LA FRONTIÈRE EN 1918.
Pendant la Première Guerre mondiale, la frontière franco-espagnole au Pays Basque a été très souvent fermée, l'Espagne s'étant déclarée neutre durant le conflit.
MONT ULIA ST SEBASTIEN GUIPUSCOA 1918 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que relata à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 16 septembre 1918 :
"Voyage en France.
...Quand, après plus de deux heures d’encagement dans les voitures du train, l’ordre fut donné, en gare d’Irun, de laisser enfin descendre les voyageurs l’opération se fit avec une fantaisie invraisemblable ; naturellement hommes et femmes s’empressaient de quitter leur prison ; mais, sur le quai, grouillait une nuée de fonctionnaires espagnols de tous uniformes, les uns canalisant le monde vers le local sanitaire, d’autres pressant la descente de voiture, d’autres interdisant cette descente et obligeant les gens à remonter en wagon. Cacophonie fantastique au milieu des protestations générales. Enfin, tout le monde finit par se trouver à quai.
Et voilà la longue, l’interminable théorie de voyageurs se bousculant dans la direction du petit local où il faut passer un à un pour une opération qui, au début, dure de 5 à 10 minutes par personne. On s’énerve. On crie. On se bouscule. Des miqueletes poussent en arrière et l’un deux avec une brutalité révoltante.
MIQUELETES DU GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Il y a là une quantité considérable de personnes qui veulent rentrer en France le soir même et qui, ayant déjà perdu 4 ou 5 heures heures précieuses protestent contre une nouvelle et interminable attente, demandent à rentrer en France et prétendent avec juste raison qu'il est bien inutile pour ce retour en arrière d'exiger d'eux les mêmes formalités que pour l’entrée en Espagne. Il parait que ce raisonnement était très difficile à comprendre car c’est vers 8 heures du soir seulement que les autorités espagnoles firent connaître que les personnes retournant à Hendaye étaient dispensées de visite et pouvaient s’en aller. Grâce au départ, dans ces conditions, d’un très grand nombre de gens, ceux qui restaient purent être un peu plus promptement libérés.
On avait commencé par délivrer après visite médicale, des feuilles de patente sanitaire grâce auxquelles on pouvait passer et continuer sa route ; j’ai vu pas mal de ces feuilles entre les mains de voyageurs qui me précédaient. Quand vint notre tour de subir l’examen, on se contenta de nous tâter le pouls et de nous dire que nous pouvions passer. Et alors, nous pûmes constater que les uns allaient au "tâte-pouls", que d’autres filaient à l'anglaise sans contrôle, que visités ou non visités pouvaient se mélanger et partir ensemble, qu’en somme la formalité du cordon sanitaire avait été une longue et cruelle brimade tout à fait inopérante et par conséquent inutile et inamicale.
Qu’il nous soit permis de nous étonner que, dans un pays ami comme l'Espagne, pour une formalité de contrôle sanitaire, on en arrive à exercer de si cruelles et de si inutiles vexations contre des voyageurs paisibles, dont les relations avec l’Espagne entretiennent les bons rapports communs et contribuent à la prospérité de la péninsule.
PALAIS DE LA DEPUTATION ST SEBASTIEN GUIPUSCOA 1918 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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