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mardi 26 janvier 2021

L'AFFAIRE DE LA VILLA FAZENDA À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1950 (première partie)

L'AFFAIRE DE LA VILLA FAZENDA À BIARRITZ EN 1950.


En 1950, une affaire étrange défraie la chronique à Biarritz.



pays basque autrefois faits divers crime
JOAS DA SILVA
AFFAIRE FAZENDA BIARRITZ 1950
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Qui ?, le 9 janvier 1950, sous la plume de Marcel 

Carrière :



"Malgré les présomptions et l'inculpation qui pèsent sur Joas Da Silva Ramos écroué à Bayonne, l'imbroglio de la Villa Fazenda de Biarritz est loin d'être dissipé.



Dans la nuit du 8 octobre 1949, à 2 heures du matin, Maud, la nurse de la petite Paméla, était réveillée en sursaut par les cris poussés par Joas Carlos da Silva Ramos, le père de l'enfant.



— Au secours ! Monique, ma femme... 



Ces mots, lancés avec angoisse, devaient être les premiers d’une longue tragédie qui n’est pas encore parvenue à son épilogue et qui se déroule, maintenant, dans le décor triste d’un cabinet d’instruction, à Bayonne, après avoir éclaté à Biarritz, villa Fazenda.



Joas Carlos da Silva Ramos est assis devant le juge, M. Puech. Le duel, commencé il y a trois mois, arrive aujourd’hui à son point culminant. L’un des deux adversaires doit nécessairement en sortir vainqueur. Mais l’un attaque et l’autre se défend. Le premier joue sa liberté ; le second a le terrible devoir d’apporter les preuves d’un meurtre.



Car une jeune et jolie femme est morte, dont il faut expliquer la fin surprenante.


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MONIQUE DA SILVA
AFFAIRE FAZENDA BIARRITZ 1950
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un problème de ce genre est toujours capital. Il ne doit pas rester sans réponse. Toutes les données doivent en être posées avec minutie, toutes les incidences examinées avec conscience.



C’est la tâche à laquelle, fidèle à sa mission, Détective s’attelle aujourd’hui.



I. Le drame



A l'appel poussé par Joas. Maud accourt. Monique da Silva Ramos est affalée, le corps à demi sorti des draps. Elle semble déjà dans le coma. Joas reste immobile devant sa compagne qui agonise. Il est pâle, il tremble. C’est avec peine qu’il peut demander à Maud :



— Appelez le docteur Benoit. Celui-ci, le médecin traitant de la famille, a vite fait de remarquer la contraction des mâchoires, le trismus qui peut être provoqué par des douleurs dentaires, une angine, le tétanos, l’hystérie, la méningite ou par l’absorption d’un médicament à base de strychnine.



Il regarde da Silva, qui explique : 

— Monique a absorbé tout à l’heure quatorze comprimés de Seconal Sedico.



Le Seconal est un médicament d’usage courant au Brésil, plus énergique que le véronal et le gardénal.



Le docteur Benoit procède à la thérapeutique habituelle, irrigation des intestins et lavages de l’estomac. En vain. Monique ne sort pas du coma. A 6 h. 30, c’est la fin. Son agonie aura duré quatre heures et demie.



Da Silva est effondré. Comme un homme ivre, il erre dans les pièces de sa grande et luxueuse villa Fazenda. Il se rend auprès de sa petite Paméla qui joue, insouciante, avec ce père triste, dont les yeux brillent étrangement aujourd’hui.



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VILLA LA FAZENDA BIARRITZ 1950
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le docteur Benoit, dans la journée, tentera l’impossible, des piqûres intracardiaques. Le soir, le médecin de l’état civil, le docteur Thévenin, devant l’étrangeté des symptômes, refuse le permis d’inhumer et avertit le commissariat local.



Le Parquet, saisi peu après, s’informe avec ménagement, auprès de Joas da Silva, des circonstances qui ont précédé la mort de Monique.



