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lundi 10 mai 2021

LA VIE CHÈRE AU PAYS BASQUE NORD EN JUILLET 1926

LA VIE CHÈRE EN 1926.


En 1926, la France connaît un taux d'inflation de plus de 31% et cela a de nombreuses conséquences pour les consommateurs.



VIE CHERE
BLAGUE 1ER AVRIL




Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 5 juillet 

1926 :



"La lutte contre la vie chère La "Frigo" à Bayonne. Une boulangerie coopérative à Biarritz.



Pour combattre la vie chère, la Municipalité de Bayonne a songé à établir une boucherie de viande frigorifiée. Il faut espérer que cette in novation rencontrera auprès du public le même succès que celle du comptoir des légumes. 



Il existe encore, chez certains, un préjugé contre la viande congelée. C'est une prévention sans fondement, due à l'ignorance du public, à sa méfiance contre toutes les nouveautés. 



Il faut savoir que la viande congelée vaut la viande fraîche. Une des plus éminentes autorités vétérinaires, M. le professeur H. Martel, directeur du Service Vétérinaire à la Préfecture de police, membre de l'Académie des Sciences, écrit, ceci : 


"De tous les aliments, la viande fraîche est certainement la plus coûteuse. Il ne faut donc pas s'étonner si les bourses modestes recherchent un aliment de remplacement de prix moindre, capable de fournir à l’organisme un nombre égal d’éléments reconstituants. A cet égard, la viande congelée constitue l’aliment de remplacement idéal."



Pour faire de la bonne cuisine avec les viandes congelées qui ne sont autre chose que des viandes fraîches conservées exclusivement par le froid, il faut les employer comme les viandes fraîches sous aucune opération préalable, telle que l'ébouillantage. Il faut ne rien changer à sa manière habituelle de procéder et traiter ces viandes congelées exactement comme si elles arrivaient de chez le boucher ordinaire. 



En Angleterre, on consomme 75 p. 100 de viande congelée et 25 p. 100 seulement de viande fraîche. En France, en 1924, on consommait 5 p. 100 de viande congelée et 95 p. 100 de viande fraîche. Depuis huit mois, la consommation de la viande congelée a augmenté en France dans d'énormes proportions et aujourd’hui on consomme 40 p. 100 de viande congelée et 60 p. 100 de viande fraîche. 



En ces temps de vie chère nul n'a le droit de rejeter un facteur d'économie. 



Or, nous ne saurons trop le répéter, la viande frigorifiée présente toute les garanties désirables au point de vue de la qualité et de la salubrité. 



En effet, elle provient d'Argentine, pays de pâturages et d'élevage intensif où la qualité du bétail est superbe. Avant que d'être livrée au public, la viande subit trois inspections rigoureuses à l'abattage, à l'embarquement et à l'arrivée à l’entrepôt en France. 


MARQUE DU BETAIL ARGENTINE 1902


La municipalité a fait établir le frigorifique aux Halles selon les meilleures méthodes ; les viandes y arrivent par wagons frigorifiques complets. 



Il faut que le public ait confiance et qu'il fasse un essai loyal de cette viande congelée, il réalisera une économie certaine tout en améliorant son ordinaire. 



Le nouvel et important immeuble que Biarritz-Coopérative fait élever rue Jean-Jaurès au coin de l’avenue du Maréchal-Foch, n’est pas encore achevé ; mais on a terminé l'installation de la boulangerie et celle-ci a été inaugurée hier.



Vers dix heures et demie, toutes les personnalités officielles sont réunies dans l’immense sous-sol, qui, dans quelque temps contiendra des tonnes et des tonnes de vin. Pendant ce temps, de l'autre côté de la boulangerie, on travaille ferme pour que tout soit prêt tout à l’heure : il y a un quart d'heure seulement que l'eau a été donnée, et aucun four n’a eu seulement un essai préparatoire. Mais cela n’a pas d'importance puisque tout à l'heure, tout fonctionnera dans la perfection. Et bientôt, à la suite des personnages officiels : M. Bilange, sous-préfet de Bayonne ; M. Petit, maire de Biarritz, M. Cayrel, député de la Gironde, membre du Conseil supérieur de la Coopération ; M. Cantin, secrétaire général de la Fédération Nationale des Coopératives ; M. Augey, conseiller général ; MM. Bassagaitz, président et Sarraude, secrétaire général de Biarritz-Coopérative ; MM. Jules Patou, Deyhérassarry, Gestas, Giraudel, Lacour, conseillers municipaux ; M. Cazauran conseiller d'arrondissement ; M. Manoton de Bayonne ; etc... nous pénétrons dans la boulangerie où l'atmosphère, surtout près des fours, est d'une douce tiédeur ! ! ! La salle très grande, est bordée tout autour de sortes de larges établis de bois blanc sur lesquels, à un certain endroit, la pâte tombe toute faite, de l'étage supérieur. Pour le premier essai, on a préparé sur des tôles, des croissants. Au fond, une muraille de carreaux d'épaisse faïence blanche et brillante, sur laquelle viennent trancher les aciers des portes des quatre fours. Ces portes se lèvent moyen d'un contre-poids, et, éclairés par de puissantes lampes, apparaissent les fours énormes où des quantités considérables de pain pourront cuire à température égale, automatiquement réglée et dans le minimum de temps, avec le minimum de main-d'œuvre. 



