Libellés

jeudi 20 mai 2021

LE CAMP DE CÉSAR À ITXASSOU EN LABOURD EN 1868 AU PAYS BASQUE

LE CAMP DE CÉSAR À ITXASSOU EN 1868.


A Alzuyeta, à Itxassou, se trouve des exploitations aurifères antiques, à un endroit appelé "Camp de César".


pays basque autrefois cambo les bains
CARTE ITXASSOU 1887
PAYS BASQUE D'ANTAN





Voici ce qu'écrivit à ce sujet M. de Quatrefages, dans Les Bulletins et Mémoires de la Société 

d'Anthropologie de Paris, le 2 avril 1868  :



"Sur des mouvements de terrain constituant des travaux de défense, aux environs du camp de César, près de Cambo.



M. de Quatrepages : J'ai fait, il y a cinq ou six ans, une communication sur le camp de César, près de Cambo. J'ai dit que c'est à tort qu'on a appelé ainsi les travaux de fortification que ce nom désigne, car c'est là une station ibérique. Je mets sous les yeux de la Société un plan levé, d'après ma communication, par l'ordre de l'Empereur, un croquis d'une partie du camp, enfin le plan cadastral de la commune.



Aux environs de Cambo, la Nive forme, près le Pas de Roland, une sorte de presqu'île que traverse la route de Bayonne. Après avoir monté pendant un certain temps, on se trouve sur un plateau d'où partent des collines qui s'inclinent du côté de la Nive. Trois de ces collines méritent surtout de fixer l'attention : la colline des Bains, celle de la Bergerie et la colline du Camp. A partir de celles-ci, les autres vont, en augmentant de hauteur, rejoindre les Pyrénées. L'ensemble de ces collines forme le partage des eaux, ainsi que l'indiquent les petits affluents de la Nive.


pays basque autrefois feillet cambo
CAMBO LES BAINS 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le camp de César consiste en mamelons enchevêtrés représentant des montagnes artificielles avec les gorges qui les séparent. L'un d'eux, le Grand Tumulus, a vingt-quatre mètres de hauteur. On a coupé la colline du Camp en deux parties, reliées entre elles par des crêtes étroites, et par des mouvements de terrain, on a fait des collines artificielles.



Telle est, en quelques mots, l'esquisse du camp de César que j'ai décrit dans ma première communication. Mais, à mon premier voyage dans ces contrées, j'avais cru reconnaître des travaux analogues dans une autre colline. L'année dernière, je suis revenu à Cambo, et j'ai profité de ce second séjour dans cette ville pour explorer le pays dans une plus grande étendue. Or ce ne sont pas quelques tumuli que j'ai trouvés, mais un grand ensemble de travaux s'étendant jusqu'à Itsassou, et n'ayant pas moins de trois kilomètres de haut sur deux kilomètres de large. J'en ai rencontré encore au-dessus de l'établissement des bains.




pays basque autrefois cambo feillet
CAMBO LES BAINS 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ces mouvements de terrains que je rattache, je le répète, à une grande station ibérique, sont des travaux de défense. D'un côté, en effet, la berge de la Nive à pic rendait la presqu'île inaccessible, et du côté où la pente est plus douce, on a fait les travaux en question pour empêcher l'accès de cette presqu'île.



Dans la partie qui se rapproche de la ville, j'ai trouvé des traces d'habitations, par exemple des enceintes en pierres sèches, de forme elliptique, et une accumulation de cailloux, évidemment choisis, triés, car ils ont le même calibre. Ils servaient peut-être de projectiles pour se défendre.



En suivant la Nive, on trouve trois enceintes distinctes, mais nulle part les travaux ne sont aussi complets qu'au camp de César. On voit là que ces travaux ont eu pour objet de ne laisser qu'un passage étroit, où l'assaillant devait être arrêté, et qui conduisait à des points de refuge. C'est ainsi qu'il existe un espace circulaire présentant une grande ouverture diminuée par des tumuli. La gorge ou Pas de Roland servait sans doute de dernier refuge.



pays basque autrefois itxassou feillet
LE PAS DE ROLAND ITXASSOU 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ainsi le camp de César n'est qu'un détail de tout un ensemble de travaux groupés sur la rive gauche de la Nive, et dont on retrouve des spécimens sur la rive droite de cette rivière, et même plus loin, sur la route de Bayonne.



M. Bertillon demande à M. de Quatrefages comment il a été conduit à regarder le camp de César comme une station ibérique.



M. de Quatrefages : C'est par exclusion que j'y suis arrivé. Les travaux, en effet, que je viens de décrire, ne sont certainement ni romains, ni celtiques ; d'un autre côté, ils ressemblent aux camps des Ligures : ils ne peuvent être qu'ibériques.



