant, il lui tardait de repartir. Malheureusement, mille obligations le retenaient de jour en jour à Paris.



Le printemps vint. Les invitations pouvaient de plus belle. N'y tenant plus, Rostand, cette fois, refusa tout.



Et ce fut le retour à Cambo."



A suivre...




 



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