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mardi 19 décembre 2023

LA RÉOUVERTURE DU MUSÉE BASQUE À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN AVRIL 1940

LA RÉOUVERTURE DU MUSÉE BASQUE EN 1940.


Après sa fermeture, le 4 septembre 1939, le Musée Basque et de l'histoire de Bayonne est transformé en Foyer du soldat en avril 1940.




pays basque autrefois musée labourd tradition
MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN




Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Jour, le 28 avril 1940 :



"On a dansé le fandango et servi 50 000 chocolats.

Quand le vieux musée du pays Basque accueille nos soldats.

(De notre envoyé spécial André Aumont).


Bayonne, 27 avril. 



Tous les Parisiens ont vu, à un moment quelconque de leurs voyages, ce délicieux musée Basque, qui est, dans la rose et claire ville de Bayonne, le chef-d'œuvre de tous les musées de nos provinces...



C’est le 4 septembre que le musée ferma, parce qu'il était impossible désormais d’attendre des touristes ; et que parler du mouvement touristique en France devient de plus en plus difficile. Mais il faut ne pas connaître les Basques, ni les Béarnais, ni les habitants de Bayonne en général pour croire qu'ils allaient se décourager. Ainsi ont-ils ouvert aux Français armés la vieille maison, le bel ancien couvent du quai Galuperie...



Et nous voulons vous en parler parce que c’est un bel exemple de débrouille et d'audace ainsi que d'intelligence, mis au service de la France.



Tout d’abord, il fallait ranger tous les objets du musée, les livres rares, les faïences ; et il fallut en faire l'inventaire, car on ne peut pas mettre un musée en piles, n'importe comment. Comme il était peu probable qu'il fût bombardé, — et l'on voit là un bon sens charmant exempt d’exagération méridionale — les protections contre le feu du ciel ne furent pas aussi nécessaires que pour les vitraux de la trop belle cathédrale de Chartres, par exemple. Mais enfin, civils et militaires se changèrent avec énergie de mettre en ordre les trésors du musée, qu'il avait fallu tant de patience et d’amour pour accumuler, puis les réserves de la Société des sciences, des lettres et des arts.



Et tout le monde se mit au travail.



Il fallut même d’abord déranger le Syndicat de reboisement du pays Basque, mais chacun était décidé à aider son voisin. Ainsi sera sauvé pour l'avenir ce musée Basque, une merveille qu'il ne faut pas négliger, une oeuvre vivante, agissante et qui a maintenu la plus tenace, la plus ardente de nos races françaises dans le respect de son admirable passé. 



pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Dans ce décor inattendu...



Restait à créer le Foyer du soldat dans ce décor inattendu, entre les chisteras, les toiles à bœufs, les outils rustiques.




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FOYER DU SOLDAT MUSEE BASQUE 1940
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mme la Maréchale Pétain elle-même, de Biarritz, y apporta son concours. Et quinze jours après, la fanfare des chasseurs pyrénéens se faisait entendre sur le quai des Corsaires. La Sidi-Brahim, qui éveille d’un chant de défi brutal et fier les routes du front résonnait au bord de ce quai où règne une lumière unique dans sa limpidité.


chant algérie guerre
SIDI-BRAHIM ou  LE CHANT DES CHASSEURS



Le fandango.



Puis, les fanfaristes dansèrent, et, comme ils étaient pyrénéens, ils dansèrent un fandango. Le Foyer était fondé. Vous serez peut-être dans l’admiration de savoir que le nombre des entrées a dépassé 95 000 depuis lors — et que si un premier chocolat a été servi aux invités à l’occasion de la soirée, il a été suivi de 47 000 autres chocolats depuis cette époque, sans compter 62 000 consommations. Le Basque, qui aime tant boire à la gourde en l’élevant au-dessus de ses lèvres, est, au Foyer basque bien chez lui.



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BUVEUR AU CHAHAKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Et les autres Français y apprennent à le connaître.



Le cadre du musée est à peine changé. La cuisine existait déjà, parce qu’il y avait une chocolaterie. La bibliothèque a plus de 1 000 volumes. La pièce jadis consacrée au pays Basque français est maintenant une salle de lecture, et il faut connaître les Bayonnais pour savoir qu’on n'y trouve point de sottises.



J’ai toujours été dans l’admiration de Bayonne, l’une des villes les plus intelligentes de France ; on y trouve quantité de cerveaux qui ne seraient pas déplacés à Paris ; que dis-je ? qui sont très supérieurs aux Parisiens par le goût de la méditation, parce qu’ils ont le temps de lire, et qu’ils vous entretiennent de lectures à l’énoncé desquelles un Parisien est stupéfait.



Trop de gens à Paris parcourent un quotidien, puis confondent les âneries de la radio avec une berceuse ou un bruit de fond. 


pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Conférences et chocolat.



Des conférences, pour combattre la propagande ennemie, des distractions, des chocolats et des repas réconfortants — la tasse de thé coûte 40 centimes, le café 60, le chocolat 75 avec une tranche de pain — tout cela, ainsi que la feuille de papier à écrire et son enveloppe offertes au soldat pour 10 centimes, est apporté par les femmes du pays Basque, dont vous connaissez la dignité tranquille. Entièrement bénévoles, elles arborent un voile, une blouse bleu de lin, ainsi qu'un tablier blanc aux armes du pays Basque français.



Eh bien ! Je trouve cela très joli. Et le fait même que des visages bruns et coloniaux se mêlent, dans la vieille chocolaterie, aux rudes visages paysans des montagnes coiffées de nuages, cela me prouve sans doute que la France est une.



pays basque autrefois musée labourd tradition
AFFICHE MUSEE BASQUE DE BAYONNE
ILLUST RAOUL SERRES



Cela prouve aussi que, grâce au commandant Boissel et à ceux qui l’entourent, on trouve à Bayonne une de ces petites Frances, essentielles, ardentes, vivantes, différentes — dont la réunion fait un grand pays."



(Source : L'histoire du musée (musee-basque.com))









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vendredi 3 février 2023

LE MUSÉE BONNAT À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1902

LE MUSÉE BONNAT EN 1902.


Le musée Bonnat-Helleu est le musée des Beaux-Arts de la ville de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).




pays basque autrefois musée labourd
MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le bâtiment a été construit à la fin du 19ème siècle par l'architecte Charles Planckaert, membre 

de l'Institut.

La première pierre a été posée en 1896 par le maire Léo Pouzac, puis le Musée a été ouvert en 

1897 et inauguré en 1901.



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Figaro, le 25 avril 1902, sous la plume d'Armand 

Dayot :


"Le Musée Bonnat.

Bayonne, le 20 avril. 



Réalisant un projet de vieille date, l'illustre artiste a légué les inestimables trésors de sa collection d'art à Bayonne, sa ville natale, dont la clairvoyante générosité permit, il y a un demi-siècle, à son jeune talent, plein de brillantes promesses, de se développer librement dans l'étude des musées étrangers, grâce à l'attribution d'une bourse triennale. 



La plus grande partie des merveilles d'art qui faisaient de l'hôtel de la rue de Bassano un des musées les plus rares, mais accessible à quelques privilégiés seulement, est exposée depuis peu de jours à l'admiration du public. 



Elle occupe toute la première galerie du musée de la Ville, désormais le musée Bonnat, superbe édifice construit à la suite d'un concours, d'après les plans de M. Plankaert, et admirablement adapté à sa destination.  



Bientôt la publication d'un catalogue, dont la rédaction a été confiée à l'érudition artistique de M. Gruyer, énumérera les richesses accumulées depuis quelques jours dans le musée de Bayonne, devenu, du même coup, un lieu de pèlerinage de premier ordre. 



Le département des Basses-Pyrénées est décidément riche en centres d'attractions très variées : Pau, Lourdes, Cambo, Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, Bayonne avec son musée Bonnat... 


pays basque autrefois musée labourd
MUSEE BONNAT BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Heureux pays !



Nous avons retrouvé ici la plupart des œuvres déjà admirées dans l'atelier du maître peintre, mais exposées cette fois dans une lumière tout particulièrement favorable et qui permet à l'œil d'en saisir les plus délicates et les plus subtiles beautés, aussi bien dans l'inoubliable figure de Vierge de Philippo Lippi, que dans les fraîches et aristocratiques peintures de Reynolds, d'Hoppner et de Lawrence.



Dans cette note de voyage, jetée au courant de la plume, nous ne tenterons même pas une nomenclature complète, des merveilles entrevues en passant et dont tous les journaux d'art parleront bientôt avec les développements indispensables. 



Ce qui donne à la collection Bonnat une valeur d'art presque unique, c'est l'harmonieuse perfection de l'ensemble. A l'encontre de bien des collections particulières dont l'excessive réputation est souvent due à des procédés discrets de réclame usités en vue de spéculations éventuelles, elle doit surtout son aspect idéal au goût éclairé aussi bien qu'à la passion esthétique très pure-et très élevée de celui qui mit de si longues années à la composer. C'est comme un palais magnifique dont les précieux matériaux de construction auraient été choisis un à un, après le plus minutieux examen, par un architecte impeccable désireux de présider lui-même aux moindres détails des recherches nécessaires. 



Songez donc que dans, cette collection, qui compte déjà plus de cinq cents numéros et dont chaque pièce est une œuvre remarquable, sans parler de celles qui sont des chefs-d'œuvre, depuis le Christ de Piero della Francesca, jusqu'au Bellérophon de Rubens et au Seigneur espagnol de Greco, toute l'histoire de l'art, depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, est décrite par d'incomparables suites de statuettes égyptiennes et grecques, de vases étrusques, d'ivoires des treizième et quatorzième siècles, de dessins et de peintures des quinzième et seizième siècles français, allemands et italiens, avec Vittore Pisano, Giovanni Bellini, Lucas Signorelli, Pérugin, Botticelli, Ghirlandajo, Léonard de Vinci, Michel Ange, Raphaël, Le Corrège, Veronèse, Primatice... Dürer, Holbein... Clouet, Dumoustier, Poussin, Watteau, Boucher, Lancret, David... 