Vers le milieu de l'espace dont j'ai parlé, on a trouvé, coupée dans la roche, une excavation de forme demi-circulaire, remplie de gravier très propre, comme celui de la Nive. Mais, pas plus que dans les camps des Ligures, on n'a rencontré aucun instrument, aucun objet propre à fournir quelque renseignement.



pays basque autrefois cambo feillet
CAMBO LES BAINS 1852
PAYS BASQUE D'ANTAN



M. de Mortillet : La question relative aux camps et à l'époque à laquelle ils remontent est encore très incomplètement étudiée et remplie d'incertitudes.



M. Leguay : Je ne sache rien qui rappelle la disposition des camps de César. Il a fallu, pour ces travaux, beaucoup de personnes et des outils en métal, car on n'aurait pu autrement remuer toute cette terre. L'idée de ménager des sorties défendues par des tumuli rappelle bien la manière de faire des Romains, mais l'enceinte circulaire à cinq issues s'en éloigne. L'emplacement choisi indique une population qui n'avait pas de grands moyens de défense, et peu experte dans l'art de la guerre. D'un autre côté, je ne crois pas que ces travaux remontent à une époque extrêmement ancienne. Il reste donc sur ce point une grande incertitude, et ce n'est qu'avec réserve qu'on doit rapporter ces travaux aux Ibères.



M. de Quatrefages : En Amérique, il est des peuplades qui ont fait, sans outils en métal, des mouvements de terrain non moins considérables. L'enceinte circulaire est un simple carrefour, et non une véritable fortification. L'étendue des travaux montre qu'ils ont été exécutés par une population habitant le pays, et qui a voulu imiter la nature en faisant des collines et des gorges artificielles.



M. Leguay : Je pense aussi que ce sont des peuplades habitant le pays même qui ont fait ces travaux. On en rencontre de semblables à La Varenne Saint-Hilaire , et l'on sait positivement que ce sont les habitants du pays qui les ont exécutés.



M. Girard de Rialle : Je viens de voir le dessin du camp de César, et il m'est venu une idée qui peut en démontrer l'antiquité. Le camp est dominé par des collines plus hautes.

S'il y avait eu à cette époque des machines de guerre lançant des projectiles, c'eût été un très-mauvais moyen de défense. Il est donc probable que l'art de la guerre était encore très-peu compliqué.



M. de Quatrefages : Tous ces ouvrages sont sur un terrain inculte, souvent de gazon, et qui a conservé ainsi d'une manière assez complète la forme des tumuli. Le sommet de ces tumuli est très-étroit ; c'est comme une tour de vigie.



M. Lagneau :  "Il est difficile d'indiquer à quel peuple on doit attribuer ces travaux de terre ; toutefois, on peut remarquer qu'ils ont été élevés dans un pays occupé par les Aquitains, que Strabon nous dit être plus semblables aux Ibères qu'aux Gaëls, dont ils différaient complètement, non seulement par la langue, mais aussi par le corps."



M. de Mortillet : Il y a en France des milliers de travaux semblables. Partout l'homme a fait des camps pour se défendre ; mais nous ignorons complètement quels sont les peuples qui ont fait ceux que nous voyons : on ne connaît bien que les camps romains. Il est donc dangereux de vouloir assigner une date à un camp, sans preuves certaines ; il faut laisser un grand point d'interrogation. Les travaux dont il s'agit ont pu être faits avant l'époque historique ; l'histoire ne peut donc résoudre cette question. J'insiste pour qu'on reste dans un doute prudent.



M. de Quatrefages : Je ne donne pas de date. En me servant du mot ibérique, j'ai voulu dire que ces travaux sont antérieurs aux populations celtiques. Tant qu'on n'y aura pas trouvé un instrument, un objet quelconque, on ne pourra rien dire sur la date, ni même sur l'époque relative.



M. Leguay : S'il y a eu des habitations, les sépultures doivent se trouver dans le voisinage, et il y aurait intérêt à faire des fouilles.



M. de Quatrefages : Ceci me rappelle que j'ai été conduit à penser que c'est près d'Itsassou qu'on pourrait trouver les sépultures.



M. Lagneau : "La présence de travaux de terre analogues dans des régions plus septentrionales que le pays des Aquitains ne serait, peut-être, pas suffisante pour empêcher de les attribuer à des peuples de race ibérienne. Car Festus Avienus nous dit que, très anciennement, dans le nord-ouest de l'Europe, les Ligures furent chassés par les Celtes. D'ailleurs, Denys le Périégète et Tacite nous signalent la présence de peuples ibériens jusque dans les Iles-Britanniques."



La séance est levée à cinq heures et demie. 


L'un des secrétaires : De Ranse."



(Source : https://feillet.bilketa.eus/fr/presentation/les-oeuvres/dessins-et-gravures)



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 400 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire