LES PASSEURS HENDAYAIS EN 1908.
Le métier de passeur entre Hendaye et Fontarrabie était un métier dur mais rentable.
PASSEUR HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le métier de passeur était de bon rapport.
La traversée demandait, selon la marée, de 10 à 30 minutes.
Les prix variaient selon que l'on soit touriste ou journalier.
Les passages les plus nombreux se faisaient à l'occasion des processions du Vendredi Saint et
des fêtes du 8 septembre.
Les prix alors étaient plus sages : 50 centimes la traversée et 15 centimes pour les abonnés (le
prix du kilo de pain est de 45 centimes).
Sous l'oeil débonnaire du douanier, les touristes s'installaient par groupes de 6 à 8 dans chaque
embarcation qui disposait de 3 ou 4 bancs.
Les passeurs les plus réputés étaient hormis Suertegaray représenté ci-dessus :
Elie Nacabal (surnommé Chamblan), Elie NAzabal (Tarat), Orthous (Pottoko), Firmin
Sisitiaga (Bitiri) et son fils Bartholomée, Pépé Camino, Patxiku Berra.
En 1891, Ulysse et Jean Baptiste Van Lissum, Suertegaray, Ignacio, Jean Ortet et Navarra
signent un nouveau règlement devant le syndic B Lafosse et avec le Concours du Conseil
Municipal et de son maire M VIC.
Voici ce que rapporta le journal Le Petit Marseillais, dans son édition du 15 août 1908, sous la
signature de L Faber :
"Hendaya y Fuenterrabia.
12 août.
Lorsque l’on arrive à Hendaye on pourrait déjà se croire en Espagne.
Le voyageur y est accueilli par des vociférations rauques, assourdissantes, qui lui paraissent pleines de menace et lui font aussitôt serrer avec amour sa valise sur son cœur.
Mais ce n’est pas à la valise, c’est à la personne même du voyageur qu’en ont les crieurs ceinturés de rouge et chaussés d’espadrilles. Votre bagage importe peu ! L’essentiel est que l'on sache par quel passeur, entre tant de bateliers vociférants, vous accepterez de vous laisser conduire d'Hendaye à Fontarabie.
PASSEURS HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
De là, ces cris horribles d’où émergent des indications répétées et furieusement françaises.
PASSEUR HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Merci du français ! Mais le reste? Les propos rocailleux que les passeurs forcenés échangent entre eux ; est-ce de l'espagnol? Est-ce du patois de frontière?
Ni ceci ni cela, monsieur : vous êtes en pays basque, et le langage qui chatouille un peu durement votre oreille, c'est l'euscara. On est Espagnol et Français sur les rives de la Bidassoa. Espagnol du côté Navarre et Français du côté Adour ; mais, à droite ou à gauche, on est d’abord Euscarieu, c'est-à-dire Basque, avec des mœurs communes, un sang de race autonome, un idiome qui déconcerte les savants soucieux de classification linguistique et, à plus forte raison, le touriste préoccupé de ses finances.
PASSEUR HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Si vous avez déambulé en territoire basque français et sur cette côte admirable concurrente heureuse de la "Côte d’Azur", et qui s’appelle "Côte d'Argent" pour les franges de ses plages, de ses falaises, de ses barres — peut-être aussi pour le prix de ses auberges ; si vous êtes allé de Bayonne à Hendaye par le chemin de rêve où Biarritz la Royale et Saint-Jean-de-Luz égrènent leurs villas étincelantes, vous avez été frappé du nombre de mendiants et de citoyens qui ressemblent à des Espagnols.
MENDIANTS ESPAGNOLS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Pour les mendiants, c’est vrai, ils nous arrivent tous d’Espagne. Mais pour les autres, non pas! Ils sont Basques, rudes, alertes et fiers, actifs à la besogne autant que passionnés du jeu de pelote jeu national autant à Saint-Sébastien qu’à Bayonne, où nous avons relevé sur le mur de la cathédrale cette large inscription :
"Défense de jouer à la pelote."
Ne pas déduire de cet avis prohibitif que l’Eglise juge damnable ce jeu national. Des curés s'y adonnent. Mais il paraît que, à Bayonne, on abusait du fronton présenté par le haut mur de la cathédrale, où s'incruste un porche ciselé. C’était, le dimanche, une cause de dissipation pour les dévotes qui, sans doute, en oubliaient vêpres.
Les joueurs captivants furent priés d’aller peloter ailleurs, en vue des championnats fréquents pour lesquels Basques d’Espagne et Basques de France passent volontiers la Bidassoa, soit à Irun, soit à Hendaya y Fuenterrabia.
A Hendave, la traversée par bateau est originale et les passeurs sont amusants.
PASSEUR HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous avons, au saut du train, dit un mot à un de ces hérauts de la barque, il parait que c’est un engagement. Dans notre visite d'Hendaye, où tout est vite remarqué, parce qu’il n’y a rien à voir, le passeur est sur nos talons. Nous allons à la poste : il est devant la boite ; nous déjeunons : il croise à la porte de l'hôtel. Nous flânons au jardin : il s’encadre aux barreaux de la grille et ne démarrera qu’en notre compagnie... à bord.
En route pour Fontarabie !
PASSEUR FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous pensons y aller tout droit et parcourir en vingt minutes deux ou trois petits kilomètres. Mais la Bidassoa est un drôle de cours. Son vaste estuaire, à marée basse, est un champ de sable, avec, çà et là, des rubans d’eau navigable. Et c'est toujours marée basse dans ce pays singulier. Le matin, la mer est partie ; l’après-midi, elle n’est pas revenue. Si l’on veut lui dire bonjour, il faut se lever au milieu de la nuit, sauf de l'aller chercher au cap du Figuier, par exemple, — ce que nous n'avons pas manqué de faire en débarquant à Fontarabie.
PASSEUR HENDAYAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Car on passe tout de même l'estuaire ensablé et c’est une joie que de défiler sous le regard des douaniers espagnols, qui promènent de grands fusils. La pentière est fortifiée. A l'équipement belliqueux des douanes, on comprend que c’est ici le pays de la contrebande. Près des gabelous, de souriants cavaliers, en petit chapeau verni, regardent passer les gens, passeurs et passagers.
Sur la plage, chacun passe. Chacun vient, chacun va. Drôles de gens que ces gens-là.
Mais ce n’est pas le moment de chanter Carmen. Fontarabie se dresse près de nous dans sa parure orgueilleuse de palais en guenilles.
Si Hendaye n'a guère à montrer que sa maison de Pierre Loti, — assez quelconque villa, — Fontarabie, si curieuse de lignes à distance, si attirante par les souvenirs qu’y ont laissés les amiraux Cabrera ou les généraux Condé. Fontarabie est remarquable par des vestiges de splendeurs auxquels s’attachent les noms de François 1" et de Charles-Quint.
LA PUERTA FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
CALLE MAYOR FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
CASA CONSISTORIAL FONTARRABIE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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