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vendredi 9 février 2018

OBSÈQUES DE M. PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1919


LES OBSÈQUES DE PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ EN 1919.


Pierre Forsans est un homme politique français, né le 1er septembre à Bonnut (Basses-Pyrénées) et décédé le 16 novembre 1919 à Biarritz (Basses-Pyrénées).


biarritz 1919
PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Directeur des chemins de fer de Biarritz, il fut maire de Biarritz, conseiller général et sénateur 

des Basses-Pyrénées, de 1909 à 1919.




Voici ce qu'en rapporta la Gazette de Biarritz, de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son 

édition du 19 novembre 1919 :


"Obsèques Solennelles de M. Forsans.

Les obsèques de M. Pierre Forsans, chevalier de la Légion d’honneur, sénateur et conseiller général des Basses-Pyrénées, maire de Biarritz, ont été célébrées ce matin au milieu d'une manifestation très imposante. 


Toute la ville de Biarritz a voulu rendre un dernier et suprême hommage de sympathie à son maire respecté et aimé, à cet homme de cœur qui, s’il comptait des adversaires politiques, ne s’était créé aucun ennemi personnel. 


Dès 10 heures du matin, les personnalités officielles, les délégations de sociétés et les amis de M. Forsans, arrivent à la maison mortuaire tapissée de tentures noires aux initiales du défunt. 


À 10 h. 15 environ, un détachement du 49e de ligne, avec son glorieux drapeau déchiqueté, et commandé parle lieutenant-colonel Gaussot, vient se ranger sur le trottoir du Jardin-Public et forme la haie. 


Le clergé fait son apparition vers 10 h. 20, et procède à la cérémonie de la levée du corps.


Lorsque le cercueil est placé sur le corbillard, le 49e présente les armes, et les clairons de la Clique Biarrotte sonnent le garde-à-vous. 


Le cortège, dont l’organisation est assurée par les soins de M. Daliet, commissaire de police, se met en marche dans l’ordre suivant : 


Les agents de police, les enfants des écoles (garçons et filles), la compagnie des sapeurs-pompiers, sous le commandement du capitaine Lhermenault, les tambours et clairons de la "Clique biarrotte" ; deux sapeurs-pompiers portant la couronne offerte par la compagnie, deux agents de police bayonnais, portant la couronne de la ville de Bayonne, deux agents portant la couronne de la ville de Biarritz, deux employés municipaux portant la couronne offerte par les employés municipaux ; deux employés d’hôtels, portant la couronne du "Syndicat des Hôteliers." 


Viennent ensuite le char des couronnes qui est garni jusqu’au faîte, le clergé, puis le corbillard, attelé de deux chevaux noirs, recouverts d’un drap noir frangé d’argent. 


Les cordons du poële sont tenus par MM. Maupoil, préfet des Basses-Pyrénées, Barthou, député des Basses-Pyrénées, ancien président du Conseil, Catalogne, sénateur des Basses-Pyrénées, un commandant d’état-major, représentant le général commandant la place de Bayonne, Le Barillier, conseiller général, et Dumonteil, conseiller d'arrondissement. 


Le deuil est conduit par M. Alexandre Forsans, frère du défunt, par M. le Dr Gallard, par des amis personnels et par tous les membres du conseil municipal. 


On remarque ensuite MM. Ybarnegaray, Bérard, Choribit et Guichenné, députés, Fauconnier, sous-préfet, le président et les membres du tribunal civil, le procureur de la République, le président et les membres du tribunal de commerce, le président et les membres de la chambre de commerce, les conseillers généraux et d’arrondissement, les délégations d’officiers, les consuls, les maires et les conseillers municipaux des communes environnantes, les fonctionnaires ; toutes les sociétés de Biarritz parmi lesquelles la Section des Mutilés, l’Union des Combattants, les Vétérans, l’Aiguille Biarrotte, la Bienfaisance Mutuelle, la Jeanne-d’Arc, l’Association des Guides-Baigneurs, Biarritz-Chorale, les Brancardiers, l’Espérance Amicale, la Mutuelle Hôtelière, Biarritz-Olympique, la Saint-Martin, la Fédération des Chasseurs du Sud-Ouest, les Myosotis, les Ouvriers réunis, etc. 




