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mardi 14 novembre 2023

L'EXPLORATION SOUTERRAINE DES BASSES-PYRÉNÉES AU DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE (deuxième et dernière partie)

 

L'EXPLORATION SOUTERRAINE DES BASSES-PYRÉNÉES AU DÉBUT DU 20ÈME SIÈCLE.


Depuis des milliers d'années, les Basses-Pyrénées et en particulier la province de la Soule, au Pays Basque, possède des canyons, des gouffres et des abîmes.


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CAÑON DE KAKOUETA SOULE
ENTREE DU GRAND ETROIT



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Dépêche Coloniale, le 29 août 1910, sous la plume 

de Frédéric Lemoine :


... La forêt d'Iraty et les canons voisins. 

— La source de la grande Nive, en amont de Behérobie, sort d’une grotte où il y aurait lieu d'étudier la possibilité d'un serrement comme à Bidouze et à Fontaine-l’Evêque.



Ces eaux sont en relation plus ou moins directe avec de nombreux gouffres atteignant 100 mètres et plus de profondeur (forêt d'Orion) et où les bergers franco espagnols continuent à jeter les bestiaux morts. Le plus vaste est précisément à cheval sur la frontière ; il était rempli de charognes. Il y aurait lieu de provoquer en Espagne l’interdiction de cette pratique.



La forêt d’Iraty, une des plus belles d’Europe, est en fait inexploitée et devrait être reboisée dans sa partie supérieure ; mais les améliorations qui rendraient ainsi utilisables environ 5 600 hectares de bois ne pourront être effectuées tant qu’une modification de frontière n’aura pas eu lieu.



En effet, la majeure partie de la forêt, quoique sur le versant des eaux espagnoles, appartient à la France. Celle-ci n’a donc aucun intérêt à réaliser un travail de reconstitution qui profiterait uniquement à la nation voisine ; d'autre part, et faute de chemins, l’exploitation par la France est impossible.



L'absurde tracé des frontières du pays basque entraîne donc cette conséquence, que la merveilleuse forêt d'Iraty ne profite à personne.



Il y aurait lieu de conseiller à la diplomatie l’échange de la forêt d’Iraty française contre le Val-Carlos espagnol.



Pour l'étude des profils en long des torrents on a relevé ceux des trois canons d'Uhadjarré, de Cacouette et d’Holcarté-Olhadibie qui se rangent tous trois, au point de vue pittoresque, parmi les grandes curiosités de la France.



Le premier est presque complètement desséché par les captures souterraines de son torrent. 



Dans le second une dizaine de cavités curieuses amènent encore, pour la plupart, des résurgences qui n'ont pas encore crevé partout leurs supports marneux, mais qui fournissent d’innombrables signes de dessiccation progressive.



L’une d'elles, le trou du Mouton, est la base et l'issue — débitant encore un filet d’eau — du grand abîme du Heyle (trou d’Audiette), qui aurait 265 mètres environ de profondeur totale ; par en haut, on n'a pu le descendre qu'à 35 mètres à cause des chutes de pierres, mais il a été sondé jusqu’à 150 mètres ; par en bas, on l’a remonté jusqu’à 65 mètres de hauteur ; une expérience de matériaux jetés dans le gouffre a prouvé la communication ; avec une solution de continuité de 50 mètres, il est donc virtuellement connu et indique nettement comment les absorptions des plateaux débouchent dans les talwegs qui les drainent. C’est une constatation des plus curieuses.



Le projet de barrage du gave de Mauléon, dont la concession a été demandée le 25 février 1909, devra être sérieusement examiné et considérablement modifié parce que, tel qu’il a été conçu, il est irréalisable, inutile et nuisible.



Le canon d’Holcarté-Olbadibie surtout est une merveille unique, entièrement inconnue avant les recherches de 1908 et 1909 qui en ont exploré une étendue de 3 800 mètres sur 4 400 ; le surplus s’étant montré complètement impraticable.



Il est du plus haut intérêt que ces canons soient aussi promptement que possible rendus accessibles aux touristes dans l’intérêt général de la région et surtout de la station thermale de Salies-de-Béarn.



Au sud-ouest de Mauléon, le massif de calcaire cétacé de la forêt des Arbailles (ou de la Tigra) entre Aussurucq et Mendive est un véritable château d’eau, tout percé de gouffres — nommés lesias — et de points d'absorption analogues aux pots du Vercors et tout sillonné de vallées desséchées.



La mission y a résolu l'énigme des sources de la Bidouze.



Il y a là deux sources distantes l’une de l’autre de quelques décamètres.



La source de l'Est est de beaucoup la plus intéressante quant à l’intérieur : elle fait découvrir une belle et vraie rivière souterraine coupée de gours ou de barrages de stalagmites.



L’indépendance des deux émergences de ia Bidouze est flagrante. Et, une fois encore, que devient, en présence de ces empiriques et irréfutables constatations, l'abusive théorie des nappes d’eau.



Dans tous les abîmes et entonnoirs des Arbailles, on jette ou il tombe des bêtes mortes, ce qui rend les sources impropres à l’alimentation.



Là encore, il faut surtout respecter scrupuleusement la forêt et toute végétation du massif. Si l’on déboise, les mailles ouvertes du tamis se multiplieront, rien ne régularisera plus la propagation du liquide à travers les conduites de ce château d’eau naturel et les quatre résurgences connues acquerront un régime encore plus capricieux que maintenant. Elles passeront sans transition de l’inactivité a peu près complète, désastreuse pour les irrigations d'aval, à la pléthore inondante qui ravagera tout.



Comme utilisation pratique on doit songer à la capture industrielle de la Bidouze et sa régularisation par un serrement, un rétrécissement artificiel de l’orifice.



A l’est du pays basque, le profil en long du gave d'Ossau-Arousset a établi que les roches dures, telles que le granit, présentent une pente beaucoup plus forte que les schistes et les calcaires ; il en résulte dans les profils des bombements qui rendent la courbe de ces profils bien moins régulière que ne le suppose la théorie géographique actuellement professée.



Dans la partie moyenne du Val-de-Brousset, sur la route du Pourtalet, on pourrait étudier la création d’un barrage qui ferait refluer les eaux sur 2 kilomètres d’étendue. 



Le profil en long du Soussouéou aboutit aux mêmes conclusions que le précédent. De plus, l'emplacement choisi pour le barrage actuellement en cours d'exécution dans cette vallée pour fournir la force motrice électrique aux chemins de fer de la Compagnie du Midi, a été très judicieusement fixé sur des schistes imperméables."




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