Un vol audacieux à main armée fut commis, le 16 mars dernier, dans la commune des Aldudes, au préjudice des époux Etcheverry, riches propriétaires habitant cette localité. C’était un dimanche, vers sept heures et demie du matin ; Marie Bastanchoury, servante des époux Etcheverry, rentrait à la maison, lorsque tout à coup elle se trouva en présence de trois Espagnols à la mine peu rassurante. L’un d’eux, qui était armé d’un pistolet, le lui porta sur la poitrine et lui fit comprendre qu’elle était perdue si elle soufflait un mot.
Après cette pantomime significative, il chargea ses deux camarades de garder cette fille, tandis que lui-même pénétrerait dans la maison, ce qui fut exécuté. A peine entré, il trouva la femme Etcheverry. — Silence, ou vous êtes morte, lui dit-il, en lui montrant le pistolet. La pauvre femme, croyant que son dernier moment était venu, lui demanda quelques minutes pour se reconnaître et pour faire son acte de contrition. Pour toute réponse, il la terrassa au pied du lit et lui jeta une courtepointe sur la tète.
Cependant, les deux autres bandits entrèrent à leur tour, amenant Marie Bastanchoury, qu’ils poussèrent à côté de sa maîtresse et qu’ils enveloppèrent également d’une couverture.
— Ce n’est pas tout, dit l’Espagnol qui était armé du pistolet en s’adressant à la femme Etcheverry, il me faut douze onces d’or. — Je ne les ai pas, répondit celle-ci ; mais, si vous me laissez un peu de liberté, je vous donnerai tout ce que j’ai en mon pouvoir. Les brigands la dégagèrent ; elle alla à un tiroir et en retira une bourse contenant 50 francs qu’elle s’empressa de leur remettre.
Les Espagnols, peu satisfaits d’une aussi faible somme se mirent à forcer les armoires, à répandre le linge et à fureter dans tous les coins et recoins.
Tandis qu’ils se livraient ainsi à d’actives explorations, la femme Etcheverry saute par une fenêtre située à cinq mètres au-dessus du sol et court avertir son mari de tout ce qui se passe. Aussitôt mari et femme appellent au secours ; les trois voleurs entendant le bruit prennent la fuite ; mais on remarque la direction qu’ils ont prise, et sept Basques jeunes et vigoureux se mettent à leur poursuite. On peut se faire une idée de ce que le spectacle de cette course avait d’émouvant ; les trois bandits se sentant serrés de près redoublent d’efforts ; cependant l’un d’eux voit qu’il est atteint s’il n’use de quelque stratagème, et il se précipite tout à coup à travers un taillis.
Heureusement que si les Basques avaient de bonnes jambes, ils avaient aussi de bons yeux ; ils ne le perdent pas de vue et bientôt ils le trouvent blotti dans un angle de rocher, un long couteau à la main, menaçant d’éventrer le premier qui osera approcher. Un des Basques lui lance un coup de bâton sur les bras qui lui fait tomber l’arme ; on le saisit et il comparaît aujourd’hui devant la Cour d’assises. C’est le nommé Antonio Hernandez, âgé de vingt-six ans.
L’organe du ministère public a vivement insisté, dans un énergique réquisitoire, sur la nécessité de se montrer sévère envers ces hommes sans aveu qui ne quittent leur pays que pour venir exercer leurs brigandages dans le nôtre et qui sont le fléau et la terreur des villages situés sur la frontière.
Me Doat a présenté la défense.
Antonio Hernandez a été condamné à huit années de travaux forcés."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 6 000 autres articles vous attendent dans mon blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire