LE MUSÉE DE LA MER À BIARRITZ AU PAYS BASQUE.
L'Aquarium de Biarritz, connu sous le nom de Musée de la Mer, se situe à Biarritz, face au Rocher de la Vierge.
MUSEE DE LA MER BIARRITZ -MIARRITZE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un premier Musée de la Mer de Biarritz fut créé en 1871 par le Marquis Léopold de Folin.
Dès 1932, un projet de construction d'un nouveau Musée Océanographique, voit le jour.
Voici ce qu'en rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans diverses
éditions :
- Le 16 février 1932 :
"Musée Océanographique. Adjudication des travaux.
Les plans et devis du projet de construction du musée océanographique, dressés par MM. Hiriart, Lafaye et Lacoureye, évalués à 1 700 000 francs, sont approuvés par le Conseil municipal qui, en autorisant le maire à poursuivre les formalités en vue de la mise en adjudication des travaux par lots séparés, décide que le montant de la dépense sera prélevé sur les crédits inscrits à cet effet dans l’emprunt de 4 000 0000 francs pour travaux de chômage.
Cette question a soulevé une intervention de M. Nury qui déclare qu’il est partisan du musée océanographique, mais que le moment est inopportun pour le construire ; "il y a bien d’autres travaux, poursuit-il, qui doivent nous préoccuper. Et puis les frais d’entretien vont entraîner de nouveaux centimes additionnels ; vous allez encore "tomber" sur les propriétaires".
M. le Maire :
"Je ne supporterai pas un instant de plus cette mentalité de vengeance et je lèverai la séance. M. Nury, nous n’aurons pas de frais d’entretien à payer pour la bonne raison que nous aurons des revenus par les entrées au musée qui nous procureront une somme d’environ 100 000 francs par an ; je compte sur 50 000 entrées à 3 francs."
M. le Maire cite le cas du musée océanographique de Saint-Sébastien qui est très mal placé et qui cependant rapporte chaque année de grosses sommes.
"On dit à l'étranger que Biarritz baisse, que Biarritz est perdu, qu’on s'ennuie à Biarritz ; il s’agit donc de créer pour nos visiteurs des distractions et celle du musée en sera une d'importance. Et puis si chacun avait uniquement l’intention de collaborer comme nous-mêmes, Biarritz ne présenterait pas en ce moment un aspect qui ne lui est guère favorable. Nous devons nous élever au-dessus des questions mesquines. Nous devons faire le musée."
M. Nury vote contre".
- Le 23 février 1932 :
"Qu'est et que doit être un Musée Océanographique ?
Un exemple dont nous devons faire notre profit.
Ainsi donc, les dés en sont jetés. Biarritz va avoir son Musée Océanographique. Un attrait de plus s’ajoutera à tous ceux qui parent déjà notre côte. Le temps est passé où la beauté des sites naturels suffisait à attirer et à retenir à l’envie étrangers et touristes. Là encore, rien ne vient sans peine ni effort. L’ère de la facilité est désormais passée. C’est à l’effort créateur et organisateur des hommes qu’il convient d’agir pour le maintien des situations acquises et du même coup leur développement ultérieur. Car en nos difficiles époques c'est déjà reculer que piétiner sur place.
C’est en cette direction utile que se guida la pensée créatrice de la Maison du Tourisme. Mais jusqu’ici Biarritz souffrait de l’absence absolue d’un quelconque musée. Saint-Jean-de-Luz avait tenu, de son côté, à organiser, dans le cadre qui était le sien, ce musée Ducontenia qui, du simple point de vue "rendement" est fort loin d’avoir été une mauvaise affaire. Reine de la Côte Basque, Biarritz se devait à son tour de s’élancer hardiment à travers les utiles chemins de quelque création nouvelle et sur le plan qui lui revient légitimement.
Une expérience est à nos portes, qui a été citée : celle du musée océanographique de Saint-Sébastien. A notre premier moment de loisir, nous irons sans doute faire là-bas, chez nos sympathiques voisins d’Espagne, une fructueuse promenade. Mais c’est ailleurs que nous voulons, aujourd hui, aller chercher les preuves d’une concluante expérience.
Sous le torride soleil de l’été, Monaco n’a pas seulement l’attrait de ses jardins et de son célèbre casino : tous ceux qui fréquentent la Côte d’Azur savent quel immense succès rencontre le Musée Océanographique dont le prince Albert fut le créateur. La richesse de ses collections, la haute tenue scientifique qui leur a été conservée, ont su s’allier à une organisation remarquable et à la retentissante renommée de ce Palais de la Mer.
Sur le rocher allongé qui surplombe à pic la mer, s’étend un blanc et moderne bâtiment long de cent mètres, d’une belle pierre blanche joyeusement appareillée selon les principes d’une architecture à la fois classique et moderne, où deux ailes en saillie encadrent le corps central de l’édifice. Sur cette façade, les motifs de décoration évoquent déjà les fastes de la mer ; au fronton, les armes du prince, encadrées d’un albatros et d'un aigle de mer gigantesque ; dans des cartouches, les noms de navires de toutes nations dont les découvertes enrichirent ce palais de la mer.
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Voici, tout d’abord, la somptueuse entrée, avec sa grandiose porte, son comptoir de vente et son vestiaire, ses mosaïques où pieuvres, poulpes, poissons, vagues s’incrustent dans la pierre, sa salle de conférences et sa salle d’exposition : méduses et oursins ont inspiré le tracé, entre tous curieux, des grands lustres du salon ; sur les murs, de larges fresques s’inspirent de la mer.