pays basque autrefois musée labourd
TABLEAU BELLEROPHON PAR RUBENS



Et les admirables esquisses peintes de Rubens et de Van Dyck ! Et les quatre merveilleuses toiles de Rembrandt ! Et l'Homme aux lunettes de Goya ! Et le Duc d'Ossuna, du même peintre ! Et les superbes aquarelles de Géricault, de Charlet, de Barye, de Delacroix ! Et les dessins et les peintures de Decamps, de Chassériaux, de Corot, de Degas, de Daubigny, de Français, de Mélida, de Baudry ! Et les bronzes de David d'Angers, de Barye, de Frémiet !... et caetera



pays basque autrefois musée labourd
TABLEAU L'HOMME AUX LUNETTES
DE FRANCISCO GOYA



Mais c'est d'Ingres surtout qu'il faudrait parler, car la fleur de son œuvre est à jamais déposée dans le musée Bonnat sous les espèces d'une cinquantaine de peintures et de crayons dont l'ensemble, bien mieux que l'amas d'essais intéressants du musée de Montauban, constitue l'expression la plus géniale de l'art du grand peintre. 

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TABLEAU DE INGRES
MUSEE BONNAT BAYONNE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ajoutons que plusieurs peintures de M. Bonnat, et entre autres l'Idylle, qui figura au salon de 1889, et le beau portrait de Barye, représentent très dignement, avec quelques eaux-fortes, l'œuvre du maître dans le musée qui porte son nom. 



pays basque autrefois musée labourd
PORTRAIT DE BARYE
PAR LEON BONNAT



Il est fort possible que M. Bonnat, dont le pieux attachement à son beau pays basque et à sa ville natale est bien connu, n'ait obéi qu'à un sentiment de reconnaissance — ce dont il faudrait déjà le louer— en léguant ses collections d'art à Bayonne



Mais ce qui est certain, c'est que ce transport de tant de chefs-d'œuvre, de Paris, assez riche en merveilles d'art, dans une des régions les plus éloignées de la capitale, a une portée enseignante considérable, et c'est là un fait indéniable dont se réjouiront tous ceux qui pensent, avec raison que jamais les causes susceptibles de développer la vie de l'esprit ne prendront racine avec assez de force dans les centres vraiment trop déshérités intellectuellement de nos vieilles provinces françaises. 



N'est-ce pas une joie de penser que, dimanche dernier, près de quatre mille personnes visitèrent le musée Bonnat ? 



Quoi qu'il en soit, les angoisses qui, dans l'autre monde, doivent tourmenter l'âme de l'excellent M. La Caze en présence des périlleuses lenteurs mises par les ministères des finances et des colonies, ces deux brûlots, à se détacher des flancs du Louvre, seront épargnées à M. Bonnat. Et ce seul rêve de paix d'outre-tombe eût pu suffire à lui dicter une résolution qui fait en même temps le bonheur de tous et assure l'éternité à ses chefs chefs-d'œuvre."


(Source : Wikipédia)



Le Musée est actuellement fermé au public, en cours de rénovation et d'agrandissement et sa 

réouverture est prévue en 2025.






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vendredi 26 août 2022

LE MUSÉE BASQUE ET HENRI GODBARGE EN 1924 (troisième et dernière partie)

 

LE MUSÉE BASQUE PAR HENRI GODBARGE EN 1924.


La devise du musée est : "Hemen sartzen dena bere etxean da", "celui qui entre ici est chez lui."




pays basque autrefois musée labourd
MUSEE BASQUE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 26 octobre 

1924 :



"Opinions.


La Meilleure Organisation d’un Musée Basque.



On a lu l’intéressante étude sur le Musée Basque de Bayonne que notre excellent confrère M. P. H Veyrin a bien voulu écrire pour les lecteurs de la Côte Basque et dont nous publions, plus loin, la conclusion.



Notre ami M. H. Godbarge, architecte et peintre au talent plus spécialement consacré à l'art basque, nous adresse quelques observations que nous publions avec d’autant plus de plaisir qu'elles témoignent du grand souci de perfection et de meilleure organisation.


