DES INCIDENTS AUX ALDUDES EN 1832.
En 1832, Les Aldudes, commune de Basse-Navarre, compte environ 2 330 habitants et est administrée par le Maire M. Salvat Larre.
Dans un article précédent, je vous ai parlé d'incidents à Armendarits, en Basse-Navarre,
également en 1832.
Voici ce que rapporta au sujet d'incidents aux Aldudes, le journal Gazette de France, le 30
septembre 1832 :
"On nous écrit de Saint Jean-Pied-de-Port :
"Des troubles d’une nature grave eurent lieu le 7 du mois dernier dans la commune des Aldudes.
Voici quel en fut le sujet :
"Les habitants des Aldudes sont co-propriétaires avec plusieurs autres communes d’une vaste forêt appelée de Haïra, dont l’exploitation a été concédée, sous de certaines conditions, à l'entrepreneur de la forge établie à la fonderie. Il parait que plusieurs intérêts avaient été froissés par suite de la concession de la forêt de Haïra. De là une irritation profonde dans certains esprits, irritation que l’annonce des mesures que l'administration venait de prendre contre les planteurs de tabacs, contribua à rendre générale dans la commune des Aldudes, dont presque tous les habitants possédaient des plantations illicites plus ou moins considérables. Les mécontents, qui s’étaient d’abord bornés à exhaler leurs ressentiments par de violents propos, ne tardèrent pas à se porter à des actes repréhensibles. Dans la matinée du 7 août dernier, le rappel battit dans tous les quartiers de la commune des Aldudes. Cinq capitaines de la garde nationale réunirent leurs compagnies, et après leur avoir représenté tout l’odieux du monopole du tabac et le tort que leur faisait la concession de la forêt de Haïra, les engagèrent à s’emparer de vive force d’un dépôt de cinq mille cartouches qui se trouvaient dans une maison voisine de celle du maire, et dont la garde était confiée à une seule compagnie de voltigeurs. Il ne leur manquait que de la poudre, ajoutaient-ils, afin de se défendre et se faire rendre justice ; dès qu’ils en auraient, il leur serait facile de s’en servir, soit afin de chasser les charbonniers qui travaillaient pour le compte de la forge dans la forêt de Haïra, soit afin de faire une rude guerre aux employés des contributions indirectes s’ils osaient se présenter aux Aldudes afin d’arracher les plantations de tabac.
LES ALDUDES BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La proposition de s’emparer des cartouches est d’abord accueillie par des acclamations et l’on se porte en tumulte devant la maison dans laquelle elles avaient été déposées. La compagnie des voltigeurs était rangée en bataille devant cette maison ; on s'adressa au capitaine, dont nous regrettons de ne pouvoir donner le nom, et on le somme de livrer le dépôt confié à sa garde. "Livrer les cartouches, s’écrie le capitaine ! Qui lorsque vous aurez tué tous mes braves soldats qui sont gens à se défendre, et encore alors s’il me reste un souffle de vie, à défaut de feu il me suffira d’un briquet afin de faire jaillir une étincelle sur les cartouches que vous prétendez m’enlever et avoir le plaisir de me faire sauter avec vous ! Voyez si cela vous convient."
—Tant de fermeté en imposa aux mécontents. Les remontrances du maire et de plusieurs bons citoyens ne tardèrent pas à ramener à plus de calme une foule de gardes nationaux que des insinuations perfides avaient pu seules égarer.
Les rangs des compagnies vinrent insensiblement à se dissoudre et les chefs de l’émeute qui avaient poussé l’audace jusqu’au point de rassembler le conseil municipal afin de le contraindre à rendre compte de sa gestion, restés presque seuls, durent renoncer à leurs projets insensés.
Les faits que nous venons de rapporter ont donné lieu à une information judiciaire. Cinq capitaines de la garde nationale des Aldudes, contre lesquels des mandats d’amener avaient été décernés, viennent d’être arrêtés sans opposition et doivent être transférés dans la prison de Saint-Palais.
LES ALDUDES BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire