Libellés

dimanche 2 mai 2021

LES PAROISSES DU PAYS BASQUE NORD PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE : ASCAIN EN LABOURD (première partie)

LES PAROISSES BASQUES PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Pendant la Révolution française, le Pays Basque Nord, avec sa frontière avec l'Espagne a connu de nombreux combats et a souffert avec la déportation de milliers d'habitants en 1794.



pays basque autrefois paroisses
LIVRE LES PAROISSES DU PAYS BASQUE
PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

DE L'ABBE PIERRE HARISTOUY TOME II


Suite à la demande faite par le Pape Pie VI "qu'un monument historique gardât la mémoire des martyrs de nos troubles révolutionnaires", l'Abbé Pierre Haristoy, Curé de Ciboure, entreprend un travail de "titan" et publie en 1895 et 1899 deux tomes de documents concernant les paroisses des cantons de Bayonne, Bidache, Espelette et Hasparren, ainsi que les paroisses de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure pour le tome I et les cantons de Saint-Jean-de-Luz, Ustaritz, Labastide-Clairence, Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais et Iholdy pour le tome II.


Voici ce que publia à ce sujet l'Abbé Haristoy, Curé de Ciboure, en 1899, dans son tome II :



"Canton de Saint-Jean-de-Luz (suite).


Ascain :

Ascain en basque Azkaine. Cette paroisse est citée sous les noms de Escan, vers 1140 ; de Scain en 1235 (cart. de Bayonne, f os 7 et 29) ; — de Azcayn 1302 (ch. du chapitre de Bayonne) ; de Ascaing, 1552 (ch. de Labourd, E. 426) ; — de Sancta Maria d’Ascaing, 1691 (collat. du diocèse de Bayonne).


Sa population en 1050 était de 250 foyers ; en 1718, de 1 560 habit.; et en 1820, de 884. — St-Jacques de Serres était son annexe, qui, en 1650, comptait 13 foyers ; en 1718, 65 hab. et en 1820, 77 habit. Ce déplacement de chiffres dans la population doit être attribué à la navigation.


La cure était à la collation de l’év. de Bayonne ; ses revenus consistaient dans les dîmes et prémices évaluées 1500 1. dans le casuel et les offrandes s’élevant à 200 l. ; charge de la cure, un vicaire 200 l., net 1.500 1. La fabrique avait un revenu de 200 1. — Les prébendes étaient celles de Bordarianea (12 messes, fondées le 11 mars 1070), N. ; de Joananea N. ; de Marcenea, net 79 1. 2 s. ; d'Etcheverria de Serres N.


L’église de Serres, placée entre les immenses bois de St-Pée et de St-Jean-de-Luz, était anciennement la chapelle d’un hôpital avec cimetière. Nous savons que des inhumations ont eu lieu dans ce cimetière. Mais la chapelle a été changée de place. Par la loi du 12 juillet 1792, Serres devint succursale de St-Pée, et Ascain succursale d’Urrugne. Ancienne commune, Serres fut supprimée en 1845 et partagée entre Ascain et St-Jean-de-Luz.


pays basque autrefois serres
SERRES ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN


La paroisse d’Ascain possédait une autre chapelle privée, celle d’Ascubia interdite au 18e s. — Ascubia, une des plus belles maisons ou villas du pays, a été bâtie par Mgr de Sossiondo, év. de Bayonne. Dans une pièce du rez-de-chaussée que nous croyons être l’ancien salon, au dessus d’une belle cheminée, on voit trois pierres horizontales avec des fleurs de lys, croix grecque, une mitre etc. cette inscription : Jean de Sossiondo, évêque de Bayonne — Dieu soit en aide. 1575. La vieille Ascubia, qui pouvait être la maison des anciens seigneurs d’Ascain si souvent mentionnés dans le livre d’or de Bayonne et ailleurs, était plus bas que celle qui avait été bâtie par Mgr de Sossiondo.



pays basque autrefois manoir
MANOIR DASCOUBEA ASCAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ascain a donné le jour à Jean-Robert de Sossiondo, évêque de Bayonne de 1566 à 1578 ; — au Père Clément d’Ascain, capucin et prédicateur célèbre (1696-1781) ; — à N. prêtre de la maison Harguibelea, brûlé en place publique de son pays natal, lors du trop célèbre procès des prétendus sorciers du Labourd, sous d’Espaignet et de Lancre du Parlement de Bordeaux ; — au P. Chourio, savant jésuite, dont Tournely a dit : "Si j’avais connu la théologie du P. Chourio, je n’aurais pas fait paraître la mienne ; la sienne est meilleure" ; — à Jean-Baptiste Duhalde, un autre fameux jésuite (1674-1743), que certains biographes font naître à tort à Paris ; Pierre d’Etchegaray, né vers 1662 tenant école dans sa paroisse natale ; — Dominique Heuty, né vers 1666 ; — Chrisante d’Arrayoague, né vers 1678 ; Martin d’Arrayoague, né vers 1682 ; — Jean Duverger, né vers 1705, prêtre en 1729, vicaire à Anglet, à Espelette, rentré chez lui, puis nommé curé de Biarritz en 1740 ; — Noël Duvergier, traducteur en basque de l’Imitation de la Vierge en 1778 ; — Pierre Lassègue, né à Vittoria (Espagne) de parents originaires d’Ascain, ordonné à Bayonne le 3 janvier 1730.


Des prêtres employés dans la paroisse nous pouvons nommer :

Jean de Lespès, promoteur du diocèse en 1702, année où il bénit le mariage de son frère Sauvade, seigneur de Hureaux, avec demoiselle du Buix, tous de Bayonne ; — Jean d’Olhabide, né à Ainhoa vers 1685, curé d’Ascain en 1717 ; —Pierre Bidart, né à Isturitz, vicaire à Ascain.


A la Révolution de 1789, la cure d’Ascain était occupée par Joachim-Bernardin Rivière, né à Vigera (Espagne) le 21 mai 1733. Il avait pour vicaire Jean Delissalde, né à Larressore, le 16 avril 1756, de Martin D. et de Gratianne Alday. Tous les deux se refusèrent soit à publier le mandement de Sanadon, soit à prêter le serment constitutionnel. L’abbé Rivière occupa la cure jusqu’au 24 septembre 1792 où il fut déporté et ses biens séquestrés. Il dut se tenir à la frontière, car son nom figure sur les registres des baptêmes jusqu’en 1797. Alors il disparait pour rentrer dans sa paroisse en 1801, dont il se démit le 1er janvier 1811 : il mourut le 22 décembre 1816. On verra plus bas comment sa sœur Marianne obtint en 1797 de l’administration centrale d’être mise en possession des biens de son frère. — Le vicaire ne figure pas comme le curé, sur la liste du nouveau clergé du district d’Ustaritz au mois d’avril 1792. Il avait dû émigrer pour cette époque. Il est mort curé d’Arcangues le 10 mai 1827.



La paroisse d’Ascain fournit à l’hôtel de la monnaie à Bayonne :

1 lampe 21 m ; 1 encensoir 4 m 5° ; 1 croix dorée 15 m 6° ; le tout d’argent ; autre croix d’or ou d’argent doré 16 m et 1/2; autre lampe d’argent 14 1. 8°; galons d’or 5 m 2° ; galons d’argent 4 m 6° . Voyez pour cette paroisse et celles du Labourd qui suivent, l'Appendice du t. 1 de cet ouvrage. On y donne les inventaires des objets enlevés de nos églises.



Nous avons donné plus haut  le nombre des internés et des victimes de cette commune et d'autres voisines : Sare, 695 ; Ascain, 416 ; Itxassou, 271 ; Espelette, 124 dont 17 morts ; Ainhoa, 84 dont 16 morts ; Souraïde, 38 dont 10 morts ; Larressore, 58 dont 11 morts ; Ustaritz, 58 dont 6 morts ; Cambo, 77 ; Louhossoa. 11. Total 1835 individus. 


— Rien ne fait connaître la note révolutionnaire d’une localité comme les délibérations de sa municipalité ; à ce titre, nous donnons ici quelques délibérations municipales des communes du canton de Sare. Nous les devons à l'obligeance bien connue du docte Monsieur Wetworth Webster, de Sare, qui les a tirées du registre de cette commune.

"1796.

21 février 1796. La fête de l’anniversaire de la mort du tyran Capet n’ayant pas pu être célébrée plus tôt... toutes les autorités du canton de Sare se sont rendues sur la place publique, et, près de l’arbre de la Liberté vers l’heure de midy, avec une foule d’habitants... Dans un discours que nous avons prononcé, nous avons fait entendre le sujet de la fête... en retraçant les crimes dudit tyran et les avantages que le républicanisme doit procurer à tous les français ; aussitôt le peuple s’est écrié unanimement et à diverses reprises : Vive la République, haine aux tyrans ! et la fête s’est terminée par des danses publiques.



19 Mai. Sur la demande du citoyen E. C. d’établir des écoles primaires et de loger l’instituteur dans le presbytaire (sic)... l’assemblée arrête que ces écoles seront établies à Ascain, Sare et Ainhoa, aussitôt que les réparations seront faites dans lesdits presbytaires.


4 Juin. Les plus proches parents de Bte Letchipi, prêtre déporté, demandent que ses biens soient restitués. Le séquestre est levé et les biens restitués.


