UN REPAS DE DEUIL À IRISSARRY EN 1842.
De nombreuses traditions concernant les rites funéraires ont été conservées, en Pays Basque Nord, en particulier en Basse-Navarre.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Patrie, le 5 septembre 1842 :
"Variétés.
Sous le titre de Moeurs Basques, le journal le Phare des Pyrénées nous transmet les détails suivants qu’il extrait d’une de ses correspondances :
"Les usages et les mœurs du pays basque ont un caractère particulier, comme la langue, comme les sites de cette province ; c’est un peuple à part qui conserve habitudes sociales dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Notre civilisation ne s’infiltre que goutte à goutte et par les extrémités dans cette race à part, qui a conservé l’énergie, les vices et les vertus d’une époque qui n’est plus. Je veux vous donner un exemple d’une des coutumes étranges qui le distinguent, et dont j’ai été en quelque sorte le témoin il y a quelque temps ; tous les détails sont d’une exactitude rigoureuse.
DEUIL AU PAYS BASQUE AUTREFOIS |
"J’herborisais le long de la chaîne des Pyrénées. Lorsque je parvins au village d’Irisarry (village situé sur la route de Bayonne à St-Jean-Pied-de Port, à dix-huit kilomètres de ce dernier), une jeune femme de cette localité, appartenant à une des meilleures maisons de l’endroit, venait de mourir ; il s’agissait de la cérémonie des funérailles. Comme elle devait se faire d’une manière proportionnée à l’importance de la famille de la défunte, trois cents personnes furent conviées. Vous eussiez vu arriver tout ce monde au jour fixé, par tous les sentiers qui aboutissent à Irisarry ; les femmes, la tête ensevelie sous d’épaisses mantes noires, et les hommes enveloppés de leurs sombres manteaux. Cependant la maison mortuaire était livrée à la plus grande activité ; il s’agissait du festin qui suit l’enterrement. Tout le voisinage avait été mis à contribution pour se procurer les tables, les chaises, les couverts, les plats, enfin tout l’attirail nécessaire à un immense repas.
DEUIL PAYS BASQUE D'ANTAN |
A peine le corps enlevé, tout prit un aspect nouveau pour recevoir dignement les assistants ; la chambre même où était morte la jeune femme fut transformée en lieu de festin,, car il faut que tout le monde s’asseye. Vingt serviteurs, guidés par le mari, ont fait les honneurs du repas. Voici littéralement ce qui a été consommé à cette occasion :
1 Veau,
4 Moutons,
50 Kilog. de viande de boucherie,
80 Poulets,
12 Conques de froment (à 2 conques et demi par hectolitre.)
2 Barriques de vin de 280 litres chacune.
DEUIL A GUETHARY PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Enfin les choses se passèrent comme il arrive ordinairement en pareille circonstance.
Aux pleurs, aux lamentations, au recueillement, succédèrent le tumulte et les accents de la joie. Souvent plus d’un convive s’enivre. La tristesse fuit en toute hâte un logis où l’on sait si bien s’arranger de la vie. Il advient parfois que, la gaîté s’animant, on arrange, le verre à la main, un prochain et un nouveau mariage. Le soir, chacun regagne son toit en éveillant les échos voisins par le cri basque, heureux quand le bâton conserve ce jour une modération inaccoutumée.
CAPE DE DEUIL PAYS BASQUE D'ANTAN |
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