Très intéressant l'article de M. P. H. Veyrin paru dans votre journal, toujours très informé sur les questions locales, à l’ordre du jour. Cet article, vraisemblablement très documenté, permet de comprendre les idées directrices des organisateurs principaux sinon instigateurs du Musée qui a dû être désigné "Musée Basque" tout court, puis Musée de la tradition Bayonnaise, puis avoir comme titre les deux appellations, et, qui, en définitive est appelé "Musée Basque", alors qu’en réalité il est surtout Musée Régional et aussi bien et plus Bayonnais que Basque. Evidemment, il y a eu, dès le début effort de quelques personnalités pour réunir beaucoup de choses en peu de temps, afin d’éviter ce vide angoissant d’une création discutée. Mais cet effort a-t-il été dirigé selon des méthodes rationnelles comme on essaie de nous le faire croire ? Nullement. Monsieur Veyrin dit que l’idée maîtresse poursuivie était de "donner à tout instant une image aussi exacte et aussi complète que possible du pays basque et de Bayonne". "Il faut légitimer les deux titres dans le présent. J’avoue très bénévolement que cette définition ne me plaît en aucune façon et qu’elle ne répond pas du tout à l’idée que chacun de nous peut se former, à priori, avant visite, d’un Musée intitulé "Musée Basque". Un musée local installé dans un vieil immeuble, aux salles assez exigües et obscures, semble devoir être plutôt une sorte de synthèse des productions artistiques présentes ou passées que l’image complète d’un pays très vaste ”. Cette définition qui m’a surpris, m’aide toutefois à comprendre la sorte d’impression indéfinissable de malaise que j’éprouve chaque fois que j’entre dans le dit "Musée Basque". Ce musée se compose de tellement de choses diverses, appartenant à tous les âges, ayant été entre les mains de toutes les personnes, en toutes provinces basques et à toutes époques choses qui ont été acceptées et groupées sans sélection et sans classement qu'en vérité la sensation dominante du visiteur éduqué est celle d'un pêle-mêle confus malgré le soin et la propreté apportées dans l’arrangement général. Il peut être comparé à une vaste maison provinciale ou des générations successives de propriétaires auraient accumulé, au hasard des rencontres, pendant le cours de voyages sous des latitudes diverses, à des siècles d'intervalle, au petit caprice d’hommes du monde superficiels, la commode Louis XV provinciale rapprochée du bahut de la province de Guipuzcoa, l’armoire béarnaise contigüe au vaisselier du Labourd, la cheminée Louis XVI gasconne aux lignes déformées dans la pièce où le lit Louis XIII plus ou moins pur tient la première toutes choses recueillies avec ferveur, à des sources multiples et collectionnées avec passion mais sans une science raisonnée et sûre de connaisseur que choquent notamment les hérésies archéologiques.



pays basque autrefois musée guide
GUIDE SOMMAIRE DU MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Dans ce "Musée Basque", trois divisions principales, paraît-il ?

Bayonne ; 2" Les Sept Provinces Basques ; 3° L’expansion basque.



J’avoue ne pas aimer l’ordre de cette nomenclature. Je préférerais l’énumération suivante : 1° Les Sept Provinces Basques ; 2° L’expansion basque ; 3° Bayonne, subsidiairement et non l’inverse. Il ne faut pas oublier qu’on ne parle plus que d’un Musée Basque ; donc il doit être basque avant tout, car c’est cela qui est intéressant.



Le programme ci-dessus tracé, dit M.Veyrin, c’est-à-dire : "Essai de représentation de l’image complète de pays aussi vastes", on pouvait poursuivre la réalisation, comme on l’a fait, au Musée Pyrénéen de Lourdes, en procédant par synthèse. — Ah ! que n’a-t-on pas fait comme à Lourdes pour la section béarnaise ! — Car, n’en déplaise à M. Veyrin, ce Musée, cependant très récent, offre un attrait saisissant et fort remarquable aussi bien au visiteur instruit qu’au simple passant qui vient se distraire. Et les objets fort heureusement caractéristiques "qu’il renferme ne sont nullement groupés quelque peu arbitrairement". Toujours d’après la même version, cette vision trop artistique aurait paraît-il été "incomplète". Un musée où il y a une vision "trop artistique" ! Justes Dieux ?... Elle aurait aussi manqué de "précision documentaire". Ah, en vérité, charmant. Il paraît que c’est la section béarnaise du Musée de Lourdes qui manque de la "précision documentaire" que possède en surabondance le "Musée Basque" pour tout ce qui est objet vraiment basque. Combien les choses paraissent différentes, vues sous des angles différents... Je finirai par croire qu’il n'y a plus éducation de l’œil, qu’il n’y a plus de science archéologique, que l’expérience est chose négligeable... Mais en vérité où est-elle dans ce Musée, la documentation basque aussi simple, aussi élémentaire soit-elle faite par province, dans tous ordres d’idées ?...


musée bigorre hautes-pyrénées
65 MUSEE PYRENEEN DE LOURDES SALLE BASQUE
HAUTES-PYRENEES D'ANTAN


Suffit-il de regarder superficiellement la douzaine d’objets caractéristiques qu’il renferme pour être renseigné à tout jamais, à la fois sur l’art basque et sur le pays basque ? De grâce, M. Veyrin, visitez lentement, sans idée préconçue, et le Musée de Lourdes et le Musée de Bayonne et comparez. Nous parlerons ensuite d’œuvre à la fois "artistique et scientifique".



bigorre hautes-pyrenees musee
MUSEE PYRENEEN CHATEAU-FORT DE LOURDES
HAUTES-PYRENEES D'ANTAN



Mais, au reste, il me semble que vous vous doutez un peu de l’idée que l’on peut avoir sur semblable Musée basque car, vous déclarez qu’il contient surtout des objets "qui participent intimement à la vie des Basques”. C'est bien là, je crois, ce qui nous divise. C'est bien là ce qui créée la confusion. Que m'importe à moi, qu’un brave fermier enrichi, en revenant d’Amérique, au début du XIXe siècle, habitué à des armoires ne trouvant pas à sa convenance le rustique bahut de ses ancêtres, l'ait troqué à son retour, au pays natal, contre une armoire béarnaise de date plus ou moins récente, ou bien contre une commode Louis XV façonnée on ne sait où, par on ne sait qui, et qu’il ait, par des choix analogues, composé un intérieur où pendant de longues années, il a vécu la vie d’un basque aisé avec les objets qui "participaient intimement à sa vie".



