LES "PROVINCES VASCONGADAS" ET LE ROYAUME DE NAVARRE EN 1808.
Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien la Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel, le 7
octobre 1808 :
"... La proximité de la mer n’a pu manquer d’inspirer de bonne heure le goût de la navigation et de la pêche à un peuple aussi industrieux que les Guipouscoans, et, nous voyons, en effet, qu’ils fréquentaient les bancs de Terre-Neuve pendant les seizième et dix-septième siècles. Plusieurs édits de Philippe II ordonnèrent aux commandants des vaisseaux guipouscoans, se rendant à la pêche de Terre-Neuve, de porter des armes et des munitions de guerre, pour réprimer les Rochellois, qui commettaient des pillages dans les pêcheries espagnoles de ces parages. Le nom même de bacallao, qui, en espagnol, désigne la morue, est basque. Aujourd'hui, cette pêche est tombée, ainsi que celle de la baleine ; mais les Guipouscoans font sur leurs côtes une pêche considérable de thons, de sardines, de raies, de merluches, etc. Ils vendent le poisson frais, salé ou mariné à leurs voisins d’Alava et de Navarre ; une grande partie passe en Aragon et dans la Castille, et se consomme à Saragosse, à Valladolid et à Madrid. Les rivières de Guipouscoa sont aussi fort poissonneuses ; celles qui se rendent dans la mer abondent en saumon, moules et huitres.
Le commerce des Guipouscoans était déjà très étendu au treizième siècle ; les principaux articles de leur négoce étaient alors le fer, le cidre et le vin. C'est le 29 août 1350 que se donna la bataille navale entre l'escadre guipouscoanne et biscayenne et celle d'Angleterre ; la première fut défaite, et perdit vingt-six vaisseaux de guerre. Rymer a publié une convention, en date de 1482, conclue entre l'Angleterre et la Guipouscoa, en vertu de laquelle la paix devait subsister entre les deux parties contractantes pendant dix années. En 1348, les Guipouscoans établirent à Bruges une Bourse pour le commerce de leur nation ; ce qui prouve quelle en était alors l'étendue. C'est à cet esprit de commerce et de navigation lointaine, qui caractérise les naturels de cette province, que l'on doit la découverte qu'ils firent des îles Canaries en 1393 ; et celle des îles Philippines et Mariannes en 1565.
Les villes et bourgs de Guipouscoa sont, en général, élégamment bâtis, les rues droites et bien pavées, les maison commodes, et en pierres ou en briques ; les bourgs tant soit peu peuplées sont éclairés la nuit ; Tolosa et Saint-Sébastien sont avec des réverbères semblables à ceux de Paris. Les églises sont en général belles ; et les routes, malgré l'inégalité et l'élévation du terrain, excellentes et nombreuses. Tout, en un mot, respire dans ce pays, l'aisance et le bonheur. L'on dirait que la nature a placé les trois provinces à côté de la malheureuse Vieille-Castille, comme pour faire au gouvernement de celle-ci un reproche constant des institutions funestes qui tiennent ses habitants dans l'état d'indigence et d'abjection où ils sont réduits.
La ville de Saint-Sébastien, la plus grande de cette province, est située au 14e deg. 32 mn. de longitude du méridien de l'île de Fer, et au 43e deg. 19 mn. de latitude. Elle est sur l'Océan Cantabrique qui, en se partageant en deux bras, en fait une presqu'île ; de sorte que de loin, on prendrait la ville pour un amas d'édifices flottant dans la mer.
Le terrain sur lequel Saint-Sébastien est bâti est un sable mouvant ; c'est pourquoi on n'a jamais de la boue dans les rues, même après les plus fortes pluies.
Les maisons de la ville ne sont pas très hautes, on en compte de 600 à 700 dans l'intérieur, formant vingt-une rues ; les faubourgs en contiennent un plus grand nombre.
Saint-Sébastien est place forte, mais ses fortifications sont très défectueuses : aussi, lors de la dernière guerre, la ville se rendit aux Français sans leur opposer la moindre résistance.
Cette ville contient deux paroisses, et une troisième dans les faubourgs ; deux couvents de moines, trois de religieuses, et un hôpital.
Saint-Sébastien a toujours été une ville très commerçante ; c'est dans son sein que se forma la compagnie de Caracas, fondue aujourd'hui dans celle des Philippines. Le commerce de laine, jadis considérable, est actuellement réduit à rien.
Au dénombrement des fabriques de Saint-Sébastien que nous avons déjà donné, nous ajouterons des tanneries établies dans le faubourg Saint-Martin.
Cette ville est le lieu de résidence du commandant-général de Guipouscoa. Le corrégidor de la province y réside aussi pendant trois ans sur douze.
Tolosa est la commune la plus peuplée de Guipuscoa après Saint-Sébastien ; ce n'est qu'un bourg, nom que l'on donne en Espagne à toutes les communes qui n'ont pas obtenu du roi le tire de ville, sans aucun égard à leur population ; en sorte que Madrid même n'a que le titre de bourg. Tolosa est située au centre de la Guipouscoa. Nous avons dit que les rues en sont très bien pavées, et mieux éclairées que celles des plus populeuses capitales.
La population de Tolosa s'élève à 4 100 habitants, dont 2 562 dans l'intérieur de la ville, et le reste dans les faubourgs. La plupart d'entr'eux s'adonnent à l'agriculture, et récoltent année commune 5 200 fanègues de froment, 7 300 de maïs et 1 400 de châtaignes. Nous avons déjà parlé des nombreuses manufactures de ce bourg industrieux.
Vergara a une population de 4 000 âmes, et un collège qui s'était rendu célèbre, mais qui a beaucoup déchu de son ancienne splendeur. Au reste, c'est le sort de tous les établissements d'enseignement public en Espagne. Si quelqu'un s'élève dans le commencement au-dessus du médiocre, on a grand soin de l'abaisser bientôt au niveau de tous les autres.
Les lois qui régissent la province de Guipouscoa ont été recueillies et imprimées en un volume in-folio à Tolosa, en 1696. En 1758, on y a ajouté un supplément des lois postérieures à cette époque.
BLASON DU GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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