LA PÊCHE À LA MORUE ET À LA BALEINE EN 1837.
Les Basques ont pratiqué pendant des siècles la pêche à la morue et la pêche à la baleine.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Moniteur Industriel, le 17 août 1837 :
"De la pêche de la baleine et de la morue.
Compagnie Générale de Pêche.
Une compagnie destinée à donner une grande impulsion à notre pêche, vient d'être formée par MM. Herout négociant au Havre, et Peynaud, capitaine au long cours. Parmi les nombreuses entreprises que l'esprit d'association fomente chaque jour, il en est peu qui se recommandent autant par leur but, qui soient plus dignes des encouragements et de l'attention publique, et qui offrent autant, de garanties de durée et de prospérité. Avant de faire connaître ses statuts, nous croyons pouvoir présenter quelques détails sur les progrès et les vicissitudes de cette grande et importante brache d'industrie.
Pêche de la baleine.
— Cette pêche remonte à une haute antiquité l’Edda, ce poème mythologique des Norvégiens, atteste qu’elle était connue et pratiquée sur leurs côtes et sur celles d’Islande, dès les premiers siècles de notre ère. Quoique l’industrie de ces temps d’ignorance fût encore au berceau, l’on avait compris toutes les ressources que les produits nombreux et abondants de la baleine offraient à la vie sociale : son huile, ses fanons étaient utilisés par les arts grossiers de cette époque presque sauvage. L’on fabriquait avec sa peau des cordages inaltérables ; l’on en radoubait de petites embarcations ; enfin, sa chair, ou du moins certaines parties servaient à la nourriture du peuple.
PÊCHE A LA BALEINE AUTREFOIS |
Il est possible, comme on le suppose, que les Normands, après leurs dévastations et leurs établissements sur les côtes de l’Europe méridionale, y aient apporté la connaissance de leur méthode de pêche, mais c’est aux Basques qu'appartient l’honneur incontesté d'avoir eu le courage de combattre la baleine, pour ainsi dire corps à corps, en l'attaquant avec le harpon. Il fallait une rare intrépidité pour essayer d'asservir aux besoins de l'homme ces masses vivantes qui se balançaient, comme des montagnes, au milieu des flots de l’Océan. Le premier matelot basque qui, armé d'un simple harpons, osa, dans sa frêle nacelle, s’attaquer au colosse des mers, sur son propre élément, fit une tentative des plus audacieuses, et son succès est un des faits qui caractérisent le mieux la puissance et la supériorité de l’homme.
Aux XIIIe et XIVe siècles, la pêche de la baleine se faisait encore sur les côtes de l’Océan. L’on voit, par les chartes d’anciens monastères situés dans le voisinage de la mer, qu’ils percevaient la dîme, tandis que les rois et les princes s’attribuaient les droits seigneuriaux sur les produits de cette pêche qui devait être très active puisque son revenu put suffire, en 1338, à Edouard III, pour payer les frais de l’équipement d’une flotte.
PÊCHE A LA BALEINE AUTREFOIS |
L'on mangeait certaines parties de la baleine, c’était très probablement les plus délicates, et l’on assure même que ce mets était très recherché par nos ancêtres ; il est du moins constant qu’on vendait publiquement la chair de la baleine sur les marchés de St-Jean-de-Luz, de Bayonne, de La Rochelle, de Rouen et de plusieurs autres villes, et cette circonstance indique assez que la pêche se faisait alors dans le voisinage des côtes. Legrand d’Aussy, dans sa Vie privée des Français, fait mention d'une balaigne comme d’un poisson que l’on servait sur toutes les tables ; il cite un tableau intitulé la Bataille de Charnage et de Caresme où la Balaigne est au nombre des soldats que Carême oppose à son rival.
Les baleines attaquées par les Basques avec une ardeur incessante, s’éloignèrent dans le Grand océan ; mais la boussole était découverte, et vers 1372 on les avait pourchassées jusque sur le banc de Terre-Neuve et dans le golfe St-Laurent, dont une île porte encore le nom d’île des Basques ; sur les côtes de Labrador, où l’on voyait encore, il y a peu d'années, les vestiges des vigies des fonderies qu’ils y avaient établies, et enfin jusqu’au Spitzberg. Ce sont ces Basques qui osèrent les premiers élever, sur les glacis polaires, ces espèces de manufactures flottantes où ils préparaient l'huile, et depuis, lorsque la jalousie des rivaux coalisés les eurent repoussés de ces rivages, ils furent les premiers qui, après avoir harponné la baleine en pleine mer pour la dépecer le long des bords de leurs navires, eurent la hardiesse inouïe d'établir sur le pont de leurs bâtiments de grandes chaudières où ils fabriquaient au milieu du danger imminent de l'incendie, une huile pure, telle qu’aucun des procédés employés par leurs rivaux ne purent jamais en fournir une semblable. La perfection de cette fabrication assura aux Basques, jusque vers le milieu du XVIIe siècle une supériorité qui ne leur fut plus contestée.
PÊCHE A LA BALEINE AUTREFOIS |
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