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mardi 5 janvier 2021

LES FEUX DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE PAR ANDRÉ PAVLOVSKY (troisième et dernière partie)

 


LES FEUX DE SAINT-JEAN-DE-LUZ.


C'est en 1937 que s'achève la construction des feux de Saint-Jean-de-Luz.



pays basque autrefois phare
LES FEUX DE SAINT-JEAN-DE-LUZ
PAR ANDRE PAVLOVSKY


"...Les bâtiments des feux de Saint-Jean-de-Luz présentent un grand intérêt non seulement en raison de leur esthétique originale mais aussi par la place qu'ils occupent dans la carrière de leur concepteur et, plus largement, dans l'évolution de l'architecture propre au Pays basque.




Les feux proposés par Pavlovsky, qui développent les mêmes principes de composition, ont une esthétique très différente de l'architecture traditionnelle des phares. La structure carrée permet le dégagement de murs pignons et de toits à deux pans recouverts de tuiles canal en débord sur les façades latérales. Les faces sud des deux édifices complexifient ce principe puisque elles se composent de deux murs pignons superposés, dont le plus haut est situé en retrait. 



Ce jeu de décrochement, qui accentue l’effilement des édifices, est particulièrement sensible du fait qu’aucune face n’est semblable aux autres. La verticalité est une caractéristique du travail de l’architecte et se retrouve dans d’autres de ses œuvres. Ainsi l’allure générale des feux doit beaucoup aux trois phares dessinés pour le monument en mémoire de Christophe Colomb, avec lesquels ils partagent le même élancement et le principe d’étagement. Cette verticalité est aussi très présente dans les villas réalisées par l’architecte au travers de la mise en avant des souches de cheminée, à la fois ornement et élément de composition et dont certaines se rapprochent des feux de Saint-Jean-de-Luz.


republique dominicaine faro colomb
LE PHARE DE COLOMB
SANTO DOMINGO ESTE



Les feux affichent une grande sobriété et sont dépouillés d’ornements, comme souvent dans l’architecture de Pavlovsky. L’architecte utilise seulement quelques éléments en relief qui, grâce au jeu d’ombre et de lumière qu’ils provoquent, créent un mouvement sur les grandes surfaces blanches des murs. Ainsi le feu amont, qui englobe dans le nouvel édifice la tour existante, transforme l’ancien garde-corps en encorbellement en une terrasse enveloppant partiellement le bâtiment.



Celle-ci permet de relier les façades les unes aux autres et d’animer la construction, selon un principe que l’architecte développe également dans certains balcons d’angle de ses villas. Cet élément apparaît d’ailleurs comme une volonté délibérée de l’artiste, ce qu’attestent les échanges entre l’ingénieur et le directeur du service des Phares et balises à propos de modifications à apporter au projet. Le directeur demande en effet le "rescindement du saillant sur la face Est de la terrasse du feu amont". Pavlovsky s’oppose à cette modification exposant qu’il a "intentionnellement...ménagé un relief coupant la face Est au droit du raccord entre l’ancienne tour et l’exhaussement".



Il estime en effet que "ceci est essentiel pour l’aspect côté Saint-Jean-de-Luz"d’autant qu’il s’agit de la façade la plus exposée aux regards. Même s’il n’est pas favorable à la saillie du balcon, le directeur cède devant les arguments de l’architecte. Les baies du deuxième étage au nord et au sud du feu aval ainsi que la troisième baie de la façade nord du feu amont sont agrémentées de balcons en étrave.


pays basque autrefois phare
LES FEUX DE ST JEAN DE LUZ
FEU AMONT 
PHOTO PASCALE DIHARCE


...Actuellement l’un des éléments décoratifs les plus évidents est apporté par les bandes verticales de couleur qui viennent souligner la superposition des ouvertures, de la porte d’entrée aux fenêtres, sur les façades Nord, c’est-à-dire côté océan, des deux édifices. À l’origine, ces bandes étaient peintes en rouge mais, en 1957, celle du feu amont devient verte, évoquant ainsi les couleurs du Pays basque. Ce qui apparaît comme un principe fondateur de ces constructions ne semble toutefois pas être voulu initialement par Pavlovsky. En effet, lors de la mise au point du projet, Rouville propose que soit peints en brun divers éléments de la face nord du feu aval. Par contre, l’architecte souhaite, s’il n’y a pas de raison liée à la navigation, que l’édifice soit laissé totalement blanc comme il l’a prévu. Cette couleur doit permettre de rendre l’édifice plus visible et de donner des effets de lumière. Le directeur se montre tenace sur cette question, estimant que la visibilité de la tour serait améliorée si certaines parties de la façade étaient colorées en brun "Van Dyck". Il propose donc à l’ingénieur de peindre dans un premier temps la totalité de la façade en blanc puis de "faire badigeonner de vieilles toiles ou de vieux papiers dans la couleur prévue et les faire présenter, de manière à voir si, à la fois, l’aspect du bâtiment n’y perd rien et la visibilité n’y gagne pas quelque chose".



pays basque autrefois phare
LES FEUX DE ST JEAN DE LUZ
FEU AVAL




...Les feux de Saint-Jean-de-Luz témoignent de l’évolution de la conception architecturale de Pavlovsky et s’inscrivent dans le tournant plus moderne que prend l’architecte au début des années 1930, tout en illustrant son attachement à la tradition basque. Loin des éléments couramment utilisés dans le style néo-basque comme les détails décoratifs, la multiplication des ouvertures et le jeu polychromique entre le bois, la pierre et les enduits, Pavlovsky ne retient de l’architecture basque que ses éléments structurels. Les feux mettent ainsi en valeur le rôle central du mur pignon, les toits à deux pans débordants souvent asymétriques, la façade principale percée d’ouvertures tandis que les autres sont pratiquement aveugles, l’aspect massif et les formes rectilignes ainsi que les grands pans de murs laissés blancs qu’offre l’architecture basque. L’architecte résume d’ailleurs sa pensée à la fin de sa vie en déclarant qu’"il ne faut jamais copier servilement mais interpréter et ne respecter que l’idée générale des anciens, en un mot évoluer". Il privilégie un travail de composition dont la décoration repose sur les effets plastiques de la construction qui confère leur évidente modernité aux édifices luziens. Pavlovsky atteste par là-même de l’indéniable adaptabilité de l’architecture basque aux principes modernes et il propose avec les feux de Saint-Jean-de-Luz une synthèse de ces deux courants stylistiques souvent opposés."



(Source : https://journals.openedition.org/lha/97?lang=fr et Wikipédia et photos Pascale Diharce)



 



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