Pénétrons cependant dans le "premier secteur" du Musée (si nous osons dire), celui de l’océanographie zoologique. Une organisation remarquable invite le visiteur à procéder à sa visite des immenses collections selon un ordre immuable ; partout, des notices claires, précises, illustrées et vivantes. Voici tout d’abord la faune littorale et côtière : éponges, anémones de mer, les crevettes variées, les pieuvres, les diverses catégories de poissons avec, notamment, celle des poissons plats. Nombreuses se succèdent les salles ; partout, un dessin, une invitation, une forme anatomique curieuse sollicite l’attention du visiteur.
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Mais passons rapidement, car la place et le temps nous manquent. Voici le second secteur, aussi riche que le précédent, celui de l’océanographie physique et instrumentale ; au plafond pendent de grands et caractéristiques filets ; de salle en salle, voici tout ce qu’il faut pour une étude scientifique de la marée, des courants, des phares, des ports ; les instruments les plus pittoresques se succèdent, des chaluts des grands fonds aux "bouteilles" de prises d’eau de mer.
Voici encore le troisième secteur, celui de l’océanographie appliquée, des industries de la mer, des pêches, des applications pratiques, artistiques et biologiques, quels en sont les extraits industriels des algues et des varechs et que ne fait-on en nacre et en coquillages, sans parler du corail, de l’écaille ou de l’ivoire des animaux marins ? Il n’est pas jusqu’à la pêche préhistorique qui ne révélera à nos pêcheurs le produit de l’art des hommes. Mais en quoi, je vous prie, nos harpons et nos hameçons de Sorde le cèdent-ils à ceux de la Côte d’Azur ?
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Mais voici enfin la merveille. Par centaines, les touristes affluent dans l’aquarium où derrière les plaques de verre se déploient les plus inattendus paysages sous-marins, où les animaux vivent en liberté, recevant à soixante-quatre mètres de hauteur l’eau de mer sans cesse renouvelée et sans cesse aérée automatiquement : tortues de mer géantes, pieuvres hideuses, grotte à éponges, chiens de mer, seiches, prairies d’oursins, coraux, chevaux de mer ou hippocampes, paysages d’anémones blanches, roses et brunes, poissons bizarres aux couleurs éclatantes, partout, le voyageur de passage va d’émerveillement en émerveillement. Il n’est point jusqu’à d’inoffensives torpilles qui ne lui donneront —s'il le désire — une décharge d’électricité animale.
Pourquoi ce qui existe sur la Côte d’Azur n’existerait-il pas sur la Côte Basque ? Nous n’avons pas ici, me direz-vous, un prince de Monaco. Permettez, cher Monsieur, que je vous arrête. Nous n’avons jamais parlé d’imitation servile. Ce n’est pas un coûteux établissement scientifique que nous voulons a Biarritz, c'est un élément d’attraction de plus pour notre côte.
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Le musée de Biarritz n’accordera par suite qu’une place limitée à l’océanographie physique : calendriers des marées, cartes marines du golfe de Gascogne, étude de la barre de l’Adour, cartes de la salinité et des courants de la mer de Biscaye, phares, ports et projets de ports, salle de la navigation maritime en nos pays, n’est-ce pas déjà un beau programme ? N’oublions pas la curieuse fosse du gouf de Capbreton, dont parla jadis en termes si pertinents mon excellent ami M. René Cuzacq, dans un article que reproduisit "La Gazette" et que va recueillir l'un de ses très prochains livres.
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En revanche, la partie de notre musée consacrée à l’océanographie zoologique et expliquée devra faire à Biarritz l’objet de tous les soins. Mais c’est ici que nous entendons faire œuvre originale. C’est la formule régionaliste, si en vigueur aujourd’hui, qui nous donnera la clef du problème : organisez-nous, ô futur conservateur de notre Musée, une salle de la baleine, une salle du saumon, une salle de l’alose, une salle de la sardine, une salle du thon, une salle de la pibale, et je réponds de votre succès. Délaissant même l’eau salée pour l’eau douce, faites-nous une salle de la truite pyrénéenne, où afflueront nos amis les Anglais. Et je ne parle pas de la salle de la pêche, de celle de l’ambre gris du passé, de la navigation à travers les âges, où à l'instar du Musée du Louvre, figureront les maquettes des innombrables types de navires bayonnais de jadis, tilloles, pinasses, couralins, fins corsaires, que sais-je encore. Vous n’oublierez pas, je suppose, nos célèbres cascarottes. Et vous n’oublierez pas davantage nos oiseaux marins, nos si curieux corbeaux de la mer, ces noirs cormorans qui hantent en ce moment nos rochers, ni les puissants marsouins dont quelque spécimen fera l’admiration de tous. Et vous ferez aussi un large appel aux dessins, aux tableaux, à l’illustration. Et vous savez certainement qu’à Guéthary, l’une des gloires de la science française, l’homme du monde qui connaît le mieux les algues, M. le professeur Sauvageon, de Bordeaux, a son humble laboratoire. Croyez-vous qu’il restera insensible à votre appel.
Bien entendu, notre Musée aura de toute nécessité son aquarium : vous y mettrez sans peine des tortues de mer ou les plus beaux spécimens de nos poissons. Il sera l’un des gros attraits de notre Muséum.
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Et vous ne négligerez pas davantage le côté pratique, le côté "rendement" : non point certes, que je veuille faire de vous un quelconque barnum. Mais notre Musée ne sera pas une chose morte : vous organiserez des visites de nos élèves. Vous y recevrez dons et legs, vous y ferez expositions et conférences payantes, vous y organiserez des excursions dirigées qui mèneront sur votre bateau nos visiteurs de l’Adour, de notre Golfe, de Capbreton, de Saint-Sébastien. Et même, comme à Monaco, enfants et grandes personnes prendront chez le gardien de l’aquarium, le bon de nourriture qui leur fera donner la manne recherchée du poisson : tout comme les enfants, les grandes personnes y trouveront leur plaisir.
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