17 Juillet. Le propriétaire de la maison d’Achaflabaita d’Ascain, fait prisonnier par les espagnols, rayé de la liste des émigrés, obtient d’être réintégré.


3 Août. Martin Pagès d’Ascain sollicite la levée des scellés apposés sur les biens d’Ascombea et de Chimildeguia, lors de l’arrestation de sa femme et de ses deux fils Baptiste et Alexis. — Martin et Dominique Pagès, cultivateurs, cernés, le 3 octobre 1793, dans leurs domiciles par un détachement du 4° bataillon de l’armée des Pyrénées occidentales s’évadèrent en Espagne... ils rendirent tous les soins possibles au citoyen Durand, prisonnier français à Burgos, pour adoucir les malheurs d’une dure captivité et finirent par obtenir, le 3 août 1796, d’être rayés de la liste des émigrés. La radiation ne dut pas être définitive, car le 22 septembre 1797, Martin Pagès prit le chemin d’Espagne, laissant sa femme et ses enfants sous la protection de la loi.


18 Juin. Les communes du canton de Sare sollicitent la décharge des impositions arriérées et courantes. Le ministre des finances la leur ayant refusée par lettre du 5 mai 1796, parce qu’elle ressemblait trop à un privilège, la commune de Sare adressa une nouvelle réclamation. Par une nouvelle pétition, en date du 30 prairial an IV (18 juin 1796), elle "représente qu’il est de toute impossibilité aux habitants de ce canton d’acquitter les contributions ; que pour établir cette impossibilité, on rappellera en détail tous les fléaux qui se sont réunis à rendre cette commune l’objet de la commisération publique, de laquelle seule ses habitants vivent depuis leur rentrée dans leurs foyers ; que d’environ cinq mille habitants qui composoient ce canton avant la guerre, au moins les deux tiers ont été incarcérés et retenus en internat dans l’intérieur pendant toute une année ; que près de la moitié de tout cela y a péri de chagrins, de faim et de misère, que la majeure partie du surplus d’hommes était dès lors, comme à présent, au service de la république dans les armées de terre et de mer ; ce qui rend une agriculture autrefois florissante, à peu près nulle par le défaut de bras de cultivateurs ; que les pillages scandaleux qui y ont été faits d’abord par les troupes, ensuite et plus particulièrement par l'affreuse commission établie pour diriger la mesure de l'internat suscitée dans cet objet n’y a laissé absolument que les masures presque partout sans planches, soliveaux, portes ni fenêtres ; que tous les meubles, soit meubles meublans, or et argent, bétail, linge, habits tout ce qu’enfin comprend le mot meuble y a été dévasté, pillé, vendu, détruit à tel point qu’en revenant ou de leur fuite ou de leur prison, ou de leur exil, nos malheureux habitants n ’ont pas trouvé ou reposer leur tête.


Qu’à peine quelques-uns ont commencé à se couvrir, à fermer leurs maisons par les secours de leurs voisins, tandis que la majeure partie couche encore sur la paille et quette le pain maïz dont il se nourrit et que très souvent il lui manque ; le gouvernement leur demande les impositions non seulement courantes, mais même celles qui ont couru pendant le temps que les fruits de leur terre étaient récoltés pour le compte ou sur le nom de Nation par des séquestres établis par des monstres dévastateurs.


Le gouvernement d’une république fondée sur la justice, sur l’humanité et sur la fraternité seroit-il donc le seul insensible au tableau déchirant de notre affreuse situation?..."



Nous avons dit plus haut qu’après plusieurs pétitions la commune de Sare obtint, en deux fois, pour toute compensation la somme de 1 400 l. 26 s., soit en moyenne à peu près 10 l. par personne.


17 Juillet. La pétition du citoyen cadet Robert Petit d’Ascain, en date du 29 messidor an IV (17 juil. 1796), établissant ses malheurs personnels, sa fuite à l’étranger, son incertitude pour rentrer de son exil dans un pays où le sang coulait par flots sur les échafauds dépeignant la désolation de Sare et d’Ascain, communes les plus éprouvées du canton, n’est pas moins douloureuse... Le pétitionnaire réussit à se faire rayer de la liste des émigrés et à faire lever le séquestre de ses biens le 22 juil. 1796.


22 juillet. Robert Petit, dit Cadet, "enfui", au mois de mars 1794, époque des plus furieuses arrestations, est réintégré après avoir fait lever le séquestre de ses biens.


28 août. Déclaration des décès de Julie Elissale, propriétaire de la maison Dominicharena d’Urrugne, et de sa sœur Marie enfuies devant les persécutions "Robespierrines". Elles moururent à l’hôpital de Barbastan (Aragon), leurs héritiers sont admis à bénéficier des dispositions favorables de la loi."



A suivre...



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 6 000 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire