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vendredi 24 janvier 2020

UN HÔPITAL POUR LES BLESSÉS BASQUES EN JANVIER 1915


UN HÔPITAL POUR LES BLESSÉS BASQUES EN 1915.


En 1915, les blessés du Pays Basque sont réunis, pour leur convalescence, dans le château d'Orly, dans le Val-de-Marne.


val de marne premiere guerre mondiale
CHÂTEAU D'ORLY


Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 22 janvier 1915, sous la plume de Victor Trésaugue :



"Un hôpital Basque.




Depuis quelques années, le régionalisme a pris dans nos préoccupations ou nos délassements une place prépondérante. 




Il y a deux ans, il recevait une consécration officielle par le voyage triomphal de M. le Président de la République à travers nos régions françaises dont il sut, avec une délicatesse touchante, interpréter et goûter l’âme particulière. 




A Hendaye, sur le seuil de la maison de Loti, se retournant vers la foule, M. Raymond Poincaré cria : "Vivent les Basques !" 




Le régionalisme français était donc né et s’élevait avec une dignité et une fraîcheur parfaites, avec sur son drapeau qui claquait allègrement au vent de nos provinces, sa fière devise : "Exalter la petite Patrie pour faire mieux aimer la grande !" 




La guerre est venue, cruelle ! Les petites Patries, dans un élan sublime, n’ont pensé qu’à la gloire magnifique de la France, leur "grande", qu’il fallait défendre jusqu’au sacrifice.




L’oubli de son propre intérêt, l’abnégation qui fait le don de soi total et spontané, c’est ça, c’est tout ça l’âme de la France, de la grande Patrie ! 




La mort a frappé, impitoyable ! Ah ! quelle moisson d’été sanglante de jeunesses enthousiastes, de forces déjà épanouies et fécondes ! 




Le cortège glorieux des blessés a traversé nos villes. Nous nous sommes penchés sur ces douleurs. Le corps souffre, mais l’âme est palpitante sous le souffle d’espérance et de confiance qui lui apporte la certitude de la victoire éclatante, définitive. 




C’est alors que la grande Patrie, à son tour, s’est penchée sur les petites, émue, reconnaissante de leurs sacrifices, de leurs hautes vertus, compatissante à leurs dures souffrances stoïquement supportées, d’une sollicitude passionnée et constante.  




Certaines ont chuchoté des désirs, ont confessé la nostalgie d’un foyer lointain. Leurs enfants parlent mal le français, disaient-elles. Pourquoi, pour mieux cultiver cet amour de la grande Patrie, ne pas grouper ces braves ? 




C’est Justice, c’est Bonté, c’est Charité. 




L’attention des pouvoirs publics s’est trouvée attirée sur la situation exceptionnelle et, disons-le. douloureuse de certains militaires basques blessés, parlant à peine le français. 




Ils étaient, certes, déjà repérés et recevaient la visite de compatriotes avec lesquels ils s’entretenaient du pays. 




Mais ils restaient séparés. 




Aujourd’hui, ils seront réunis au château d’Orly, aux environs de Paris, en plein air, en campagne riche et boisée. Le château, lui-même, ancien rendez-vous de chasse du comte d’Artois, est entouré d’un parc de près de quatre-vingts hectares. 




La santé de nos gars y sera fortifiée. 




Ainsi s’élève, en ces heures douloureuses, la première œuvre de régionalisme français, la plus digne aussi parce que faite de charité et de dévouement. 




Sa devise, aujourd’hui érigée en principe d’Etat, trouve en cette œuvre le marbre où elle se grave, indélébile, comme une leçon nouvelle et définitive aux générations qui montent. 




Elles n’oublieront pas, ces générations, que la France est le faisceau glorieux de toutes les âmes vives et de toutes les beautés. 




Voici la France revenue à ses plus nobles et à ses plus anciennes traditions : "Etre la protectrice touchante de tous ses enfants, de toutes les petites Patries, autant de petites Républiques !!"




Il n’est pas de rôle plus généreux et plus élevé !"



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