L'INAUGURATION DU PRÉVENTORIUM D'ARBONNE EN 1922.
Dès juin 1918, l'Etat confie au Secours d'urgence le domaine de Pemartia pour reloger les populations de la Somme et de l'Oise, délogées par la Première Guerre mondiale.
PAVILLON BASQUE PREVENTORIUM ARBONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ensuite, en 1921, le préventorium "Etablissement héliomarin d'Arbonne" est reconnu d'utilité
publique.
Ce sont près de 15 000 enfants qui, au total, y ont séjourné.
Voici ce que raconta au sujet de son inauguration la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-
de-Luz, dans son édition du 9 septembre 1922 :
"L’inauguration du Préventorium d’Arbonne.
M. Paul Strauss, Ministre de l’Hygiène, préside cette cérémonie simple et touchante.
Il est des inaugurations...ennuyeuses : arrivée de personnages officiels, drapeaux, girandoles, foules impersonnelles, dorures, bicornes à plumes blanches, marseillaises protocolaires que jouent sans conviction des harmonies de ville de province.
Ici rien de tout cela : un ministre, un général, un préfet sont venus sans panaches et sans fanfares inaugurer le Préventorium d’Arbonne. Et ce fut une fête de famille touchante, d'une simplicité exquise, qui laissera à ceux qui y assistèrent le souvenir bon et agréable d’une saine après-midi champêtre.
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Le Préventorium.
Une grande allée de platanes grimpe vers les bâtiments du Préventorium, qui faillirent devenir pendant la guerre, la maison des champs d’un pacha tristement célèbre. La ferme elle-même est réservée à la direction et aux principaux services. Mais autour d’elle et aux flancs de la colline s'étagent de coquettes constructions de bois peintes en blanc, aux volets bruns.
Une idée des plus heureuses a été de donner aux jeunes pensionnaires du Préventorium un uniforme qui rappelle les tuniques grecques. Des groupes harmonieux se forment dès qu’elles sont réunies et rappellent, dans ce cadre d’une mélancolie très douce, les plus beaux morceaux de sculpture de la Grèce antique, soit dans leur gymnastique rythmée, soit en poursuivant un ballon dans les prairies voisines.
Mlle Javal, directrice du Préventorium, assume la tâche difficile de maîtresse de maison, secondée en cela à merveille par l’admirable collaboratrice qu’est pour elle Mlle de Longchamps. Elles sont toutes deux des fermières des plus avenantes dans cette cuisine basque blanche aux meubles de chêne noirci et luisant, aux rideaux à petits carreaux colorés.
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Les discours.
M. le Maire d’Arbonne lui, reçoit les officiels au nom de la commune, car peu à peu tout le monde est arrivé et aussi est venue l'heure des discours.
M. Fernand Laudet.
FERNAND LAUDET 1922 SOURCE GALLICA.BNF.FR |
Il appartenait à M. Fernand Laudet de faire l’historique du Secours d’urgence, fondé pendant la guerre pour soigner les blessures, et qui continue pendant la paix à cicatriser les misères du corps chez les jeunes filles de 8 à 16 ans. Toutes celles-ci venues des pays dévastés ont souffert, ont dépéri. Etiolées par les privations, l’air vicié des villes, elles sont un champ des mieux préparé pour la tuberculose.
Mais le Préventorium est là qui veille, lutte, les prend, les met au grand air, revivifie leurs poumons et arrête avant que le germe n’ait pu se développer le terrible fléau. Pour tout cela, il faut de l’argent et M. Laudet espère que la Côte Basque, côte des plaisirs et du luxe, saura faire une petite part pour sauver tant de jeunes Françaises par le don d’un peu d’or.
M. Petit, Maire de Biarritz.
On prie M. Petit, maire de Biarritz, qui s'abstenait modestement, de vouloir parler, et il rend hommage à cette œuvre que subventionne le Gouvernement et aussi la Ville de Biarritz.
M. le Préfet des Basses-Pyrénées.
Le Préfet des Basses-Pyrénées prononce un magistral discours où il remercie le ministre qui sait compatir aux misères des régions libérées. Lui aussi est persuadé que l'air des montagnes, les effluves salins, le paysage reposant, la vie saine et champêtre donneront des résultats appréciables et il croit à la vitalité d'une organisation qui a l'appui des pouvoirs publics.
M. Paul Strauss, Ministre de l’Hygiène.
PAUL STRAUSS |
M. Laudet, Mlle Javal, peuvent compter sur moi, répond le ministre, car je considère le Secours d’urgence comme une des meilleures œuvres de guerre. Votre appel que l’on a entendu doit être soutenu par tous les moyens, pécuniaires et moraux. Il ne faut pas oublier qu’à la suite d’une récente enquête, on a constaté que 60 p. 100 des enfants étaient prédisposés à la tuberculose pulmonaire ou ganglionnaire. On doit donc lutter contre une crise aussi grave et prévenir le mal dans l'œuf par des classes en plein air, des vacances réparatrices.
Le Préventorium d’Arbonne est l’instrument indispensable sur la terre basque si propre à nous aider par son ambiance naturelle, avec des organisateurs comme Mme Joffre, Mme Millerand, Mme Viviani, Mlle Javal, M. Laudet. Mais trêve de compliments, ces grandes œuvres sont suffisamment récompensées par les résultats. Je fais appel aux municipalités et aussi à ceux qui peuvent et veulent quelque chose pour le relèvement physique et moral de l’après-guerre.
Le "goûter".
Sous le grand mail ombrage de platanes, on a dressé une longue table rustique. Les nappes sont de ces anciennes bandes de lin bordées de bleu que filaient aux veillées les aïeules basques ; les tasses, le couvert sont un peu disparates (il a fallu tout organiser pour tout ce monde avec à peu près rien), mais les fleurs fraîches du jardin tout proche, les capucines qui déroulent leurs torsades verts à grappes oranges sont une parure incomparable. Et avec quel plaisir de jolies dents gourmandes et un peu blasées ont-elles mordu les tartines de la ferme et les gâteaux du pays ! Car autour du ministre, du préfet, du général, du maire de Biarritz, du marquis d’Arcangues, de nombreuses personnalités officielles et mondaines sont venus apporter à l'œuvre l’encouragement de leur présence et la promesse du viatique qui fera vivre l'œuvre demain.
ECOLE DANS LES CHAMPS PREVENTORIUM ARBONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il faut aider l’Œuvre bienfaisante.
Ce domaine de 50 hectares aidera beaucoup à la vie journalière de ces jeunes filles, mais c’est insuffisant et le Comité fait appel au cœur de tous ceux qui voudront qu’un peu de leur or sauve des jeunes Françaises, et en fasse de vraies femmes, mères admirables de demain.
L’œuvre prendra un essor magnifique avec ce soutien. Elle a trouvé un sol solide, un abri dans ce Pays basque hospitalier et le soir quand partent les dernières voitures et se taisent les dernières voix, la terre, la vieille terre, doit parler à ces enfants venues d’ailleurs d’une manière vraiment maternelle.
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