Joas semble vivre un atroce cauchemar. Son regard est éteint, ses lèvres blanches :



— II y a deux jours, je suis allé chercher Monique à Cannes où elle se trouvait avec Paméla et sa nurse habituelle, Mme Piron. Celle-ci, malade, ne pouvant venir avec nous à Biarritz, nous conseilla d'emmener Maud à sa place. Nous arrivâmes à la Fazenda samedi. Le dimanche, nous passons la matinée chez nous. Dans l’après-midi, j’allai au terrain de golf, tandis que Monique restait chez elle. Nous avons passé la soirée ensemble. Nous avons mangé tranquillement, avons longtemps bavardé et, un peu avant 2 heures du matin, nous sommes montés nous coucher. Monique était fatiguée, elle n’avait pas sommeil. Elle était d'ailleurs sujette à de fréquentes insomnies. J’ai vu Monique prendre des comprimés de Seconal. C’était son médicament favori. Je me suis absenté un court instant. Quand je suis revenu, Monique semblait souffrir. Je suis allé vers elle. Elle semblait ne plus me voir. Je l’ai prise sous les bras, l’ai entraînée vers la salle de bains et l’ai aidée à vomir. Je l’ai ramenée dans son lit. J’ai vu ses mâchoires se contracter. J’ai appelé à l’aide.



Le lendemain, le juge d’instruction, M. Puech, ordonna l’autopsie qui, pratiquée par un médecin lyonnais, donna comme résultat : arrêt du cœur provoqué par absorption d'une dose massive de somnifère.



L’enterrement eut lieu dans l’émotion générale. Monique et Joas, enfants bénis des dieux, connus sur toute la Côte d’Argent, passaient pour le couple le plus heureux du pays basque. Ils se connaissaient depuis longtemps et leur mariage avait été une grande fête et une grande joie pour tous.



Mais, derrière cette façade dorée, toute bruissante des riches plaisirs, se cachait un drame insoupçonné.



Après le mariage, Joas avait emmené Monique au Brésil où il possédait des plantations et des fermes. La jeune Parisienne, fille de M. Champin, un grand industriel, avait été élevée dans une atmosphère de mondanités. Dans cet immense pays américain, elle avait vite regretté ses réceptions, les papotages légers de ses amies et la douceur de la France. Rien ni personne n’avait pu la retenir. Elle avait repris le bateau ; Joas était venu la rejoindre la veille de sa mort,



On sait le reste.



II. Les contradictions de Joas Da Silva.



Une deuxième autopsie fut ordonnée, suivie d’un examen des viscères. Effectuée par le docteur Lebreton, du laboratoire de toxicologie de Paris, elle devait amener des précisions qui contredisaient les affirmations de Da Silva.



1° On retrouva, en effet, les traces de trois comprimés de Seconal et 350 cmc. d’alcool à 50°. Or, Joas déclara, dès le premier jour, qu’il avait vu Monique avaler quatorze comprimés et que, le soir de sa mort, sa femme n’avait bu, au repas, qu’un verre de vin ;



2° Da Silva affirma qu’ils étaient montés se coucher à 2 heures du matin. Or, Maud, de son côté, dit les avoir vus monter à 21 h. 30 ;



3° Da Silva a d’abord déclaré avoir aidé sa femme à vomir, puis l’avoir vue vomir ; enfin, l’avoir seulement entendue. Or, Maud n’a rien entendu ;



4° Da Silva assura que Monique et lui s'entendaient à merveille. Or, aux dires de plusieurs témoins, de fréquentes discussions s’élevaient entre les jeunes gens, au sujet d’une liaison unissant Monique au cousin germain de Joas. Les samedi 1er et dimanche 2 octobre, ces querelles avaient pris un tour plus aigu.



Ces contradictions, jour aussi flagrantes qu’elles soient, peuvent très bien s’expliquer.



