LES PRISONNIERS BASQUES DANS L'OFLAG XVII-A EN 1941.
L'Oflag XVII-A est un camp de prisonniers de guerre pour officiers, situé en Autriche à Edelbach, à 100 kilomètres environ au nord-ouest de Vienne. Il est le théâtre en septembre 1943 de la plus grande tentative d'évasion de la Seconde Guerre mondiale.
JOURNAL DE L'OFLAG XVII A |
Je vous ai déjà parlé des prisonniers Basques dans l'Oflag XVII A dans un article précédent.
Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Journal, dans son édition du 3/12/1941, sous la plume de
Paul-Louis Chaux :
"...Comment la pelote basque naquit et grandit à l'Oflag XVIIA.
Dans le désarroi des cœurs et des esprits, nous recherchions l'équilibre rompu. Pour nous : une pelote et un fronton, et l'isolement était brisé.
On pense à ma joie, on imagine mon émotion lorsque je me trouvais face à face dans le métro avec mon vieil ami Goïtia, en congé de captivité. Goïtia, Basque très authentique, de Baigorry, en Basse-Navarre, le pays de "ceux qui en datent plus".
Après les effusions d'usage, il était, ma foi, en assez bon état je lui demandais :
— Où vas-tu ?
— C'est samedi, il fait beau, Je vais au fronton, à Billancourt. Sans perdre une minute.
— Je comprends ça, pauvre vieux, il doit te tarder...
— Tu penses... J'ai trop peur de perdre la forme.
— Dis que tu as plutôt besoin de la retrouver.
— Qu'est-ce que tu chantes ? Ma forme est superbe. J'ai même fait de sérieux progrès, en captivité. Oui, ne prends pas cet air ahuri... Il n'y avait pas un fronton, à l'oflag XVII A, il y en avait sept. Descends avec moi. je vais t'expliquer.
OFLAG XVII A |
Le mal du pays.
"Dès juillet 1940, un mois a peine s'était écoulé depuis la défaite, et nous étions déjà jetés sur la terre d'exil. Dans le désarroi des cœurs et des esprits, nous recherchions l'équilibre rompu. Nous éprouvions le besoin de nous grouper par affinités, de retrouver le "pays", de briser l'isolement moral qui nous accablait. Nous retrouvions parfois, au hasard d'une promenade entre les "barbelés", des amis anciens. Des nouveaux se faisaient vite. Et lorsqu'il advenait que ces rencontres se fissent entre Basques, tu penses de quoi nous parlions, au bout d'une minute ?
— De la pelote, parbleu.
— Tu l'as dit. Ce fut le lieutenant Merle, de Benesse-Maremne, qui lança l'idée : pourquoi ne serait-il pas possible de pratiquer ce sport au camp ? Ce serait le meilleur antidote contre le mal du pays. Le traitement dépassa les espérances de son promoteur : car le commandant du camp réserva un accueil très favorable à cette demande.
— Et les premières parties ?
— Elles eurent lieu sur les planches disjointes d'un pignon de baraque.
— Et la pelote ?
— Voile-toi la face, une balle de tennis... dont les rebonds nous gênaient quelque peu... Le terrain, lui aussi, n'était pas balisé. Il ne fallait pas exiger une grande technique de jeu. Mais qu'importait, notre évasion spirituelle était chose acquise.
OFLAG XVII A |
La consécration.
— Tu m'avais parlé d'un fronton ?
— J'y viens. L'hiver précoce et la neige mirent fin à ce début d'activité des joueurs. Mais on prépara un comité d'organisation pour le printemps. Les joueurs inscrits devinrent si nombreux qu'il fallut même former des élèves. Le club de pelote basque d'oflag XVII A fut créé, et mis sous la présidence du capitaine Garrigou-Larialde.
Le projet de fronton est conçu. Faute de matériaux durs, il sera édifié en bois épais. Un tournoi de pelote est mis sur pied. L'entraînement commence. Les beaux jours reviennent. Dans les paquets, de tous les coins du pays Basque, d'Hendaye à Bidarray, d'Itxassou à Ascain, les pelotes — des vraies, en cuir, de pelotari — apparaissent. Et les bérets, et les ceintures bleues et rouges, et les pantalons en toile blanche, et les sandales.
OFLAG XVII A |
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