pays basque avant
JEAN YBARNEGARAY DEPUTE
PAYS BASQUE D'ANTAN






pays basque autrefois
LEON BERARD DEPUTE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Des Délégations et personnalités étaient venues de toute la région, M. Martinet, représentant les comités républicains d'Hendaye ; M. Boué, conseiller général de Thèze, était venu spécialement au nom des groupements de la région paloise, MM. Estrade, Lafont et Lefèvre, avaient été délégués par la colonie française de St-Sébastien ; toutes les communes voisines, notamment Bayonne, étaient représentées ; remarqué encore toutes les personnalités de la colonie cosmopolite de Biarritz, le baron Pawell-Rammingen, en son nom et au nom de S. A. R. la princesse Frédérique de Grande-Bretagne et de Hanovre, M. Juanchuto, conseiller général, M. Morin, conseiller d’arrondissement, M. David Delvaille, etc... 


Parmi les couronnes offertes nous avons remarqué, outre celles citées plus haut : celles des Brancardiers volontaires, du conseil municipal d’Anglet, de la colonie britannique, de la Société des auteurs et compositeurs de musique, de la Société des Salines de Dax, de l’Union des Combattants, de la Société d’acclimatation, de la Compagnie B. A. B., de la Gazette, de l’U.N.C. (section de Biarritz), de Biarritz-Olympique, de la Colonie Russe, et de nombreux groupements et amis. 




biarritz 1919
PIERRE FORSANS MAIRE DE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Pour se rendre à l’église Sainte-Eugénie, le cortège a suivi l’itinéraire suivant : 

Avenue de la Liberté, place de la Liberté, rue Mazagran, place Sainte-Eugénie. Sur tout le parcours, la population de Biarritz, recueillie et émue, se presse et forme la haie. Tous les magasins, même les cafés sont fermés. Les candélabres sont allumés et couverts de crêpe.


L’église Sainte-Eugénie n’a pu contenir que la moindre partie des assistants. L’absoute a été donnée par M. le curé Larre. 




biarritz 1900
EGLISE STE EUGENIE BIARRITZ - MIARRITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Puis le cortège se reforme pour aller au cimetière où il est arrivé vers midi. L’immense foule des assistants, parmi lesquels beaucoup ne pouvaient dissimuler leur émotion et leurs larmes, s’est trouvée fort à l’étroit et c’est au milieu du recueillement que les discours ont été prononcés sur la tombe. 


Discours de M. le Préfet Maupoil.


"Mesdames, Messieurs, 

Il y a trois semaines, j'eus l'occasion de voir à Pau M. Forsans : il était, à son habitude, plein d'entrain, plein d'énergie, plein de santé, semblait-il. Je le retrouve aujourd'hui terrassé par une courte maladie, glacé par la mort, étendu dans ce cercueil, seul lit où un homme de sa trempe et de son activité pouvait espérer le repos. 


Sa mort, qui frappe douloureusement sa famille et ses amis, met en deuil et le Sénat et le Conseil général et l'Administration. C'est au nom de cette dernière et au nom du Gouvernement de la République, que je viens adresser au maire de Biarritz un suprême adieu. 


L'existence de M. Forsans fut toute de labeur opiniâtre et de dévouement à la chose publique. Fils d'ouvriers, il débuta par l'atelier ; mais à la force du poignet, il réussit à se faire admettre à l’Ecole des Arts et Manufactures d’Angers, d'où il sortit à 20 ans avec le diplôme d’ingénieur. Engagé à ce titre par la Compagnie du chemin de fer de Bayonne à Biarritz, il fut, quelques années après, placé la tête de ce réseau ferré si petit quand on ne voit que la carte, si grand quand on mesure la contribution qu'il apporta à la prospérité du Pays Basque. 


Ce fut la première période d’une carrière qui devait être extrêmement remplie et à la quelle la mort vient de mettre un terme si imprévu et si brutal. 


En 1881, les concitoyens de M. Forsans, distinguant ses rares qualités, l’envoyèrent siéger au Conseil municipal. Le nouvel élu ne tarda guère à se faire remarquer par le rôle qu’il joua au sein de cette Assemblée, et c’est à cette époque qu'il entra de plain-pied et délibérément dans la vie publique. 


