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vendredi 3 janvier 2020

L'ABBÉ DIHARASSARRY AU PAYS BASQUE EN 1890 (première partie)


L'ABBÉ DIHARASSARRY EN 1890.


En 1889, l'évêque "concordataire "Jauffrey est nommé à Bayonne, pour rallier, de gré ou de force, le clergé Basque à la République.


pays basque autrefois
BIARRITZ 1890
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal L'Univers, dans son édition du 15 janvier 1890 :



"La persécution.



Voici la fière lettre de M. le curé de Cambo à M. Thévenet : 


ministre autrefois
FRANCOIS THEVENET MINISTRE DE LA JUSTICE ET DES CULTES

Monsieur le ministre,



Vous venez de me rayer des contrôles du clergé paroissial rétribué par l'Etat.



Une dépêche préfectorale, en date du 27 décembre dernier, m'a informé de cette décision ; et quatre jours après, l'autorité diocésaine me faisait tenir dans leur texte, copié sur votre dépêche officielle du 24 décembre, les prétendus griefs qui ont motivé la suppression de mon traitement.


Donnez-vous la peine de relire votre prose, monsieur le ministre, je la transcris ici très exactement :



"Je ne sais pas si c'est avec votre autorisation que M. Diharassarry, desservant de Cambo, publiait dans les journaux du pays, quelques jours avant les élections, une lettre par laquelle il indiquait quels étaient à son point de vue les devoirs des titulaires ecclésiastiques en matière électorale ; mais je constate que cette publication permet d'ajouter foi aux bruits d'après lesquels ce prêtre serait l'auteur du "Catéchisme électoral basque et français", répandu à profusion dans l'arrondissement de Bayonne, au mois de septembre dernier. 



M. Diharassarry, qui est d'ailleurs depuis longtemps signalé à la direction des cultes en raison de son hostilité vis-à-vis de nos institutions républicaines, a observé les règles tracées dans ledit catéchisme avec une ardeur et une passion que vous eussiez dû réprimer dès le début." 




Ce n'est pas tout ; je lis encore dans la communication de MM. les vicaires capitulaires : 


"M. le ministre ajoute que vous ne pourrez figurer à nouveau sur les contrôles du clergé paroissial rétribué sur les fonds du budget des cultes que si, après avoir été pourvu d'un autre poste, vous vous montrez digne de l'indulgence de l'administration." 




Maintenant c'est complet, et c'est à mon tour de parler. 




Avant tout, je proteste hautement contre les suppressions de traitements ecclésiastiques, quels qu'ils soient, opérées par l'Etat en dehors de l'action des évêques. Ces suppressions, on ne saurait assez le redire, faussent et violent le Concordat ; elles portent une atteinte directe à la liberté religieuse et aussi aux droits du citoyen français. Mais je n'insiste pas, et j'en viens droit à la discussion de mon cas personnel. 



Donc, monsieur le ministre, vous m'avez frappé pour avoir : 


1° écrit en septembre dernier au journal bayonnais l'Avenir une lettre dans laquelle "j'indiquais quels sont, à mon point de vue, les devoirs des titulaires ecclésiastiques en matière électorale ;

2° publié un catéchisme électoral basque et français ; 

3° observé les règles tracées dans le dit catéchisme avec une ardeur et une passion" intolérables. 



pays basque autrefois
BIARRITZ 1890
PAYS BASQUE D'ANTAN


Examinons cela, s'il vous plaît. 




Voici tout d'abord le passage de la lettre à l'Avenir que vise votre accusation : 


"Le clergé dans l'exercice du ministère ecclésiastique a toujours, sinon le devoir, du moins le droit d'éclairer la conscience de l'électeur catholique. C'est qu'en effet le vote est un acte moral, soumis nécessairement comme tel à la direction et au contrôle de l'Eglise. Quiconque est catholique admet cela ; nier cela serait nier que tonte vérité ait été mise sur les lèvres de l'Eglise, toute autorité dans ses mains, quand il est question des choses de la conscience ; ce qui équivaudrait à nier la mission de l'Eglise, à nier l'Eglise elle-même. — Donc, nous prêtres, nous surtout pasteurs, nous avons le droit de traiter en chaire la question électorale ; et jamais nous n'admettrons, jamais, entendez-vous, cher ami de l'Avenir, que l'exercice de ce droit soit réglé par l'autorité civile ; et les menaces pas plus que les promesses n'y feront rien. Dans l'exercice de notre ministère pastoral, nous ne relevons et nous voulons ne relever que de notre conscience et de l'autorité ecclésiastique." 




Eh bien ! Monsieur le ministre, ce langage vous surprend ! Mais il n'est pas un seul prêtre en France qui n'y souscrirait des deux mains. Cette doctrine, nous l'enseignons couramment aux enfants de nos catéchismes ; cette doctrine, partout dans l'univers catholique, les évêques la traduisent en acte lorsqu'ils recommandent à leurs diocésains de ne jamais porter leurs suffrages sur des persécuteurs de l'Eglise. Cette doctrine et cette conduite, mais vous-même, monsieur le ministre, devriez y applaudir le premier, si vous y réfléchissiez deux minutes, si l'ignorance ou la haine de l'Eglise ne faisait la nuit noire dans votre esprit. 

Voyez plutôt : 


Vous et vos collègues qui formez le gouvernement, vous qui avez la charge glorieuse et redoutable des intérêts du pays, croiriez-vous avoir rempli votre devoir en n'écartant point, dans la mesure de vos forces, des fonctions publiques, des conseils de la nation ou du département, les ennemis de la patrie, les misérables — il s'en est rencontré de tels dans l'histoire — qui voudraient détruire la France ou la vendre à l'étranger ? 




Assurément non, et le silence et la neutralité à l'égard de ces scélérats vous paraîtraient à juste titre un crime de lèse-nation, une trahison digne de tous les châtiments. Or, monsieur le ministre, si à vous et à vos collègues incombe la défense des intérêts de la patrie, les intérêts de l'Eglise, non moins sacrés que ceux de la France, ont pour gardiens et défenseurs-nés les évêques et les prêtres. Et vous voudriez qu'en face d'ennemis acharnés de l'Eglise, qui ne briguent les fonctions publiques que pour forger de nouvelles chaînes à la liberté chrétienne, le clergé ne poussât pas un cri d'alarme ? Vous voudriez qu'il n'éclairât pas la conscience du peuple ? Vous voudriez, en un mot, qu'il méritât l'anathème divin et que, suivant la parole des Ecritures, il laissât, chien muet, ravager son troupeau ! Et ce serait là pour vous l'idéal de clergé catholique ! Non, monsieur le ministre, non, n'espérez point cela de nous ; et je vous fais l'honneur de penser que vous-même n'en êtes pas encore là, à croire qu'un pareil clergé mériterait bien de la religion et de la patrie. Mais, alors, que nous reprochez-vous ?"



A suivre...



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