PIERRE BASTERRETCHE EN 1818.
De tous temps, les marins Basques ont couru les mers, chasseurs de baleines, corsaires, marins, pêcheurs, etc...
Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal Général de France, dans son édition du 21 décembre
1818 :
"Au Rédacteur,
Urrugne, près Saint Jean de-luz , 8 décembre 1818.
Lorsque le commerce de presque toutes les nations est encore entravé d’une foule d’obstacles, exposé à mille dangers dans les mers de l’Amérique, l’événement que je désire porter à la connaissance du public ne lui paraîtra pas, je crois, dénué d'intérêt.
Le brick de Bayonne, le Saint-Joseph, capitaine Pierre Basterretche (de Ciboure, près St.-Jean de Luz), faisait voile de Rio-Janeiro pour la Havane, lorsque, le 17 août dernier, sur les 8 heures du soir, à la hauteur de l’île Saint-Domingue et du cap Tiburon, il fit rencontre d’un corsaire dont l’équipage se composait en partie d’Anglais.
CORSAIRE BASQUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Contraint de passer sur le bord de ce corsaire, le capitaine Basterretche dut y exhiber les pièces dont il était porteur, et répondre à toutes les questions qu’il plut au chef du corsaire de lui adresser. Ses déclarations, aussi fermes que pleines de franchise, ayant été confirmées par celles de son second et de quelques passagers, successivement et séparément interrogés, le capitaine se voyait enfin libre, lorsque le commandant du corsaire exigeant de lui, à titre de présent, quelques provisions en biscuit et en vin, et ayant envoyé son canot les prendre, par une fatale méprise, tout ce qui était resté d’hommes à bord du Saint Joseph ne doutant plus qu’il ne fût capturé, et que le dernier malheur ne leur fût réservé, quelques liasses de papiers furent jetées à la mer.
Le corsaire s’en étant aperçu poussa à l’instant le cri de bonne prise, et le Saint-Joseph se remplit bientôt d’ennemis avides de rapines.
CORSAIRES D'ETIENNE BLANDIN |
En vain le capitaine Basterretche protesta, en appela à l’honneur du pavillon français ; il eut pendant toute la nuit la douleur de voir son navire livré au pillage le plus acharné ; et lorsque, le lendemain matin, le capitaine du corsaire s’y transporta , ce ne fut que pour autoriser le désordre et y joindre l’injure.
Enfin l’équipage du St.-Joseph et ses passagers, au nombre de six, en furent enlevés. Un officier et six hommes du corsaire les remplacèrent à ce bord. Le capitaine Basterretche, toujours fort de son bon droit, et persuadé qu il ne pouvait être justement capturé, obtint d’y rester avec deux des siens, et son cuisinier. Dès-lors, le corsaire s’éloigna, donnant l’ordre de les conduire à l’ancienne île de la Providence et Santa Catalina.
CORSAIRES |
Le lendemain 19, sur le soir, les six hommes tirés du corsaire se révoltèrent, s’emparèrent ouvertement du malheureux Saint-Joseph, et voulurent changer de route ; puis se saisissant de leur propre officier, du capitaine Basterretche et de ceux qu’il avait gardés avec lui, ils les jetèrent précipitamment dans la chambre, se disposant à les égorger tous.
CORSAIRES D'ETIENNE BLANDIN |
Dans cette affreuse situation, ces derniers purent entendre les plus horribles apprêts : les haches et les poignards s’aiguisaient au-dessus de leurs tètes. Bientôt, en effet, le plus mutin des révoltés, suivi de quelques autres, se précipite au milieu d’eux, se jette sur le capitaine Basterretche, et veut lui porter un coup mortel ; mais celui-ci, que son sang-froid n’avait pas abandonné un instant, qui avait ranimé le courage de ses compagnons d’infortune, qui avait eu la présence d’esprit de les armer des couteaux qui servaient à leur table ; celui-ci, dis-je, détourne le coup qui va l’atteindre, et étend son ennemi mort à ses pieds ; puis se jetant sur les antres, parvient à les effrayer, les désarme, saisit les plus obstinés, et ramène envie l’ordre et la paix sur ce bord témoin de tant de vicissitudes ; et dont à l’instant il fait reprendre le commandement "au même officier dont il continue de se reconnaître prisonnier, après lui avoir sauvé la vie, et repris, par le fait, ce qu'il appelait sa conquête."
CORSAIRES D'ETIENNE BLANDIN |
La conduite toute française du capitaine Basterretche n’a pas manqué d'obtenir une juste récompense. S’il a eu la douleur de voir déclarer bonne prise le navire que lui avaient confié ses armateurs, sous le futile prétexte du jet à la mer de quelques papiers dont étaient munis ses passagers, l’amiraux américaine (le tribunal établi à l’île de la Providence, Santa-Catalina) a décidé en même temps, qu'eu égard à sa belle, franche et locale conduite, ce navire, cargaison, papiers ; etc...lui seraient remis. L'arrêt de cette cour prononce aussi la restitution ou le remboursement des vivres, effets, etc.qui lui avaient été enlevés lors de son arrestation, et ordonne le châtiment, exemplaire des misérables qui voulurent mettre le dernier sceau à leur infamie.
CORSAIRES D'ETIENNE BLANDIN |
Au moment où la paix promet de rouvrir les sources de notre commerce maritime et de lui rendre une juste importance, j’ai cru que les délais de la saisie momentanée du brick de St.-Joseph, ne sauraient être accueillis avec indifférence.
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