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lundi 6 août 2018

LE DOMAINE DE BRINDOS À ANGLET EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1930

LE DOMAINE DE BRINDOS.

Dès 1083, Brindos est mentionné dans le Livre d'Or, qui contient les titres de propriété de l'église et de la cathédrale Sainte-Marie de Labourd.

anglet autrefois
BRINDOS ANGLET
PAYS BASQUE D'ANTAN




Brindos apparaît ainsi comme étant une des quatre maisons nobles d'Anglet appartenant à 

la Cour du Vicomte de Labourd, qui siégea à Bayonne du 11ème au 13ème siècle.


Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et de Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 22 mai 1930, sous la plume de R. Cazal :


"Les belles demeures, les beaux domaines du Pays Basque.

Brindos.


Le Parc enchanté.


C'est peut-être le domaine de la Belle-au-Bois-Dormant..., non, car les oiseaux chantent dans les arbres sur l'accompagnement arpégé des feuillages et là-bas les rainettes accordent leurs flûtes. 



Au bout du chemin, des pierres blanches en arcade nous ont invités à passer le seuil ; pour descendre la pente rapide l'allée serpente et on a l’impression de s’enfoncer sous-bois ; la piste s’élargit, un toit se devine, l’air semble soudain plus frais ; voici du ciel en large vélum ; trois taches fauves, trois bonds, trois loups !... non, trois chiens qui nous immobilisent ; un ordre qui apaise, trois noms clamés ; Flora, Brindos et Swipe se transforment, de farouches gardiens, en familiers gardes du corps. 


anglet avant
BRINDOS ANGLET
PAYS BASQUE D'ANTAN

La maison contournée, le spectacle nous rend muets, tant il est imprévu, tant il est inouï ; la sensation d’être "ailleurs" dans un pays féerique s’accentue ; magique, le lac plisse sa moire sous le soleil, frissonne, chatoie, étincelle, reflète tout le bleu du ciel et s’ombre du glissement furtif des légers nuages. 



Miroir immense qu’enserrent des arbres de toutes les essences, aux feuillages de toutes les couleurs, il allonge son ovale, là-bas, où l’arche d’un pont fait deviner une rivière. 



Stylisé dans ce paysage inouï, romantique comme une gravure de Gustave Doré, le pont semble attendre Brocéliande et Mélusine ; viendront-elles agiter leurs écharpes pour saluer la blanche escadrille des canards qui s’efforce vers les roseaux ? 



biarritz autrefois
NEGRESSE LAC BOIS BOULOGNE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Près de la maison s’étend la grève aux cailloux blancs ; hamacs, transatlantiques, invitent à la contemplation, au rêve, bien plus qu’au repos ou à la paresse; mais il faut secouer l’emprise de cet envoûtement, il faut agir ; une chaîne à détacher, des rames à plonger, et c’est la promenade sur le lac tant de fois survolé, mais dont jamais je n’avais soupçonné le charme ensorcelant, la beauté merveilleuse, l’étendue véritable. 



Pourrait-on croire ici, dans ce décor de légende, que Parme est le premier voisin, que les moteurs ronflent, que les hélices vrombissent au-delà justement du large rideau ce verdure ? Pourrait-on croire, ici, que Biarritz est aussi près, que nous sommes venus à pied tout à l’heure en flânant, sans même connaître le chemin ; pourrait-on croire qu’à l’opposé du pont des fées, à travers bois, on nous conduira tout à l’heure jusqu'auprès d’une gare de chemin de fer ?




anglet autrefois
AERODROME PARME ANGLET
PAYS BASQUE

Laissons toutes ces possibilités qui ne nous disent rien pour l’instant, jouissons du grand silence, des jeux de la lumière, des effluves forestiers, de la gamme des couleurs, de la surprise d’un vol d’oiseaux, de celle du saut d’une carpe ; goûtons la familiarité maintenant définitive des trois chiens loups et celle plus distante de ce grand coq botté et casqué qui tient ses poules à distance et ne leur laissera pas franchir la porte de la maison où il pénétrera seul, deux tout petits chiens à colliers sonnants en défendant l’entrée à leurs grands congénères qui se coucheront résignés sur le seuil. 



L’enchantement continue dans la maison accueillante ; un grand piano des partitions dénoncent les goûts des occupants ; de beaux tableaux des fauteuils profonds, ce je ne sais quoi qui révèle sa "vieille France"dans le choix et l’arrangement des meubles ; un goûter exquis et une conversation alerte, gaie, diverse, bien française elle aussi, complètent notre joie. 



Mais il faut songer au départ ; impossible aujourd'hui de faire le tour du lac, il est trop tard pour entreprendre cette randonnée, car c’est quatorze hectares qu'il faudrait "encercler" et cela représente un petit nombre de kilomètres. On nous accompagne d’ailleurs, de crainte que nous ne nous égarions dans le parc qui, lui, compte plus de quarante hectares d’un seul tenant et sans véritable chemin, rien que des allées tracées, marquées par les habitants de la propriété et leur personnel. 



biarritz autrefois
ROUTE DE LA NEGRESSE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Nous allons avec la meute renforcée des deux petits élégants cabots que ne sont pas les moins hardis à prendre l’avance ; nous foulons l’herbe et la mousse ; nous arrivons au royaume marécageux des grenouilles qui maintenant donnent leur beau concert ; c’est toujours le grand calme et la grande magie de la forêt qui règnent, tantôt sous les pins et les mélèzes, tantôt sous les ormeaux et sous les chênes ; on monte, on descend ; les pentes vallonnées nous réservent des surprises ; une éclaircie, une clairière et l’on est saisi par une vue impressionnante sur la chaîne des Pyrénées; avec une joie toujours augmentée, on rentre sous les magnifiques futaies en regrettant de ne pouvoir aller plus loin, de ne pouvoir s’arrêter auprès des sources chantantes qui mouillent les pieds des fougères arborescentes ; sources claires, eaux cristallines et pures aux vertus indiscutables, que n’êtes vous canalisées pour les buveurs d’eau (il y en a !) de Biarritz ?



Une barrière et nous voici sur un chemin qui longe la voie ferrée, des usines érigent leurs insolentes cheminées, la gare de La Négresse est prochaine et la route et les camions et l’autobus qui en cinq minutes nous ramènera chez nous. 



biarritz autrefois
GARE ET QUARTIER DE LA NEGRESSE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Fini le voyage au pays des fées dans l’Espace et dans le Temps, finie l’Illusion, envolées les jolies et hallucinantes résurrections. 



Avant que de partir tout à fait, un regard en arrière ; quel contraste entre le domaine forestier et lacustre et le faubourg moderne animé et bruyant. Quelle cité riche, adorable, pourrait surgir au bord du lac et dans les bois, combien j’envie le privilège de la jeune femme et de la fillette qui nous quittant vont retourner parmi tant de calme, de quiétude et de beauté, souveraines d’un domaine enchanté, auquel nul ne peut être comparé dans cette région qui cependant compte de magnifiques propriétés ; mais aucune d’elles ne possède à la fois la forêt et le lac, les sources et les brises comme Brindos, royaume et paradis des fées."





(Source : https://journals.openedition.org/lapurdum/1823)

 



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