VINGT ANS D'INTIMITÉ AVEC EDMOND ROSTAND.
Paul Faure a été l'ami et le confident d'Edmond Rostand pendant de très nombreuses années.
LE PEINTRE PASCAU, FAURE ET ROSTAND ET MADAME ROSTAND EN 1902 PAYS BASQUE D'ANTAN COLLECTION MUSEE BASQUE BAYONNE |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Annales politiques et littéraires, sous la plume de
Paul Faure, dans son édition du 15 septembre 1927 :
"1910.
...Rostand trouva dans son émotion d'admirables paroles pour célébrer Coquelin. Il les prononça sur sa tombe, où étaient venus en foule tous ceux qui ne regrettaient pas seulement le grand acteur, mais aussi l'homme charmant qui avait conservé, à travers la renommée, une fraîcheur de gentillesse et de sentiment que l'on ne rencontre pas souvent.
Coquelin n'étant plus, il fallait le remplacer pour le rôle de Chantecler. Le publie s'impatientait, les journaux devenaient ironiques, il n'y avait pas de temps à perdre. Remplacer Coquelin n'était pas chose facile. Où trouver l'artiste capable de porter le poids d'un tel rôle, l'acteur lyrique ayant le grand souffle nécessaire pour faire passer dans le public la vaste poésie de Chantecler ?
Rostand se décida pour Lucien Guitry ; et les répétitions commencèrent avec lui à la Porte-Saint-Martin.
LUCIEN GUITRY LE COQ CHANTECLER |
Dans l'été de 1910, Rostand s'installa avec sa famille à l'hôtel Majestic. A peine y était-il que le flot des visiteurs commença à battre furieusement son appartement, et le téléphone à sonner sans répit. Cela devait continuer tout le temps de son séjour.
A Cambo, il perdait, en quelque sorte, la notion de sa célébrité. Ici, brusquement, elle l'assaillait. Pendant ces mois du Majestic, ce fut autour de lui un invraisemblable défilé de gens de toutes sortes. Dans cet appartement, il y eut chaque jour, du matin au soir, la foule d'une rue. On y vit des mondains et de pauvres diables, des acteurs et des marchands, des inventeurs et des toqués. Les demandes les plus variées tombaient en avalanche autour de lui ; demandes de recommandations, demandes de situations, demandes d'un mot pour lancer un produit, demandes de venir présider des réunions, des fêtes, des banquets. Quant aux demandes d'argent et d'autographes, ce fut pire. Sa bourse était, comme toujours, grande ouverte, et son encrier aussi pour les amateurs d'autographes.
Quelque mobile qui poussât tout ce monde à s'adresser à Rostand, intérêt ou admiration, ce n'en était pas moins touchant, mais combien fatigant ! Pour y échapper, il fuyait l'hôtel ; mais dans la rue il put mesurer sa célébrité mieux encore : les passants le reconnaissaient. Une après-midi qu'il était arrêté devant un magasin de l'avenue de l'Opéra, à l'heure de la plus grande foule, un attroupement se forma autour de lui. Cela se reproduisit souvent.
Les répétitions de Chantecler se poursuivaient. Rostand les dirigeait toutes. Il faisait enrager les acteurs par son obstination tranquille à ne rien laisser passer. A la moindre chose qui clochait, sa main se levait instantanément, arrêtait tout, acteurs, machinistes, et on recommençait jusqu'à ce que tout marchât selon ses désirs. Guitry n'aimait pas beaucoup ça. Il grognait ; mais Rostand, imperturbable, tenait bon, le laissait grogner, avait l'air de ne pas s'en apercevoir, lui faisait reprendre son rôle dans les moindres intonations de voix et les moindres gestes, prenait sa place.
CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
Paris ne s'occupait plus que de Chantecler. Le théâtre de la Porte-Saint-Martin était tout enfiévré de l'agitation des acteurs, des machinistes, des décorateurs. Au dehors, l'agitation était aussi grande. Dans les magasins, les salons, les journaux, il n'était question que de Chantecler. Les couturiers étaient débordés, car tout le Paris élégant voulait être à la générale. Cette immense curiosité effrayait un peu Rostand. Enfin, le fameux soir arriva. Ce fut le 7 février 1910.
Du plus petit strapontin de l'orchestre à la plus mince banquette du paradis, toutes les places étaient occupées, et par ce que Paris compte de plus trié sur le volet. De bas en haut, la salle était un vaste scintillement de visages frémissants, de diamants, de toilettes.
ACTE I CHANTECLER ET SES POULES EDMOND ROSTAND |
ACTE I L'ARRIVEE DE LA FAISANE CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE I L'HYMNE AU SOLEIL CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE I LE SOIR DE LA FAISANE CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
A l'instant où le rideau se leva, un silence s'abattit sur cette foule, avide de connaître enfin l'oeuvre dont on lui avait tant parlé.
Tout le temps de la représentation, Rostand demeura dans la coulisse. Debout dans un coin, à l'écart du va-et-vient des acteurs et des machinistes, serré dans un long et mince habit, il semblait impassible. Mais sa pâleur, le geste fébrile dont il ne cessait de tirailler sa moustache, le battement de ses paupières, le mouvement de sa tête penchée vers la salle pour en surprendre les moindres manifestations, disaient assez qu'il ne l'était pas.
ACTE II L'ODE A LA NUIT CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE II LE MATIN DU COQ CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE III LE JOUR DE LA PINTADE CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE IV LA NUIT DU ROSSIGNOL CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
ACTE IV LES CRAPAUDS CHANTECLER EDMOND ROSTAND |
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