LE CAMP DE CÉSAR À ITXASSOU EN 1868.
A Alzuyeta, à Itxassou, se trouve des exploitations aurifères antiques, à un endroit appelé "Camp de César".
Voici ce qu'écrivit à ce sujet M. de Quatrefages, dans Les Bulletins et Mémoires de la Société
d'Anthropologie de Paris, le 2 avril 1868 :
"Sur des mouvements de terrain constituant des travaux de défense, aux environs du camp de César, près de Cambo.
M. de Quatrepages : J'ai fait, il y a cinq ou six ans, une communication sur le camp de César, près de Cambo. J'ai dit que c'est à tort qu'on a appelé ainsi les travaux de fortification que ce nom désigne, car c'est là une station ibérique. Je mets sous les yeux de la Société un plan levé, d'après ma communication, par l'ordre de l'Empereur, un croquis d'une partie du camp, enfin le plan cadastral de la commune.
Aux environs de Cambo, la Nive forme, près le Pas de Roland, une sorte de presqu'île que traverse la route de Bayonne. Après avoir monté pendant un certain temps, on se trouve sur un plateau d'où partent des collines qui s'inclinent du côté de la Nive. Trois de ces collines méritent surtout de fixer l'attention : la colline des Bains, celle de la Bergerie et la colline du Camp. A partir de celles-ci, les autres vont, en augmentant de hauteur, rejoindre les Pyrénées. L'ensemble de ces collines forme le partage des eaux, ainsi que l'indiquent les petits affluents de la Nive.
CAMBO LES BAINS 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le camp de César consiste en mamelons enchevêtrés représentant des montagnes artificielles avec les gorges qui les séparent. L'un d'eux, le Grand Tumulus, a vingt-quatre mètres de hauteur. On a coupé la colline du Camp en deux parties, reliées entre elles par des crêtes étroites, et par des mouvements de terrain, on a fait des collines artificielles.
Telle est, en quelques mots, l'esquisse du camp de César que j'ai décrit dans ma première communication. Mais, à mon premier voyage dans ces contrées, j'avais cru reconnaître des travaux analogues dans une autre colline. L'année dernière, je suis revenu à Cambo, et j'ai profité de ce second séjour dans cette ville pour explorer le pays dans une plus grande étendue. Or ce ne sont pas quelques tumuli que j'ai trouvés, mais un grand ensemble de travaux s'étendant jusqu'à Itsassou, et n'ayant pas moins de trois kilomètres de haut sur deux kilomètres de large. J'en ai rencontré encore au-dessus de l'établissement des bains.
CAMBO LES BAINS 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ces mouvements de terrains que je rattache, je le répète, à une grande station ibérique, sont des travaux de défense. D'un côté, en effet, la berge de la Nive à pic rendait la presqu'île inaccessible, et du côté où la pente est plus douce, on a fait les travaux en question pour empêcher l'accès de cette presqu'île.
Dans la partie qui se rapproche de la ville, j'ai trouvé des traces d'habitations, par exemple des enceintes en pierres sèches, de forme elliptique, et une accumulation de cailloux, évidemment choisis, triés, car ils ont le même calibre. Ils servaient peut-être de projectiles pour se défendre.
En suivant la Nive, on trouve trois enceintes distinctes, mais nulle part les travaux ne sont aussi complets qu'au camp de César. On voit là que ces travaux ont eu pour objet de ne laisser qu'un passage étroit, où l'assaillant devait être arrêté, et qui conduisait à des points de refuge. C'est ainsi qu'il existe un espace circulaire présentant une grande ouverture diminuée par des tumuli. La gorge ou Pas de Roland servait sans doute de dernier refuge.
LE PAS DE ROLAND ITXASSOU 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ainsi le camp de César n'est qu'un détail de tout un ensemble de travaux groupés sur la rive gauche de la Nive, et dont on retrouve des spécimens sur la rive droite de cette rivière, et même plus loin, sur la route de Bayonne.
M. Bertillon demande à M. de Quatrefages comment il a été conduit à regarder le camp de César comme une station ibérique.
M. de Quatrefages : C'est par exclusion que j'y suis arrivé. Les travaux, en effet, que je viens de décrire, ne sont certainement ni romains, ni celtiques ; d'un autre côté, ils ressemblent aux camps des Ligures : ils ne peuvent être qu'ibériques.
Vers le milieu de l'espace dont j'ai parlé, on a trouvé, coupée dans la roche, une excavation de forme demi-circulaire, remplie de gravier très propre, comme celui de la Nive. Mais, pas plus que dans les camps des Ligures, on n'a rencontré aucun instrument, aucun objet propre à fournir quelque renseignement.
CAMBO LES BAINS 1852 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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