Mais on apporte une tôle couverte de croissants et c'est M. le sous-préfet qui, le premier, a l'honneur de l'enfourner. Un jet de vapeur est préalablement envoyé dans le four qui donnera aux croissants leur belle teinte dorée. M Bilange se montre mitron fort habile et après lui M. Petit essaie ses talents, et c’est, tour à tour, à chacune des personnalités présentes de glisser sa fournée au bout de la longue perche. Sept minutes après, les premiers croissants réapparaissent, dorés, odorants, appétissants. On félicite M. Bilange de l'heureux résultat de sa fournée et l’on rompt le croissant de l'amitié, qui est on ne peut plus délectable. 



La foule, pendant ce temps, s'est sensiblement accrue, et comme les mitrons — les vrais — vont commencer l'enfournage des grands pains, il est bon de leur laisser le chemin libre. D'ailleurs, c'est l'heure des discours et là-haut, dans une future salle, toute parée de feuillages, sur l’estrade fleurie et ombragée de palmiers et bambous MM. Bilange, Petit, Cayrel, Augey, Bassagaitz et Sarraude vont prendre place. 



Le discours de M. Bilange.



M. Bilange, le premier, prend la parole, et présente tout d'abord les excuses de M. le Préfet, empêché d’assister à la cérémonie. Après avoir félicité Biarritz-Coopérative et les admirables organisateurs qui sont à sa tête, M. Bilange dit que les merveilleux résultats obtenus par Biarritz-Coopérative prouvent qu'il se faut se garder de se moquer des utopistes d'hier qui sont les réalisateurs d'aujourd'hui. Rappelant ses récentes impressions de mitron, il déclare plaisamment qu’il ne s'est jamais senti le bras aussi long, et, évoquant la belle couleur dorée des croissants, il croit voir les vastes plaines de France, couvertes de blé d'or, du blé d'hier qui sera le sang de demain. Il souhaite que les agriculteurs intensifient la production de notre blé de France, afin de donner à tous les Français le pain dont ils ont besoin. 



Le gouvernement a promis sa protection aux coopérations, car la coopération n'est que la mise en pratique du grand précepte : "Aidons-nous les uns, les autres !" 



M. Bilange fait des vœux pour que les coopératives de consommation soient le prolongement des coopératives de production en supprimant les intermédiaires. Ce sera le seul moyen véritablement efficace pour lutter contre la vie chère, et régler le cours des marchés, et, en terminant, M. Bilange souhaite que la production si nécessaire au relèvement de notre pays, puisse se réaliser dans la paix intérieure et dans la paix et dans la justice extérieures...



...Le discours de M. Camin 



M. Camin, secrétaire général de la Fédération National des Coopératives, prend à son tour la parole, et déclare qu'il n'a vu nulle part un effort aussi puissant, aussi considérable que celui qu'il a constaté à Biarritz. 



La coopération est la puissance économique qui transforme l’économie générale. Ce qu'il faut, c'est organiser la production pour les besoins de la consommation et supprimer la série des intermédiaires, les véritables fauteurs de la vie chère. Et M. Camin cite en exemple tel produit qui se vendait aux Halles Centrales plus de 1 200 francs et qui ne rapportait au producteur que 112 francs ! ! ! Sur l’initiative du sénateur Chanal, un projet de loi a été déposé, tendant à permettre l'entente entre la coopération agricole et la coopération de consommation ; mais le projet est pendant depuis deux ans ! 



Malgré les campagnes de calomnie, malgré les difficultés économiques, le mouvement de coopération prospère et l'Alliance de coopération internationale a obtenu d'être représentée à la coopération économique qui doit se tenir, après l'Assemblée générale de la S. D. N. La coopération apporte non seulement la satisfaction immédiate pour le prix et la qualité, mais encore elle fait naître chez tous ses membres l'espoir dans un idéal social chaque, jour plus élevé, espoir de solidarité et de paix, car la coopération assurera la paix économique du monde.  



Une allocution de M. Bassagaïtz



Enfin, M. Bassagaïtz, le sympathique et dévoué président de Biarritz-Coopérative, termine la série de discours. Il remercie toutes les personnalités présentes et, répondant à M. le Maire de Biarritz, il déclare que la coopération ne dresse pas d'armes contre les commerçants de Biarritz. "S'il y a 21 boulangers, nous serons le vingt-deuxième. Nous ne voulons faire de la Coopération qu'une arme de paix." 


M. Bassagaïts termine en remerciant tous ceux qui contribuèrent à l’édification et à l'installation du nouvel immeuble et qui y ont travaillé avec dévouement et ardeur."



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