LE SVASTIKA EN 1927.
Le svastika ou swastika, est un symbole que l'on retrouve en Europe (y compris dans l'art catholique), en Afrique, en Océanie, aux Amériques et en Asie jusqu'en Extrême-Orient.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Revue Internationale des Etudes Basques, en Octobre-
Novembre 1927, sous la plume de Ramon de Berraondo (Martin de Anguiozara) :
"Le Svastika consiste en une sorte de croix "gammée" gravée, dessinée ou sculptée qu’on rencontre dans les temples boudhiques, sur des vases de Béotie, des monuments persans, des monnaies indiennes et aussi dans la céramique de Numance. C’est une des formes primitives de la figuration de la croix, dans son expression la plus simple.
VASE CHINOIS VERS 2300 AV J.C. |
CERAMIQUE DE NUMANCE |
Le mot svastika dérive du sanscrit, idiome mère des langues des Indes. Il en est qui prétendent que le svastika est un diagramme mystique de bon augure, tandis que des archéologues le considèrent comme une figure solaire et d’autres comme un emblème de l’amour ; certains enfin comme un symbole du feu, de la flamme, de rayons, du tonnerre, du mouvement, de l’air. On a cru également y voir un rappel de la croix du Sauveur ; mais sa découverte en Amérique précolombienne a démontré l’inanité de cette opinion.
Il se présente dans le pays basque sous forme rectiligne et curviligne. La première que nous avons trouvée à Irissarry (Basse-Navarre), avec crochets à droite ou à gauche, s’apparente au labarum rectiligne encore en usage dans l’extrême Orient.
On le trouve associé à la roue solaire, au soleil aux rayons hélicoïdaux, antiques emblèmes du disque en mouvement que j’ai rencontrés employés, avec profusion, sur la façade d’une antique maison d’Hernani (Guipuscoa), sur la porte cochère de la maison forte de Haramburu à Sare (Labourd), au-dessus du portail principal de l’église d’Urdax (Navarre), sur le bénitier d’Espelette, ainsi que sur des pierres plates tombales, des stèles discoïdales, des inscriptions de maisons, des bouches de fours et des meubles.
BENITIER ESPELETTE LABOURD PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je l’ai vu à Dancharinea et à Urdax joint au sceau de Salomon dont se servait Sanche Abarca pour signer, à Elissondo et à Errasu, dans la vallée du Bastan (Navarre).
Le svastika curviligne à bords arrondis se trouve nettement à Biriatou, à Zugaramurdi et sur des pierres tombales labourdines et bas-navarraises. Tandis que les variétés précédentes ne sont pas exclusives au pays basque, cela saute aux yeux pour cette forme de svastika curviligne à bords arrondis qui ressemble à un trèfle à quatre feuilles ; ce qui nous permettrait de le regarder comme le véritable signe oviphile et pastoral euskarien de haute antiquité, emblème d’une secte religieuse antérieure au christianisme et ressortissant à un genre d’idolâtrie. Les anciens cultivaient l’astronomie. L’observation de la voûte céleste fut la principale préoccupation de ces âges où les Dieux étaient les lois astronomiques personnifiées ou symbolisées.
Comment sont venus jusqu’à nous ces curieux types d’ornementation ? Est-ce un héritage des antiques cultes solaires ou une figuration venue de l’Inde ? Il est possible que les Romains aient adopté le labarum des Basques et que ces derniers le leur firent connaître, heureux de retrouver loin de leur patrie ce signe particulier, comme le pensait le P. Fidel Fita.
Aujourd’hui le svastika et les roues solaires ne sont plus au pays basque que des motifs de décoration ayant perdu leur signification primitive. Le christianisme a fait disparaître les légendes et les pratiques naturalistes de l’époque pastorale. Mais on continue à utiliser comme motifs de décoration ces amulettes et emblèmes des pasteurs astronomes primitifs voués à l’étude contemplative du firmament. Le zinginari de Zarauz qu’a fait connaître M. Barandiaran n’est qu’une roue solaire.
La mode du svastika et du soleil se conserve encore de nos jours, bien que nous ignorions le secret des signes rituels tracés sur des objets qu’il nous est donné de voir ; de même que le vulgaire garde la coutume de l’anneau de mariage, sans savoir qu’il est le symbole de la fidélité conjugale et que sa forme circulaire indique l’éternité de l’alliance contractée. M. Camille Jullian a vu en 1900 un sculpteur basque gravant à Cambo (Labourd) un svastika dont il ignorait la signification.
En 1900, l’auteur du roman "Morguy la Sorcière" assurait que le culte solaire se pratiquait encore dans un coin retiré de la Soule. J’enregistre un peu étonné cette affirmation de M. Max de Marande ; mais il ne me coûte pas de reconnaître que nos antiques montagnards, en majeure partie pasteurs, se réunissaient pour célébrer les rites nocturnes solsticiels, équinoxiaux ou de certaines constellations. Le culte solaire, remonte à l’antiquité la plus éloignée dans toutes les contrées et les représentations solaires sont fréquentes dans tous les temps. La façade de Sta-Maria de Uribarri à Durango (Biscaye), représente la voûte céleste constellée d’étoiles, avec le soleil et la lune aux deux extrémités. A Berastéguy (Guipuscoa), on dit que le soleil est l’œil de Dieu ; et à Berastéguy et à Abadiano (Biscaye), que la lune est la face du Tout-Puissant. Au Musée Municipal de Saint-Sébastien (Musée Basque, Ethnographie), on voit un moule à fromages en bois ouvragé de motifs d’ornementation avec des étoiles et un soleil à rayons circulaires.
LIVRE MORGUY LA SORCIERE DE MAX DE MARANDE |
EGLISE SANTA MARIA DE URIBARRI DURANGO BISCAYE |
Le socle de la pierre à contexture de sable de la croix monumentale érigée devant l’église paroissiale d’Hendaye porte gravés le soleil et la lune, tous deux avec des figures humaines, le soleil entouré d’un cercle qui lance des rayons de feu.
LA CROIX DE L'EGLISE HENDAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire