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lundi 13 janvier 2020

UN PAYSAN "MILLIONNAIRE" AUX ALDUDES EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1952 ?


UN PAYSAN "MILLIONNAIRE" AUX ALDUDES EN 1952.


L'annonce parue dans un journal national, en mars 1952, a dû faire parler dans la vallée des Aldudes, et bien au-delà.

aldudes mines pays basque
M ET MME CALDUBEHRE ALDUDES
PHOTO PARIS-PRESSE L'INTRANSIGEANT
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Paris-presse, L'Intransigeant, dans son édition du 20 

mars 1952 :



"A 75 ans, un paysan basque devient 50 fois millionnaire, grâce à un radiesthésiste qui a découvert un gisement de giobertite dans son champ.



Un vrai "filon".



Sur les trois filons découverts, un seul, jusqu'ici, a été sondé. Il s'étend sur 460 mètres de longueur et 100 mètres de largeur. On pense qu’il a une épaisseur de 800 mètres et pourrait produire un million de tonnes de minerai. A lui seul, il couvrirait non seulement les besoins de la consommation française mais permettrait d’importantes exportations. Il n'existe en Europe que cinq gisements exploités : Ile Ebée (Grèce), Hall (Allemagne), Eguy (Espagne) ; les deux autres se trouvent l’un en Serbie et l’autre dans le Tyrol autrichien. C'est à ce dernier que se ravitaille la France. Comme il est à portée de fusil du rideau de fer, on comprend l'intérêt de la découverte d'Urepel.



Pau 19 mars. 


Depuis qu’il a transformé d’un coup de son pendule deux hectares de cailloux en cinquante millions de francs, tous les habitants d’Urepel, dernier village basque de la vallée des Aldudes, à deux kilomètres de la frontière espagnole, entourent le radiesthésiste Léon Sibra d’une respectueuse admiration.




Lorsqu’il débarqua de Quillan en chapeau mou, il n’était que "l’étranger", et chacun suivait avec méfiance et inquiétude les manoeuvres insolites auxquelles il se livrait. Aujourd'hui, il est devenu "l'homme d’Urepel", le grand-prêtre de la fortune, celui qui peut faire des millionnaires, et le soir, à la veillée, on songe, la gorge un peu sèche, à la merveilleuse aventure dont est maintenant le héros un vieux du pays, Pierre Caldubehre.




Entre temps, il y a eu le miracle de la giobertite, ou carbonate de magnésium. Et ceci explique cela.





Un petit caillou.



Tout commença il y a quatre ans lorsqu’un ingénieur espagnol, M. d'Aubarède, rapporta du col d’Ourtiague, à quelques kilomètres d’Urepel, un petit caillou constellé de cristaux : de la giobertite d’où est extrait le magnésium.




Informé de cette découverte, M. de Ricci, Ingénieur des Mines, se demanda aussitôt si le gisement se prolongeait en France, et il écrivit à M. Léon Sibra, à Quillan.




M. Sibra est un expert radiesthéiste auquel plusieurs sociétés minières ont déjà fait appel avec succès.




Sexagénaire trapu, l'œil un peu extasié derrière ses lunettes d'écaille, M. Sibra a débuté dans le métier à trente ans. Il travaille toujours seul et n’a jamais ouvert un livre de radiesthésie. Il répond à M. de Ricci :


— D'accord ! Envoyez-moi une carte d’état-major de la région et un échantillon de giobertite et je vais voir cela.




En deux heures, une nuit, il découvre qu’il n existe pas de gisement au col d’Ourtiague. Par contre, il décèle trois filons à Urepel.




L’ingénieur, M. d'Aubarède, est affirmatif.


— Il y a du minerai au col. 

— Il n’existe pas de gisement, soutient M. Sibra.



Rendez-vous est pris à Pampelune et les deux antagonistes se rendent sur place. 




Des blockhaus en giobertite.



On trouve, en effet, sur un chemin de crête que les Espagnols ont construit et fortifié d'une ligne de blockhaus, des blocs de minerai.


— Cette giobertite a été apportée là pour construire les blockhaus, affirme M. Sibra, mais il n'y a pas de filon.




Renseignements pris, c'est exact. D’énormes quantités de minerai ont été montées à dos de mulet de la mine d'Eguy, située à quelques kilomètres. Les maçons espagnols concassaient la pierre sur place, se procurant ainsi un sable d'une excellente qualité.




Un peu après, une prospection superficielle confirmera la présence à Urepel des trois filons qu’il avait détectés en deux heures de son bureau de Quillan, à plus de 300 kilomètres de là, sur une carte état-major.




Le champ aux cailloux



Parmi tous ceux qui, à Urepel, suivaient le travail de M. Sibra, le plus inquiet était Pierre Caldubehre, un vieillard sec et noueux de 75 ans.




Un jour, "l’étranger" s’arrêta à la ferme et parla d’une mine. S’il savait écouter, le vieux Cadubehre savait aussi réfléchir. Son champ, lui disait-on, renfermait un trésor. La chose valait d’être pesée.




Les visites de l’étranger furent de plus en plus fréquentes à la ferme. Bientôt, l'hospitalité basque aidant, il y fut accueilli en ami. De belles autos montèrent jusqu'à Urepel et puis un jour, ce fut la signature du grand papier, un bail de 99 ans, qui faisait du champ à cailloux de Lohitzea une promesse de fortune.




Pierre Caldubehre toucherait 50 francs de redevance par tonne extraite du gisement ; celui-ci étant d’un million de tonnes environ. 50 millions de francs tombaient ainsi dans son escarcelle.




Avant ce coup de chance. Pierre Caldubehre et sa femme, une vieille de 70 ans au visage ridé et aux yeux tristes, ont vécu un véritable calvaire : leurs deux fils et leur gendre ont été tués à un mois d’intervalle en mai 1940.




Lui et sa femme n'ont pas de projets. Ils ne souhaitent tous deux que finir paisiblement leur vie. 




Leur fille, mère d’un garçonnet de 12 ans, veut voyager. Voir Paris et la France. Son second mari ne songe qu’à des troupeaux de moutons et à des pâturages.




Cruelle ironie du sort ! A vingt ans, Pierre Caldubehre partit à la poursuite de la fortune, alors qu’il avait celle-ci à portée de la main sans le savoir. Il s'expatria et fut berger en Californie et au Texas. Lorsqu’il revint fonder un foyer au village natal, vingt-deux ans après, il n'avait que de maigres économies. Et c'est au déclin de sa vie que se réalise le rêve de sa jeunesse."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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