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mercredi 14 février 2018

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS À HENDAYE - HENDAYE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1921


EN DÉCEMBRE 1921, ON INAUGURE À HENDAYE UN MONUMENT AUX MORTS.

Après la première Guerre Mondiale, de nombreuses communes de France et du Pays Basque Nord souhaitent honorer leurs morts en érigeant un monument aux morts.

hendaye 1921
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

C'est le cas par exemple, à Hendaye, en Labourd, où en décembre 1921, un monument aux 

morts est inauguré.


Voici ce qu'en rapporte la presse, et en particulier la Gazette de Biarritz-Bayonne et de Saint-

Jean-de-luz, dans plusieurs éditions :


  • le 19 décembre 1921 :

"L’inauguration du Monument aux Morts de Hendaye.

Hier, à 10 heures et demie, se sont déroulées, dans un ordre parfait et un pieux recueillement, les cérémonies de l’inauguration du monument qu’Hendaye a élevé à l’impérissable mémoire de ses enfants morts pour la défense de la Patrie. 


C'est M. Fauconnier, sous-préfet de Bayonne, qui, en compagnie du colonel commandant le 49e régiment d’infanterie, a procédé à cette inauguration, à laquelle assis tait une foule nombreuse. 


Le cortège d’honneur était fermé de la municipalité entourée du Conseil municipal, de toutes les Sociétés militaires et civiles de la Ville, des enfants du Sanatorium de la Ville de Paris accompagnés de leurs infirmiers, de ceux des écoles sous la conduite de leurs maîtres et maîtresses. 




hendaye avant
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

De toutes parts, de superbes couronnes avaient été envoyées et contribuaient à l’éclat de la cérémonie. 


Au pied du monument, et après la lecture émouvante de la liste des morts glorieux, le Maire a prononcé une allocution émue et empreinte du plus pur patriotisme. 


Après lui ont pris la parole, M. le sous-préfet et M. le colonel du 49e et, enfin, sous la double impression de la beauté de cette manifestation pour ainsi dire familiale, de la reconnaissance d’Hendaye à ses morts, et des nobles idées qui y furent exprimées, la foule s’est lentement retirée. 


Quant au monument lui-même, il est d'une très belle inspiration artistique et est dû à MM. Martinet et Adamski."




hendaye autrefois
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

  • le 20 décembre 1921 :

"Nous avons publié, dans notre numéro d’hier, un premier compte-rendu de l’émouvante cérémonie de la remise du monument aux morts à la ville de Hendaye. 


Voici les détails plus précis qui nous parviennent sur celte pieuse manifestation : 


La cérémonie religieuse.


Plus une place à l’église, quand à 9 h. 30. M. l'abbé Frappart, curé de Hendaye, monte à l’autel pour célébrer la messe à laquelle assistaient les autorités civiles et militaires. Remarqué parmi ces derniers : MM. Choubac, maire ; Fauconnier, sous-préfet de Bayonne ; le colonel du 49me ; V. Palacio et N. Estomba, consul et vice-consul d’Espagne Homsy, commandant du "Grondeur" ; Zaragueta et D. Martinez, maires d'Irun et de Fontarabie ; capitaine de gendarmerie, chef de gare, inspecteur des douanes, receveur des postes et des contributions indirectes, commissaire spécial de police, Brastegui, conseiller municipal d'Irun.




hendaye 1900
EGLISE HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

A l’Offertoire. Mme E. Guillot fit entendre sa belle voix de mezzo-soprano dans : "Ils sont tombés", qu’un groupe de jeunes filles reprit en chœur. 


Un enfant de Hendaye, ancien combattant., M. l’abbé Frappart, curé de la paroisse, monta en chaire et exalta eu termes élevés les mérites de ses concitoyens tombés pour la défense du sol sacré de notre belle France. L’absoute est ensuite donnée et le cortège se forme aussitôt sur la Place de la République. A 10 h. 30, aux sons de la "Marche Funèbre" de Chopin, exécutée par l’Harmonie Municipale, on se dirige dans un ordre parfait vers Castel-Zahar, par la rue du Port, le boulevard de la Plage et le Vieux-Fort. 


Le Monument.


Le monument en hémicycle est en pierre rouge du pays. On y accède par trois marches. Sur le devant, un bronze sur socle représente la France poétisée par une femme soutenant dans ses bras un soldat mourant, œuvre primée au dernier Salon, du sculpteur Ducuing. Le travail d'ensemble, architecture et décors est, comme nous l'avons déjà dit, de MM. Martinet et Adamski, architectes paysagistes. 


Le monument est très heureusement placé sur un fonds de verdure sur l'esplanade du Vieux-Fort, site d'une incomparable beauté. A droite, l'horizon sans fin, la mer, en bas la Bidassoa. sur la gauche Fontarabie, le tout baigné d’un soleil radieux comme on en voit seulement dans le pays cher à Pierre Loti, tel est le décor majestueux qui entoure le monument, lieu qui se prête au recueillement éloigné de tout bruit, endroit vraiment de circonstance. 


Les deux allées latérales sont réservées aux enfants des écoles Sanatorium et Nid Marin ; sur la pelouse de gauche, se trouvent massés le groupe des Combattants, des Mutilés et la Section des Vétérans 1870-71, avec leurs bannières ; sur la pelouse de droite, le groupe des orphelins, des veuves et des parents des disparus ; à sa gauche, le groupe des Dames de l'Union de France ; l’allée centrale est réservée à la garde d’honneur, formée par les marins du "Grondeur", la gendarmerie et les douanes actives, en tenue; le groupe des personnalités officielles est placé face au monument. 




hendaye avant
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les Discours.


Avec une émotion intense, M. Choubac, maire, ancien directeur des écoles laïques et ancien maître de cette belle jeunesse aujourd'hui disparue, fait en ces termes la remise du monument à la population :


Messieurs, 

J'ai aujourd’hui l’insigne honneur de remettre aux habitants d'Hendaye, ce monument destiné à commémorer bien avant dans la suite des temps le souvenir des héros hendayais morts pour la France durant la plus terrible guerre qu'ait supportée l'Humanité. 



hendaye autrefois
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN


En recevant par la communauté ce premier témoignage de reconnaissance et d'admiration pour nos morts, j’ai hâte d’adresser mes plus vifs remerciements à tous ceux qui, riches et pauvres, ont généreusement apporté leur part aux importantes sommes recueillies par souscriptions ou dons volontaires. 


Merci à tous ! Ils ont fait honneur aux Grands Morts, en faisant revivre leurs glorieux souvenir dans ce sanctuaire désormais sacré, c’est ici que désormais, les âmes de nos morts se sont donné rendez-vous ! 


Ici l'orateur retrace la vie de souffrances et d’espérances des Poilus de 1914-1920 : 


Tous sont morts pour la France ; Que dis-je ? Non, ils ne sont pas morts ; ils sont au milieu de nous pour y rester à jamais avec leur souvenir vivant, immortel, gravé dans notre cœur comme leur nom l’est sur ce granit.


Mères et veuves éplorées, vaillantes femmes de la ville et de la campagne, séchez vos larmes et haut les cœurs ! 


S’adressant aux Mutilés et aux Combattants : 

Poilus vous étiez, poilus vous restez, c’est-à-dire les soldats de la France qui ont sauvé l’Humanité de la plus déshonorante catastrophe. Je ne peux m'empêcher de vous honorer avec les morts, et de ne point séparer votre âme de la leur ; ensemble elles furent à la peine, ensemble elles sont à l’honneur. 


Morts glorieux de Hendaye, vous avez bien mérité de la Patrie ! 


Puis un mutilé fait l’appel des 98 disparus dont les noms sont inscrits sur les tablettes de l'hémicycle, et M. Joseph Arambéry, grand mutilé de guerre, prend la parole au nom des Mutilés et des Combattants. Son discours, dont nous donnons quelques passages, fut d'une haute porté morale :


Je viens à mon tour avec une émotion profonde déposer devant ce monument qui doit perpétuer avec le souvenir de nos deuils et de nos souffrances la légitime fierté que nous inspire l'héroïsme de ceux que la guerre nous a pris, l'hommage de notre respect, de notre admiration  et aussi, hélas ! de notre regret.


