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dimanche 14 septembre 2025

UN PÈLERINAGE À LEZO EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1920 (première partie)

UN PÈLERINAGE À LEZO EN 1920.


Dès 1203, et la fondation de Fontarrabie, sa voisine en Guipuscoa, la commune de Lezo est citée dans les textes anciens.




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SANCTUAIRE DE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Gaulois, le 7 février 1920, sous la plume de René 

Bizet :



"Trois aspects de l'Espagne Catholique.



C'est au pèlerinage de l'Exaltation de la Sainte-Croix, le 14 septembre, qu'il faut venir surprendre, dans ce village de pays basque espagnol, la foi paysanne. Une tradition veut que dans la basilique de Santo Christo, un Christ miraculeux donne, à qui l'approche, "salud, dinero y buen marido" (santé, argent et bon mari), car toujours, au sentiment religieux des populations misérables, se mêle un sens de la vie pratique qui leur fait demander au ciel un peu de bonheur immédiat qu'elles ne peuvent obtenir de leurs travaux.



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CHRIST DE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Lezzo, qui se trouve à quelques kilomètres de notre frontière, et qui, dans le fond de la baie de Pasajes, est sur le chemin de Saint-Sébastien, est presque inconnu de ceux qui se reposent sur les bords du golfe de Gascogne. Le visiteur n'enrichit pas l'humble sanctuaire, et, je ne sais pourquoi, l'étranger croit davantage trouver un avant-goût de l'Espagne véritable à Hernani ou à Fontarabie. C'est un préjugé qu'entretiennent les guides et les agences de voyages. Le pays basque ou la Navarre, toute proche, montrent, dans tous leurs villages, leurs moeurs avec plus de simplicité qu'on n'en peut trouver dans les lieux de pèlerinages pour touristes, et, dans ce coin d'Espagne surtout, où elles ont une si grande importance, les manifestations religieuses en disent plus long sur un peuple que tous les monuments ou que toutes les danses pittoresques qu'on vient admirer, de loin, dans des endroits convenus.



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LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le paysan basque est profondément catholique. Le Basque français ne l'est pas moins que l'espagnol. Ils apportent, dans l'accomplissement de leurs devoirs religieux, une ferveur qu'on ne trouve chez nous qu'en Bretagne, et un sens de la collectivité qu'on ne connaît que dans les pays flamands. C'est ce sens-là qui donne au Basque d'Espagne son caractère particulier. Il est le seul à le posséder dans toute la péninsule, le seul à aimer son église, à y chanter, à s'y rendre avec ses coreligionnaires, à donner à la prière en commun cette force, cette ardeur qui emportent toute l'âme avec elle. Ce sens-là, qui lui évite les superstitions personnelles, lui donne aussi un fanatisme incontestable. Nulle province où le Français ne soit plus suspect, à l'habitant que la Biscaye, où nous rencontrions mois de sympathie dans le peuple et dans le clergé. Mais nulle province aussi où une propagande catholique bien faite ne nous rallierait plus rapidement l'ensemble des suffrages. Si l'on parlait simplement de nous à ces âmes simples, si quelque prêtre basque de France pouvait s'adresser à ses frères et leur dire que nous ne sommes point tels que le Pueblo Vasco nous dépeint, nous pourrions acquérir à nos frontières une affection dont le défaut aura eu de grosses conséquences pour nous depuis les débuts de la guerre.



Le Basque espagnol est taciturne. Il ne faut pas songer recueillir ses confidences, même quand on le connaît bien : il est, pour tout dire, antipathique. Il semble sournois, incapable d'élan, têtu dans ses convictions. Allons avec lui dans ses églises, suivons-le à Lezzo dans son pèlerinage, il nous apparaîtra tout autre, près de nous, candide, enthousiaste et si naïvement confiant...




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PLACE ET SANCTUAIRE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Lezzo est une ancienne grande ville, qui échelonne ses maisons de pierre aux pentes d'une contrefort de ce mont Jaizquibel, dont la masse sombre s'impose aux yeux depuis Fontarabie jusqu'à Saint-Sébastien. Il est tôt quand nous y arrivons, amenés jusqu'à Renteria par un tram électrique. C'est l'heure du marché. Aux murs des maisons, par des longes, sont attachées des mules, flanquées de paniers lourds de légumes, de fruits ou de bidons de lait, et tout un peuple jacassant s'empresse devant des étalages, de chaque côté de la route qui grimpe vers Lezzo et que suivent, d'un pas pesant, sous le soleil de septembre, vigoureux encore, les pèlerins bavards. Dans ce carré que dessinent, devant la vaste église de Renteria, de hautes et vieilles demeures écussonnées, c'est tout le tableau de la vie basque qui s'étale de couleurs plutôt sombres, relevées seulement par le jaune vieil or des murailles. Les femmes sont vêtues de noir, les hommes coiffés du petit béret ont les épaules chargées de couvertures noires zébrées de marron, qui leur donnent cet aspect frileux que nous retrouvons chez les émigrés, dans les salles d'attente de nos gares. Tous ces gens ont, dans la démarche, dans leur parler, quelque chose de fort et de rude qui nous éloigne d'eux d'abord.



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VUE GENERALE LEZO GIPUZKOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le paysage n'a pas plus de grâce. La courbe des montagnes autour de la mer est sèche ; la montagne elle-même, couverte sa base de pommiers et pelée à son sommet, est sans agrément pour les yeux, et si beau que soit le temps, il n'y a pas de ciel moins paisible que celui qui couvre cette nature et où se forment, s'enfuient, s'accumulent et se dispersent de minutes en minutes des troupes de nuages aux reflets métalliques.



Nous sommes maintenant dans la campagne, sur le chemin du sanctuaire. Des mendiants apparaissent au bord de la route, comme des arbres pourris ; ils sont à genoux, tendent des moignons de bras ou de jambes, polis ou saignants, rongés de pustules, vers la foule qui ne s'en émeut point, en poussant des litanies geignardes que rythment, en appel, des : "Cristianos ! Cristianos !" déchirants. Voici des marchands de cierges, qui offrent comme des lys les bâtons de cire blanche, unis ou travaillés comme des bijoux, et toute une horde vermineuse de gamines qui vous persécutent de leurs médailles de zinc ou de leurs chapelets d'un sou. C'est au milieu de cette cohue qu'on avance, lentement, au fur et à mesure qu'on approche du village de Lezzo : des petites baraques de toile pavoisent le chemin de bannières et de statuettes pieuses peinturlurées de bleu et de vermillon. On vend dans la même boutique des gâteaux à la graisse et des livres de messe, et les voyageurs se gavent à la fois de "fritons" et d'images saintes qu'ils rapporteront en souvenir. Mais tout cela ne diffère que par la couleur et la misère de nos pèlerinages de France."



A suivre...



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