Que m’importe à moi tous ces dons disparates issus de semblables milieux qui encombrent le "Musée Basque", sous prétexte que ces dons proviennent de vieilles familles du pays ! Ne devraient-ils pas être triés, sélectionnés. Certains artistes (et non des moindres) avaient préconisé cette méthode pour éviter l'encombrement monotone. Mais ils n’ont plus été convoqués ; mais ils n’ont pas participé à cette organisation puisqu’aussi bien il n’était plus fait appel régulièrement à leur concours. Cependant ces compétences n’auraient-elles pas été d’un secours précieux dans le choix et la formation de ces collections, grâce à leur science archéologique, grâce à leur sens artistique affiné, toutes choses qui ne s’improvisent, ni ne s’acquièrent en quelques cachets. Et quel aveu dans ces quelques mots ! "On n’a pas hésité à introduire certains meubles et objets qui pour exister en Béarn et dans les Landes, n’en sont pas moins éventuels dans tous les intérieurs basques."



Allons donc ! Quoi ! Pour la représentation d'une simple cuisine de paysans basques obligation est faite de recruter des objets d’un caractère très différent comme ceux qui proviennent des Landes ou du Béarn, alors que des cuisines, en Guipuzcoa, en Biscaya et même simplement en Labourd sont fort pittoresques, présentent un ensemble parfait d’intimité rustique. Avec une douce patience, une légère activité et aussi un brin de science architecturale il suffisait de reproduire, sans presque rien changer, l’une de ces cuisines, en admettant, toutefois, qu’à cause des lieux, l’artiste organisateur aurait pu être maître de la composition, mais que défense formelle lui aurait été faite de ne pas respecter aussi bien la chronologie des objets qu’il aurait groupés que l’esprit, que l’essence des choses dont les traits caractéristiques d’ambiance locale auraient créé toute l'harmonie que recherchent trop, sans la trouver, des amateurs superficiels.



pays basque autrefois musée cuisine
CUISINE MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il ne semble guère, en visitant le Musée Basque que nous puissions nous rendre compte de cette vérité essentielle que malgré un certain air de parenté ethnique fort divers, fort différents, étaient les objets destinés au même usage, dans l’une ou l’autre des Sept Provinces. Examinez une métairie en Labourd et une autre en Basse-Navarre et vous apprécierez les changements apportés dans les détails de l’une et l’autre architecture. Combien différents aussi sont les meubles du Labourd comparés à ceux du Guipuzcoa et cependant quel air de famille les rend dissemblables de tous autres, ou que ce soit, en France comme à l’étranger. Où est la classification documentaire qui permettrait au "Musée Basque" de saisir ces distinctions comme elle permettrait de goûter les physionomies particulières de ces diverses provinces. Croyez-vous, Monsieur Veyrin, que compris ainsi le Musée aurait offert au grand public dont vous semblez rechercher les suffrages "un aspect rebutant et ennuyeux ?"



Ah, oui, mais création récente, diront certains, pour tout expliquer et pour tout excuser. Raison de plus répliquerai-je. Au lieu d’un pêle-mêle aussi artistique soit-il, dans des pièces insuffisamment éclairées et relativement exiguës, la distinction ainsi établie de pièces caractéristiques sélectionnées et cataloguées par province basque, complétées, au besoin, par des dessins, par des photos, offrirait infiniment plus d’attrait, serait d’une précision documentaire beaucoup plus scientifique, fournirait des groupements artistiques très sûrs et enchanterait tous ceux qui viennent retrouver et goûter là, paisiblement et délicatement, dans ces salles patinées par les ans, non la complexion cacophonique mais l’attrait suprême, mais l’essence même de choses locales ou récentes ou vétustes."






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mardi 26 juillet 2022

LE MUSÉE BASQUE PAR PHILIPPE VEYRIN EN 1924 (deuxième partie)

LE MUSÉE BASQUE PAR PHILIPPE VEYRIN EN 1924.


Philippe Veyrin, né le 9 janvier 1900 à Lyon (Rhône) et mort le 2 janvier 1962 à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est un artiste peintre, historien et bascologue français.




pays basque autrefois musée labourd
MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 19 octobre 

1924 :



"Le Musée Basque par P. H. Veyrin.



