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mercredi 15 janvier 2020

LA CRIMINALITÉ INFANTILE AU PAYS BASQUE EN 1911


LA CRIMINALITÉ INFANTILE EN 1911.


Au début du 20ème siècle, la délinquance juvénile pose un sérieux problème à la société.

prison correction enfants
MAISON DE CORRECTION PARIS ST LAZARE 1911



Voici ce que rapporta La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 12 mars 1911 :



"L’Enfance coupable.



Qui de nous n’a frémi d'indignation aux récits des méfaits de certains gamins précocement vicieux ? Qui de nous n’a senti son cœur se contracter douloureusement, à la vue d’un enfant conduit entre deux gendarmes ? 




Bien que de pareils faits soient plutôt rares dans notre région, Bayonne, ces jours-ci, a eu malheureusement sa triste histoire. 




En légère décroissance depuis quelques années, les statistiques de la criminalité infantile accusent encore des chiffres effrayants qui doivent faire réfléchir éducateurs et sociologues. En effet, un des plus récents comptes rendus judiciaires nous apprend qu'en dix ans, 65 000 enfants environ, de quinze ans et au-dessous, ont été prévenus de crimes et de délits. 



prison correction enfants
MAISON DE CORRECTION PARIS ST LAZARE 1911


Comment, enrayer celte criminalité infantile ? 




En la châtiant rigoureusement ? les châtiments corporels avilissent l’âme. 




En multipliant les maisons de correction et les pénitenciers ? l'expérience a démontré ce que valent res moyens de répression. Traités en bandits, mis en contact immédiat avec des êtres dégradés sous la surveillance de gardiens rarement affables, le plus souvent brutaux, les petits criminels ne s'amendent jamais dans ces bagnes d'enfants. Ils y perdent le peu de dignité qui leur restait encore, ils font table rase des quelques bons sentiments qui les animaient parfois : reliquat, précieux des sages conseils reçus antérieurement, alors que le tout petit n’était pas encore le dégénéré d'aujourd'hui. Ils en sortent presque toujours irrémédiablement pervertis et perdus à jamais. 




La grande presse enregistre presque quotidiennement certains faits graves et inhumains qui dénotent l’organisation défectueuse de ces établissements. Aussi les pénitenciers sont-ils condamnés par tous ceux qui voient dans l'enfance coupable non un délinquant qu'il faut punir, mais un malade qu'il faut soigner et remettre dans le vrai et bon chemin. 



prison correction enfants
MAISON DE CORRECTION PARIS ST LAZARE 1911


Partant de ce principe si humain et si juste, les Américains ont institué, pour juger l’enfance coupable, des tribunaux spéciaux appelés "Tribunaux d’enfants", où les magistrats sont avant tout des médecins, moins préoccupés de punir le jeune prévenu que d'étudier son étal mental et physique, ses antécédents et les mobiles qui l'ont fait agir. Le plus souvent, cet examen établit l'irresponsabilité du petit criminel, et la prison est alors remplacée, tantôt par la mise en liberté surveillée, tantôt par la "Maison de travail" ou le "Refuge de salut", écoles de préservation et de redressement où, sous une direction ferme, mais intelligente et douce, l'enfant se corrige, s’améliore moralement et physiquement et revient insensiblement à une vie normale et utile. 




En France, un courant d’opinion se manifeste en faveur de la méthode préventive ou curative substituée au vieux système de répression intensif en vigueur jusqu’à présent. 




La science ne permet plus de punir aveuglément l’enfant coupable ; les lois de l'hérédité, l’atavisme se dressent contre les rigueurs du vieux code romain, et ce n’est pas seulement la pitié, c’est aussi la raison qui veut remplacer l'hôpital par la prison, quand il s’agit d'enfants n’ayant eu d’autre école que celle de la misère et de la faim. 




prison correction enfants
MAISON DE CORRECTION PARIS ST LAZARE 1911



La sollicitude de l'Etat vis-à-vis de l’enfance dévoyée se révèle dans la loi du 28 juin 1904, relative à l'éducation des pupilles vicieux de l’Assistance publique, lui qui ordonne le placement des petits indisciplinés dans des écoles professionnelles qui sont de véritables écoles de préservation et de redressement. 




Elle se manifeste aussi par une récente circulaire du Garde des Sceaux, recommandant aux magistrats de tenir le plus grand compte des influences diverses qui ont pesé sur le jeune délinquant, de s’attacher moins à punir qu’à redresser et de seconder dans leurs travaux les "Comités de défense des Enfants traduits en justice" qui s’emploient avec un zèle si louable à rechercher les solutions pratiques, en conformité avec l’intérêt de l'enfant et ceux de la société.




Enfin, c’est à nous, mères de famille, à surveiller les instincts de nos tout petits, à les deviner, à les surprendre, et tout en essayant d’étouffer leurs mauvais penchants, mettre en vigueur leurs bons sentiments. 



prison corretion 1911
MAISON DE CORRECTION PARIS ST LAZARE 1911



Donnons-leur pour principe le fameux proverbe sur lequel pourrait être basé le bonheur de tous : "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit", et rappelons-nous toujours que pour élever nos enfants, il nous faut, non seulement beaucoup d’amour, mais encore beaucoup de sollicitude et savoir, à l’occasion, mettre une main de fer dans un gant de velours. 




Adrienne Pauty, 

Sage-femme de 1re classe."


(Source : http://parismuseescollections.paris.fr/de/node/714624)



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