1° Da Silva a pu se tromper dans l’appréciation du nombre de comprimés absorbés par Monique ou encore indiquer ce chiffre au hasard, voulant par là donner une version plausible de la mort de sa femme qu'il juge, lui-même, inexplicable. C’est un réflexe bien humain devant un corps atteint de symptômes aussi apparents ;



2° Après être montés dans leur chambre, sous les yeux de Maud, Monique et Joas ont pu sortir, aller boire ailleurs que chez eux et rentrer vers 2 heures du matin, sans que personne ne les entende, ce qui expliquerait qu'on ne trouva pas d’alcool dans la maison ;



3° Si Maud n’a pas entendu vomir Monique dans la salle de bais, pourquoi Joas a-t-il évoqué spontanément ce malaise ? Il n’avait qu’à se taire sur ce point, évitant ainsi de dresser contre lui un témoin gênant. Or, il ne l’a pas fait.



4° Da Silva était certainement au courant de la liaison qui unissait son cousin germain Hermano à sa femme ; mais n’était-il pas normal qu’il essayât de ne pas ternir la mémoire d’une morte ? Et, si Joas n’était revenu du Brésil que pour tenter de reconquérir l’amour de Monique, n’était-il pas également normal qu’il s’adressât à elle avec une certaine vivacité ?



Quatre contradictions auxquelles la logique semble donner de valables explications. De plus, il n’y a rien d’étonnant à ce que le comportement d'un homme qui vient d’assister, impuissant, à l’agonie de la femme qu’il aime, paraisse anormal.



III. Les points de l'accusation.



1° L’accusation, pour étayer sa thèse, s’appuie sur la quantité de comprimés de Seconal trouvés dans l’estomac de Monique au cours de la deuxième autopsie. Or, trois comprimés de ce barbiturique, aux dires des experts les plus qualifiés, ne suffisent pas à provoquer la mort ;



2° Elle s’étonne des 350 cm. d'alcool trouvés dans le corps ;



3° Elle retient un mobile passionnel : Joas aime Monique qui aime Hermano. Et ce, depuis avant son mariage même. N’a-t-elle pas écrit, la veille de sa mort, une lettre à cet homme qu’elle aime, dans laquelle elle lui dit : " J'ai tout avoué à Joas, il sait que je vais l'abandonner, que je vais tout quitter."



Mais ces mots "je vais tout quitter " peuvent  aussi bien signifier son intention de tout quitter d'elle-même.



IV. Et si c'était un accident ?


Monique, en août dernier, se trouva enceinte. Elle alla consulter un gynécologue en Suisse. Il n’en était rien. Mais, en septembre, nouvelle alerte ; Joas arrive. Elle avoue, puis elle avale un nombre à déterminer de comprimés de Seconil. La dose, maladroitement calculée, de somnifère provoque l’arrêt du coeur, constaté dès la première autopsie, et la partie de strychnine contenue dans le Seconal occasionne la contraction des mâchoires.



On parla, au début, de curare, pour la seule raison que Joas était Brésilien. Or, ce poison dont l’injection, pour être mortelle, ne peut être qu’intraveineuse, ne provoque pas de contraction. Au contraire, son principal effet est un relâchement total des muscles.



On conviendra, en toute objectivité, que, si les contradictions relevées dans la défense de Joas Da Silva peuvent paraître troublantes, le faisceau de présomptions actuellement connues semble plutôt fragile. 



Cet homme, certes, a menti sur bien des points ; mais ces mensonges ne sont pas à la mesure des terribles soupçons qui pèsent sur lui.



Or, si nous respectons, ici, le louable souci d’une famille en deuil de faire toute la lumière sur ce drame ; si nous respectons la tâche délicate de la Justice, nous avons, plus encore, le respect de la liberté humaine et la mission de faire éclater l’innocence, même si elle s’enveloppe dans les brumes du mystère."







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