... Plusieurs portraits intéressants pour l’histoire bayonnaise s'y ajoutent : le portrait du Chevalier de Larretéguy, peint au début du XVIIIe siècle pour la Reine Douairière d’Espagne, Marie-Anne de Neubourg qui séjourna à Bayonne pendant trente-deux ans ; le portrait de Bayonne de Caupenne d'Amou, dernière filleule de la Ville ; le portrait de l’amiral Bergeret, etc...



pays basque autrefois musée tableau
PORTRAIT DU CHEVALIER DE LARRETEGUY





pays basque autrefois musée tableau
PORTRAIT DE BAYONNE CAUPENNE D'AMOU


Une vue du Château de Marracq et des Souvenirs du Siège de 1814 rappellent l'époque du 1er Empire et l’Histoire Militaire de Bayonne. Ça et là, dans la salle : une splendide armoire du XVIIIe siècle, en acajou marqueté ; une balance et des poids anciens provenant de l’Hôtel des Monnaies qui exista longtemps à Bayonne sous l’Ancien Régime ; de multiples vitrines contenant des médailles, jetons de présence, sceaux anciens, documents sur les imprimeurs bayonnais, pièces de serrurerie et de ferronnerie, etc...



Et ce n’est pas tout : en attendant les travaux qui vont bientôt aménager de nouvelles parties de l’immeuble, il a fallu adjoindre dans la salle de la section bayonnaise, les trois sections suivantes, qui seront ultérieurement bien distinctes :


I°—L’Iconographie de Biarritz,

Ensemble de curieux tableaux et de gravures datant à peine d’un siècle, qui montrent d’une façon saisissante les premières étapes du prodigieux développement de la ville. Au centre du panneau, un portrait en pied de l’Impératrice Eugénie, qui dota d’un destin nouveau et magnifique l’humble bourgade des anciens pêcheurs de baleines.



Il° — Le Carlisme. — 

Objets et documents se rapportant à ces luttes historiques dans lesquelles les Basques jouèrent un rôle prépondérant. — Au mur, un portrait du général Gamundi, coiffé de la "boïna" rouge. — Dans une vitrine, des monnaies, billets de banque, papiers officiels, décorations du gouvernement de Don Carlos, etc.



III° — Le Pays Basque vu par les Artistes contemporains. — 

Section qui compte déjà plusieurs oeuvres marquantes telles que : "L’improvisateur basque" grande toile décorative du regretté G. Roby ; un beau "Paysan à cheval", de Choquet ; une lumineuse "Vue de Bidart", par Bergès ; enfin cette si émouvante "Procession", de Ramiro Arrué, etc.



pays basque autrefois musée tableau
TABLEAU IMPROVISATEUR BASQUE DE GABRIEL ROBY
MUSEE BASQUE DE BAYONNE


pays basque autrefois musée arrue
TABLEAU PROCESSION DE RAMIRO ARRUE
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



Jetons maintenant un coup d’œil sur la petite salle attenante et réservée à l’Art Religieux, à l’iconographie de la cathédrale Ste-Marie, ainsi qu’à de précieux documents sur l’évolution des armoiries de Bayonne.



Arrêtons-nous longuement dans cette autre pièce point spacieuse, mais qu’un haut plafond vitré baigne de lumière. C’est le Musée Lapidaire. Là, parmi des verdures sombres qui évoquent la grave beauté des cimetières anciens d’Eskual-Herria, on a groupé les œuvres des tailleurs de pierre du temps jadis, spécimens les plus originaux et les plus caractéristique de l’art basque :


1° Les curieuses stèles discoïdales, qui, rappellent sans doute les sépultures des mystérieux Ibères.


2° Les inscriptions graves, familières ou ironiques, gravées sur les façades des maisons et sur les linteaux ou clefs de voûte des portes.


3° Les cadrans solaires, les fonds de cheminées, les devants de fourneaux en pierre ciselée, etc...



De tous ces objets, le Musée Lapidaire possède déjà des exemplaires remarquables ; il doit en recevoir encore bien d’autres, et l’emplacement actuel ne tardera sans doute pas à devenir insuffisant. Mais la maison Dagourette est assez vaste pour que cette section y puisse acquérir toute l’extension qu’elle comporte.



Au fond du Musée Lapidaire, la vue est attirée par une porte magnifique provenant de la Navarre Espagnole. Presque aussi large que haute, massive, hérissée de clous énormes, garnie de ferronneries étranges et fastueuses, cette porte est une des plus belles pièces du Musée ! Derrière elle, s’ouvrent les reconstitutions d’appartements basques.



Mais avant de parvenir à ceux-ci nous prendrons un autre passage et traverserons trois petites pièces ou ont été reconstitués quelques-uns de ces petits métiers populaires dont certains sont encore bien vivants au Pays Basque, mais dont la plupart disparaissent ou se transforment, absorbés par la grande industrie. Ici le Sandalier et le fabricant de Makhilas, là le Tisserand, plus loin le Chocolatier, montrent leurs ateliers, livrent leurs modestes secrets, racontent l’histoire de générations d’artisans dont les derniers représentants ont travaillé pour le Musée Basque avec les procédés du vieux temps.



Voici enfin une chambre à coucher de paysans Basques. Dans la lueur adoucie qui filtre à travers les petits carreaux verdâtres des fenêtres, elle apparaît émouvante, vraiment, cette pièce toute simple, un peu nue, quelques images pieuses se détachant seules sur la muraille blanche...