Elu adjoint au maire en 1888, il fut, en raison de sa compétence, délégué aux travaux de la ville. Avec la claire vision des perspectives d’avenir ouvertes à Biarritz, il traça le programme des améliorations et des embellissements dont il avait entrepris de doter cette merveilleuse station, lancée par la Cour impériale. C’est alors qu'il devient lame agissante du Conseil municipal, qui, malgré les passagères fluctuations de la politique, lui maintient sa confiance, le soutient de ses encouragements jusqu'au jour où, en reconnaissance des services rendus, il lui confie l’écharpe de maire. 


Lorsque fut décidée, en 1805, la création du canton de Biarritz, M. Forsans fut choisi tout naturellement pour représenter ses fidèles électeurs à l’Assemblée départementale. 


Au mois de janvier 1909, c’est encore sur lui que se portèrent les suffrages des Délégués sénatoriaux.


Il ne m’appartient pas de rappeler ici le rôle qu’il joua tant au Conseil général qu’au Sénat, mais je ne puis passer sous silence son rôle d’administrateur. 


Une formation spirituelle plus pratique que théorique, une vive intelligence des affaires qui l’avait désigné à l’attention d'Eugène Péreire pour la direction du B.-A.-B., une grande force de volonté et de travail, l’esprit de réalisation et de méthode, voilà le bagage que M. Forsans a apporté avec lui dans ce cabinet du maire de Biarritz, où j’eus l’honneur d'être reçu pour la première fois, il y aura bientôt un an. De cet entretien, j’emportai et je conserve l’impression que la vie de l’homme que je venais d’entendre se confondait avec la vie même de sa cité. La mobilisation l’avait privé de ses principaux collaborateurs ; d’autres lui avaient été ravis par la mort ; d'autres étaient éloignés de la vie municipale par des deuils ou par des maladies. Seul, ou presque seul, il faisait face à tout, il parait à toutes les imprévisions, il subvenait, dans la mesure du possible, à tous les besoins ; il apportait aux mille problèmes de l’heure des solutions qui, pour être improvisées, n'en étaient pas moins bonnes. Seul, ou presque seul, il était en butte aux critiques et aux accès d'humeur que plusieurs années de restrictions, de privations et de tristesses provoquaient, chez certains Biarrots, accoutumés dès longtemps à l'aisance de la vie, à la propreté méticuleuse de la voirie, à l'abondance de toutes les denrées, à la parfaite correction des services publics. 



J’atteste ici que, comme la plupart des maires qui trouvèrent sous leurs pas de cruelles aspérités, M. Forsans n’eut de cesse qu’il  ne les eût surmontées. Il savait se placer en face des pires difficultés et, à force de ténacité et d’efforts, il parvenait à les vaincre, sans qu'aucune plainte sortit de sa bouche, sans que le moindre découragement parvint à s’infiltrer dans son cœur. Comme la plupart de ces magistrats municipaux à qui la France ne pourra jamais payer le tribut de reconnaissance, que leur dévouement et leur abnégation pendant la guerre ont mérité, il s'adressait aux heures de crise, à ce que l'on appelle l’Administration supérieure. Mais il ne mêlait à ses justes réclamations aucun courroux, aucune aigreur : il plaidait, au contraire, la cause de ses administrés avec tant d'habileté et tant de souplesse, il apportait dans ses paroles une telle force de persuasion qu’il fallait, pour ne pas lui donner satisfaction, se trouver vraiment dans l’impossibilité absolue de le faire. 


Jusqu’au jour où la maladie qui devait l’emporter, lui fit abandonner les devoirs de sa charge, il consacra toutes les forces de son intelligence et de son cœur au service de ses concitoyens. S’il s’est rendu compte des approches de la mort, je suis certain qu’il a éprouvé plus de tristesse à abandonner inachevée l’œuvre à laquelle il s’était voué corps et âme qu’à renoncer à la vie elle-même et aux satisfactions qu’elle pouvait encore lui donner.


Que cette vie, dont l’unité est admirable, serve d’exemple à ses continuateurs ! Elle témoigne d’une manière éclatante qu'une légitime ambition est permise sous la République aux fils de la Démocratie qui cherchent à s'élever par la Volonté et par le Travail, et qui mettent leurs qualités naturelles au service non pas seulement de leurs intérêts particuliers, mais des intérêts de la petite et de la grande Patrie."






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