LA PELOTE BASQUE EN 1928.
La pelote Basque, sport national des Basques a de nombreuses spécialités.
PELOTARIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporte la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition
du 5 septembre 1928 :
"Les balles contre le mur.
Le jeu... et l’âme basques.
La pelote basque?... "Ah! oui... Ah! Ah! Oh! comment donc, la pelote basque!..." vous disent les Parisiens.
Et néanmoins, lorsque vous leur montrez un chistera d’osier, ils le regardent avec la curiosité d’un Papou qui a trouvé un stéthoscope.
Expliquons-leur, en quelques mots, ce qu’est le plus gracieux des sports régionaux français.
D’abord il y a la balle au mur. C’est la pelote à main nue. Tous les gamins du monde l’ont pratiquée instinctivement dès qu’ils ont tenu sur leurs jambes. Mais nulle part comme au pays basque ce jeu n’est en honneur; il n’est pas un Basque qui puisse voir une pelote sans la projeter contre un mur.
Dans certains villages peu connus, comme Charritte, j’ai compté jusqu’à sept frontons réguliers, et je néglige tous les murs contre lesquels petits et grands doivent jouer, malgré la défense écrite du maire et du curé.
FRONTON CHARRITTE DE BAS - SARRIKOTAPEA PAYS BASQUE D'ANTAN |
La règle est simple : un camp "bute" lance la balle; l’autre la reprend. Qu’un joueur manque la pelote, le point est à l’autre camp. Rien de plus. Mais c’est à Ondarroa, par exemple pendant les belles soirées, qu’il faut voir ce jeu étreindre tous les marins du pays basque espagnol. Le fronton, sombre et dominé par la haute église brune, est encombré de joueurs et tous sont vêtus du costume étrange des matelots cantabres; des hirondelles rayent au-dessus d'eux l’air bleu que traverse un angélus et les balles volent, claquantes, noires et rapides, comme leurs sœurs les hirondelles.
ONDARROA BISCAYE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce jeu rapporte à ceux qui y deviennent habiles ; il est dans les moindres villages l’occasion de lourds paris. Il exige un dur entrainement physique, mais comme la boxe, il récompense ses champions. Un des plus désirables sorts que puisse envier le jeune Basque, c’est celui du pilotari avec un i et non pelotari, comme nous l’écrivons.
A huit ans, il joue contre l’église et le curé le poursuit. A dix-huit, il devient professionnel. A trente-huit, il est toujours cafetier et possède son trinquet.
Un trinquet, c’est un jeu couvert, aux murs polis, où le public est protégé par des filets; on y joue à une allure diabolique en utilisant les quatre murs à la fois, et la balle décrit des trajets insensés. Ah! oui, le jeu le plus vif, le plus amusant qui soit...Il faut le coup d’œil prodigieux de cette race pour y réussir.
TRINQUET ST PALAIS - DONAPALEU PAYS BASQUE D'ANTAN |
En place libre, le jeu est beaucoup plus monotone.
Le jeu au chistera est plus harmonieux et plus divertissant. Les pelotes sont beaucoup plus lourdes; le joueur tient le gant d’osier courbé solidement attaché à son poignet. C’est celui que représentent les affiches et les placards de publicité.
CHIQUITO DE CAMBO ET CHISTERA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Oh! que la main gonfle et devient douloureuse, lors des premières parties!... Nul jeu ne prête à de plus gracieuses attitudes. Ceux qui le jouent sont des professionnels, et, disons le mot, des comédiens. Nulle sincérité dans leurs parties, qui sont faites uniquement pour amuser les étrangers.
Mais des amateurs, le député Ybarnegaray, Fernand Forgues, les brillants de Souhy, d’Andurain, Heugas et quelques autres Basques véritables, ont fait renaître depuis peu d’années le jeu à limpio. Quand vous en entendrez parler, allez le voir. Il est cent fois plus vif, plus clair que l’autre; on n’y garde jamais la balle dans le chistera, ce qui au jeu professionnel autorise tant de trucs. Belle et vivante chose en vérité, que le jeu à limpio!
Il existe d’autres jeux encore. Le vieux gant de cuir, qui a précédé historiquement le gant d’osier, sert, mais trop rarement, en trinquet, à des parties de tennis ancien dites à pasaka; on a fait, pendant la grande semaine basque une démonstration du jeu antique de mayaha; et on voit aussi, surtout en Espagne, le lachua et la pala, ou longue raquette de bois; mais c’est relativement rare; vous aurez plus d’occasions d’applaudir (à Bayonne, tous les jeudis) le jeu en trinquet; ou tous les dimanches, un peu partout, la main nue. Assez souvent aussi, sur la Côte Basque, le grand chistera sucio des acteurs de la pelote; moins souvent le rapide chistera limpio des amateurs.
Et si vous avez de la chance, vous verrez jouer au rebot.
C’est le plus curieux, le plus pittoresque de tous les amusements basques. Pour un Français ordinaire, comprendre sa règle ne prend qu'un mois; après quoi il en est ravi. Les discussions entre les arbitres, qui se saluent très bas avant de se parler, sont interminables. On y marque avec des branches de néflier les "chasse" aux points où la balle est sortie du jeu.
A Donesteban, en Navarre, on "bute" la pelote sur un monolithe de grès rose, et à Sare, je l'ai vu jouer souvent dans ce cadre pur : sept montagnes bleues.
FRONTON SARE - SARA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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