Quel est celui qui abdiquerait avec indifférence une part de gloire, d'honneur, de pureté morale si chèrement achetée ?




hendaye autrefois
MONUMENT AUX MORTS HENDAYE - HENDAIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il y a quelque chose de plus précieux que la vie, puisque des hommes en ont fait le sacrifice volontaire.


Et tout Hendayais s'incline ici avec ferveur pour songer, ne fût-ce qu'une seconde, que s'il vit sans nul remords, c'est parce que ses aînés sont morts. Et morts vraiment en hommes. On pourra dire qu'un immense sacrifice ne s'est pas fait en vain.


Ensuite, M. Fauconnier, sous-préfet de Bayonne, prend la parole au nom du Gouvernement :


L'hommage que je viens rendre, au nom du Gouvernement, aux Grands Morts d'Hendaye, se double d'une impression d'admiration personnelle que mon séjour en cette région, pendant la guerre, me permet aujourd'hui de ressentir et d'exprimer.


C'est ici peut-être que le sacrifice a été le plus lourd et la pure beauté de sa valeur morale suffit à le magnifier.


L'ancien maître aimé et respecté de tous a traduit, au pied de ce monument, dans un langage si plein de coeur et de douloureuse fierté, l'émotion de la municipalité qu'il préside et de la population qu'il représente.


Il a connu ces hommes devenus des martyrs glorieux d'une époque sanglante : nombreux sont ceux qu'il a éduqués. Son enseignement n'a pas été perdu.


Et pourtant s'il était un pays où l'on sentait la douceur de vivre, n'était-ce pas dans cette région privilégiée de la nature ?


Ici la description du décor pittoresque qui entoure le monument :


Aux plus sombres jours de la guerre, aux heures d'angoisse de la ruée sur Paris, ou de la fournaise de Verdun, le deuil des coeurs n'empêchait pas de sentir ici l'avant-goût de l'atmosphère de Paix.


Tout cela, les combattants mobilisés d'Hendaye ne l’ignoraient pas. Quittant sans amertume et sans hésitation, pour un destin qu’ils savaient cruel, ce qui pouvait les retenir, ils allaient s'opposer à l'invasion, dans le seul souci de bien tenir leur place et de répondre à l'appel de la Patrie en danger. 


Combien de ces soldats de la République sont restés dans les champs de bataille ?


Nous n’honorerons jamais assez ces morts qui ont écrit la plus belle page de votre histoire locale. L'oeuvre que voici rappellera leur gloire. Pour nous-mêmes, l'image est de nature à nous unir, à nous réconforter.


L'idéal surgit pour ceux qui sont restés de la tâche accomplie, par ceux qui se sont immolés, et cet idéal n'est point fait de je ne sais quel impérialisme néfaste et dangereux.


L'orateur rappelle les paroles de M. le Ministre de l'Instruction Publique, à l'Université de Bordeaux :


"Exalter la mémoire de nos morts , et prolonger le souvenir de nos souffrances, ce n'est pas arrêter l'histoire à la page de la haine, c'est honorer l'Humanité dans la cause de la France et la Justice dans la Victoire."


Enfin M. le Colonel de Gallé, commandant le 49ème R.I. de Bayonne, en termes énergiques, apporte le salut de l'Armée et glorifie les morts de Hendaye.


Les discours terminés, les enfants des écoles laïques, sous l'habile direction de M. Labarère, directeur des écoles, chantent le choeur à quatre voix :


Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie...


L'Harmonie Hendayaise, dirigée par M. Caunelle, joua "La Marseillaise", et aussitôt commence le défilé devant le monument. Les diverses délégations en commençant par les enfants des écoles, du Nid-Marin et du Sanatorium, les bras chargés de gerbes de fleurs, déposent à tour de rôle, couronnes et fleurs au pied du monument.


La dislocation s'effectue aussi dans le plus grand ordre, grâce au concours dévoué des commissaires du cortège.


Hendaye a honoré ses morts, majestueusement parce que simplement."







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