Non loin du lit aux courtines d’étoffe ancienne, se trouvent un joli berceau (don du Museo Vasco de San Sébastian) et une amusante chaise d’enfant. Çà et là quelques autres meubles : le traditionnel "kucha" (coffre sculpté), un haut bahut, une armoire dont l’ornementation bien typique se retrouve fréquemment dans la région d’Iholdy d’où elle provient.




Après la chambre, vient la cuisine Basque vaste et pourtant bien garnie de beaux vieux meubles, en chêne ou en cerisier, lustrés par l’âge et admirablement conservés : tables, chaises au dossier raide, pétrin, petit placard, "zizailua" (grand canapé de bois qui borde le foyer), etc. La plus belle pièce est, ici, ce grand vaisselier à quatre portes qui provient d’Hasparren ; il est garni de sa vaisselle originale, partie faïences du pays, partie céramiques de Delft rapportées au XVIIe siècle par les marins basques !



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VAISSELIER MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Sur le manteau de la cheminée et autour de l'âtre, se groupent les objets familiers : chandeliers, bassinoires, chaudrons et marmites de cuivre rouge, hauts chenets supportant le "gapora" (écuelle de terre cuite), archaïque tournebroche, pelle à cuire les "talauc" ou galettes de maïs, etc...



A côté, sur l’évier voûté, semblable à l'autel de quelques divinités domestiques, sont posés la cruche d’argile, "ferreta" aux flancs luisants, des pichets de faïence ou de métal.



Aux solives sont pendus, les jambons, saucisses, fromages, cordons d’ail et de piments, qui complètent la physionomie de cet ensemble dont les moindres détails ont été scrupuleusement observés et fidèlement reproduits.



Nous monterons maintenant au deuxième étage, mais non sans nous arrêter auparavant dans la petite pièce qui héberge, trop modestement encore, l’importante section des Jeux de Pelote. Mais on y peut étudier déjà les transformations progressives, qui, des primitifs gants de cuir de l'époque de Perkaïn (fin du XVIIIe siècle), ont abouti aux profonds "chisteras" actuels. Dans cette salle de la Pelote, le grand "pelotari" Chilar est venu lui-même un jour, déposer le gant avec lequel il remporta jadis ses plus beaux triomphes !





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GUIDE SOMMAIRE DU MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il n’y a encore que deux salles au deuxième étage du Musée ; la plus grande réunit plusieurs sections fort intéressantes :

L’Iconographie : nombreux tableaux et gravures anciennes relatifs, les uns aux villes, villages et sites de l’Eskual-Herria de jadis, les autres aux Basques célèbres tels que le Maréchal Harispe, les barons de Garro, etc.



Les costumes d’autrefois et d’aujourd’hui : ils  sont évoqués aussi par maintes estampes, mais surtout par une grande armoire vitrée où sont étalés des habillements anciens et de cérémonie.



Une autre armoire semblable, contenant aussi des vêtements de deuil, est consacrée plus spécialement aux usages et rites Funéraires.



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STELES DISCOÏDALES MUSEE BASQUE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Un placard vitré contient de curieux instruments de musique, dont l’usage est malheureusement presque perdu.



Beaucoup de très jolies pièces de faïences, dont l’étude approfondie est encore à faire, constituent la section de la Céramique Basque.



Plusieurs vitrines sont garnies de menus objets d’un grand intérêt au point de vue de l’Etnographie : présents ayant figuré dans des corbeilles de mariage, fuseaux et dévidoirs, colliers de béliers, etc.



A noter aussi l’extraordinaire horloge universelle fabriquée par Eyheramendy de Mauléon, chef d’œuvre singulier d’une petite industrie naguère florissante dans le Pays Basque."



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HORLOGE ASTRONOMIQUE D'EYHERAMENDY
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



A suivre...




 






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dimanche 26 juin 2022

LE MUSÉE BASQUE VU PAR PHILIPPE VEYRIN EN 1924 (première partie)

 

LE MUSÉE BASQUE PAR PHILIPPE VEYRIN EN 1924.


Philippe Veyrin, né le 9 janvier 1900 à Lyon (Rhône) et mort le 2 janvier 1962 à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est un artiste peintre, historien et bascologue français.




pays basque autrefois musée labourd tradition
MUSEE BASQUE - BAIONA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta Philippe Veyrin à ce sujet La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria

le 12 octobre 1924 :



"Le Musée Basque par P. H. Veyrin.



L’expérience l’a prouvé : un Musée d’Ethnographie Régionale ne peut attirer et intéresser le public que si ses moyens matériels et ses possibilités d’avenir lui permettent d’envisager la réalisation progressive d’un programme vaste, varié et continu.



Partant de cette conception, le but à atteindre par le "Musée Basque’’ a été défini ainsi qu’il suit : Donner, à tout instant, une image aussi exacte et aussi complète que possible du Pays Basque et de Bayonne, dans le passé et dans le présent.



D’où les trois divisions principales suivantes:

Bayonne, ville en partie gasconne, mais située au seuil du Pays Basque, ancienne capitale du Labourd, capitale religieuse et militaire des provinces basques françaises, actuellement véritable pôle attractif de la région basque par son commerce, son industrie, sa vie intellectuelle.


