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mercredi 22 août 2018

LA MORT D'UN BASQUE D'ARBONNE EN LABOURD AU COMBAT EN OCTOBRE 1914

MORT D'UN SOLDAT BASQUE EN 1914.


On estime à environ 6 000 Basques du Pays Basque Nord le nombre de morts au combat pour défendre la France, lors de la première Guerre Mondiale.

bayonne autrefois
HÔPITAL BAYONNE DECEMBRE 1914
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta le journal Le Figaro, dans son édition du 2 octobre 1914, sous la plume 

de Victor Trésaugue :



"La mort d'un Basque.



Si dans certaines de ses régions, des peuplades vivent d'une vie particulière et fermée, d'une vie presque nationale, la France n'a eu d'elles, à l'heure de la guerre, que des vertus solides, des soldats courageux, qui défendirent hardiment son honneur et le sol national, patrimoine commun.


Un jeune soldat basque, appartenant au 49e d'infanterie, de Bayonne, vient de mourir à Paris, à l'hôpital de l'Institut, place Saint-Georges.


premiere guerre mondiale
HÔPITAL CROIX ROUGE PARIS 1914

Imaginez-vous ce qui se passe dans l'une de ces jeunes âmes simples et sensibles, loin des siens, loin de sa femme, de ses enfants, loin surtout de sa petite maison blanche !




Un Basque vient de mourir à Paris, dans un hôpital, entouré de religieuses, de jeunes femmes, d'un aumônier à robe violette, d'un "monsieur" inconnu de lui, infirmier, médecin, et peut-être, comme c'est le cas ici, membre de l'Institut !




Pauvre et chère petite âme ! Chers yeux inquiets et curieux, brillants de fièvre !




Il était tout jeune encore, vingt-cinq ans, ce Basque, le premier dont on ait parlé. Il s'appelait Laurent Zabaletta !



arbonne autrefois
LIVRE D'OR DES MORTS POUR LA FRANCE 1914 1918
LAURENT ZABALETTA ARBONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Originaire du canton d'Ustaritz, il fut blessé vers le 15 septembre dans la vallée de l'Aisne et conduit à Paris dans un état grave, le 21, après-midi !




Depuis, le pied et le bas de la jambe qui n'étaient qu'une horrible plaie se gangrenaient. Il fallût l'amputer.




Dès qu'il s'aperçût qu'il lui manquait une jambe il se fâcha très fort et avec quelques mots français il fit comprendre qu'il trouvait ridicule, étant revenu de la bataille avec ses deux jambes, d'en avoir perdu une dans son lit... pendant qu'il dormait !




Quel admirable trait d'héroïsme simple ! Au lieu de gémir, il se fâche, cherche des mots pour exprimer ce qu'il appelle sa honte et son ridicule ! Mais la fièvre l'abat. Alors seulement, il se plaint doucement, sans aigreur, à la religieuse, ses grands yeux noirs humides, il se plaint qu'on lui ait enlevé sa jambe sans bataille.




Ah ! la bataille ! Ce mot est pour tous nos blessés comme un coup de clairon ! Ils la veulent connaître et, connue, ils veulent lui revenir ! C'est l'ivresse de la renommée anonyme, combien simple, combien touchante !




C'est bientôt le délire, l'agitation des dernières heures. Son regard éperdu erre sur les murs blancs, s'arrête parfois, s'accrochant à une vision de son village basque. Il parle bas... il ne parle plus français ! C'est sa langue maternelle qui revient ; il parle ainsi au bord de l'abîme où il va s'enfoncer, comme si c'était là le dernier et irrésistible effort de l'instinct atavique.




Il parle sa chère langue... il prie Dieu en basque, appelle les siens et les recommande à Dieu... en basque ! Les infirmiers, les dames de la Croix-Rouge l'interrogent.




Il répond à peine; deux mots français qui indiquent qu'il parle d'un enfant ! 




L'aumônier lui administre les derniers sacrements. Mgr Baudrillart l'assiste, lui serre la main, le réconforte et lui donne l'absolution. En face de lui est un crucifix. Ses yeux ne le peuvent quitter. Sa face est crispée. Une souffrance inouïe s'y révèle qui fait de cette tête, de ce buste d'homme, la tête douloureuse, le corps d'un  grand christ espagnol, dont la vision poignante nous poursuit après la visite à une église où à un musée de l'Espagne catholique, à l'Espagne de Goya.




religion autrefois
MONSEIGNEUR BAUDILLART
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et quand il s'évade de cette extase où tout son passé lui est revenu, son passé de prières enfantines, son passé de famille et d'amour, il regarde longuement l'évêque qui est auprès de lui, essaie de lui sourire et baise longuement la croix que la religieuse tend à ses lèvres. Il meurt !




Il fut inhumé à Pantin, suivi à cette demeure, que je veux croire provisoire, par une foule énorme, émue, les honneurs étant rendus par des agents en armes.


pays basque autrefois
FICHE SIGNALETIQUE LAURENT ZABALETTA
PAYS BASQUE D'ANTAN


M. Frédéric Masson lui dit un émouvant adieu :



"Ce que nous savons de lui, c'est sa mort ! Il est accouru de ses Pyrénées inviolées, pour défendre, contre la ruée des Barbares, la Patrie, Une et Indivisible. Dans le délire de son agonie, à celle qui maternellement tenant ses mains s'efforçait à lui adoucir le terrible passage, il parlait doucement en sa noble langue euskarienne et ces mots qui semblaient une mélopée d'amour, s'exhalaient sans qu'on les comprît. La France les a entendues..."




Voilà comment mourût le jeune soldat basque, mort, inconnu, au champ d'honneur, à la dépouille duquel l'Institut de France apporte l'hommage suprême et ému de la Patrie."







(Source : http://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?id=3513069)





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