II° Les Sept Provinces Basques, de France et d’Espagne, peuplées par la même race, parlant la même langue, mais qui, de par leur histoire, la nature de leur sol, leur dosage ethnique, offrent chacune, avec ces traits communs des caractères originaux.



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ZAZPIAK BAT
PAYS BASQUE D'ANTAN

III° L’Expansion Basque portée principalement vers l’Amérique Latine où les Basques et les descendants des Basques constituent une élite généreuse, préoccupée d’œuvres sociales, fière de ses origines et conservant, adaptée à des milieux nouveaux, toutes les fortes vertus de la race euskarienne.



Cet ample programme étant tracé, la réalisation pouvait en être poursuivie suivant des points de vue assez différents.



On pouvait, par exemple, comme on l’a fait au Musée Pyrénéen de Lourdes, procéder par synthèse, c’est-à-dire grouper quelque peu arbitrairement les seuls objets les plus caractéristiques provenant indistinctement de n’importe quelles parties du Pays Basque. On eut ainsi obtenu une vision d’ensemble frappante, pittoresque et d’une couleur locale très marquée aux yeux de tous ceux qui ne connaissent pas intimement notre pays.



Mais une pareille vision trop artistique aurait non seulement été incomplète, mais encore aurait manqué de cette précision documentaire qu’exige toute œuvre vraiment scientifique.



Si par contre l’on s’était attaché à accumuler, jusque dans leurs moindres variantes, des objets usuels et à les classer simplement d’après leur ordre chronologique ou géographique, le "Musée Basque" eut présenté aux yeux du grand public un aspect rebutant et ennuyeux.



Entre ces deux extrêmes, la sûre érudition et le goût averti du Commandant Boissel et de ses collaborateurs, ont su trouver la plus heureuse des solutions.



Le Musée Basque de Bayonne ne contient pas que des éléments spécifiquement basques, mais aussi tous les objets, quelle que soit leur origine ou leur provenance, qui participent intimement à la vie des Basques.



C’est ainsi que pour reconstituer fidèlement une chambre et une cuisine de paysans basques, telles qu’on en peut trouver entre Sare, Hasparren et Saint-Etienne-de-Baïgorry, on n’a pas hésité à introduire certains meubles et objets qui pour exister aussi en Béarn et dans les Landes, n’en sont pas moins essentiels dans tous les intérieurs basques.



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CHAMBRE A COUCHER
MUSEE BASQUE DE BAYONNE



Mais à coté de ces restitutions d’ensembles, d’autres salles grouperont simplement les pièces les plus remarquables par leur ornementation de manière à donner une idée complète de l’art décoratif dans les sept provinces.



Ainsi le "Musée Basque" s’efforce-t-il de donner satisfaction aussi bien à ceux qui ne cherchent qu’une brève impression d’ensemble, qu’aux travailleurs qui viendront y puiser une documentation solide et approfondie.



L’œuvre dont nous venons de retracer le programme et de souligner les méthodes, est encore éloignée de son terme ; mais les résultats déjà réalisés sont fort intéressants et même attrayants.



Pour en juger, franchissons cette modeste porte de la rue Marengo, gravissons ce large escalier, dont la rampe de fer forgé est un chef-d œuvre des "Faures” (ancienne corporation des ferronniers bayonnais), enfin pénétrons dans la première salle du Musée Basque, “Hemen sartzen dena, bere etchean da” “ Celui qui entre ici est chez lui ”.



Telle est la devise que les organisateurs du Musée Basque se sont efforcés de justifier aussi complètement que possible.



En effet, la plupart des Musées d’Ethnographie régionale, ne se peuvent parcourir qu’en groupe, sous la conduite d’un gardien, qui, suivant un itinéraire fixe, oblige les visiteurs à une cause hâtive au travers des salles.



Au contraire, les hôtes du Musée Basque jouissent d’une liberté complète, permettant à chacun d’aller tout droit vers ce qui l’intéresse, de s’y attarder à loisir, comme aussi de flâner sans but précis parmi les diverses sections... 



Cette liberté entraine, évidemment, une surveillance plus dispendieuse, mais on a voulu permettre au public de bien voir, de tout voir et de voir avec agrément.



Un itinéraire a été cependant établi à titre d’indication pour les visiteurs ; c’est celui-ci que nous suivrons, car c’est le plus approprié à la disposition des locaux et au classement des collections en voie de formation.



Très vaste, entre ses murs discrètement blanchis à la chaux, sous son plafond aux larges poutres apparentes, la première salle abrite principalement tout ce qui se rapporte à la Tradition Bayonnaise.



En son milieu se trouve un très grand plan en relief de Bayonne, dépôt de la Chambre de Commerce. Le plan sera mieux à sa place dans la future section de géographie du Musée.



Sur les murs, suivant l’ordre chronologique, se déroule une vision de Bayonne et de ses habitants à travers les siècles : deux curieuses vues panoramiques de la Ville en 1750 ; une quantité d’estampes qui, comme presque toutes les richesses iconographiques du Musée, proviennent du généreux legs de M. Nicolas Larribière."



A suivre...




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