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jeudi 23 septembre 2021

LE GOLFE DE GASCOGNE EN 1879 (première partie)

LE GOLFE DE GASCOGNE EN 1879.


Le golfe de Gascogne est une partie de l'océan Atlantique Nord située entre la Bretagne et la côte Cantabrique en Espagne.



pays basque autrefois golfe gascogne
GOLFE DE GASCOGNE




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal L'Echo des Vallées, dans son édition du 15 mai 1879 :




"Le Golfe de Gascogne (panorama à vol d’oiseau) 



Le voyageur qui longe en bateau le golfe de Gascogne dans les eaux françaises contemple avec admiration, du haut de la dunette, le splendide panorama qui se déroule devant lui. 



Le golfe du côté de l'Espagne présente également un spectacle non moins beau, mais d’un caractère tout différent. L'Océan semble contenu par une rampe de falaises, espèce de chaîne de montagnes commençant au phare du Socoa et s’arrêtant à St-Sébastien. Il semblerait que la terre ait voulu jeter un défi à la mer et lui dire : "Tu n’iras pas plus loin."



pays basque autrefois golfe gascogne
GOLFE DE GASCOGNE



Mais l’Océan dans le golfe de Gascogne se rit des vains efforts que l’on tente pour briser ses colères ; les flots sont implacables, et un jour, dans sa fureur, la mer franchit les montagnes que la terre semblait lui opposer ; elle s’ouvrit une issue, et comme si elle eût voulu étaler sur le continent sa puissance et sa majesté, elle créa elle-même, au milieu d’une ceinture de montagnes, le plus beau port naturel peut-être du monde "Le Passage". C’est là qu’à une époque non très éloignée, des jésuites français vinrent chercher asile ; ils y fondèrent un collège célèbre sous le nom du Passage, toujours regretté de ceux qui l’ont connu et apprécié. 



pais vasco antes arrue
PASAJES - PASAIA GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Après le Passage, et comme pour faire contraste avec cette nature grandiose et sinistre, le voyageur voit apparaître la charmante et gracieuse silhouette de St-Sébastien, ville autrefois incendiée, aujourd'hui rebâtie à nouveau dans le style le plus élégant et le plus moderne. Rien de coquet, de séduisant comme ce mamelon vert s’élevant en amphithéâtre, baigné de tous les côtés par les eaux de la mer, sa citadelle qui domine, ses promenades que la vague caresse, son cirque de taureaux, sa plage de bains, la plus belle de l’Espagne, sa place et son palais de la Constitution, le palais royal en miniature, son port, son théâtre, ses rues élégantes alignées au cordeau. Tout est beau, grandiose, et gracieux à St-Sébastien. 



Mais rebroussons chemin et revenons aux eaux françaises.



C’est d’abord Hendaye avec sa plage ravissante, son sable velouté, sur lequel le pied se repose comme sur le plus doux satin ; il n’y rencontre ni le plus mince galet, ni la moindre aspérité. Une eau toujours limpide mouille à peine jusqu’à la taille le corps du baigneur ; il peut sans danger, comme dans une vaste piscine, avancer dans la mer jusqu’à perte de vue. La Bidassoa déverse nonchalamment ses eaux presque endormies dans ce bassin immense que l’Océan, dans sa plus grande fureur, n’ose pas même troubler. On dirait un lac suisse sur le bord de la mer. 




pays baque autrefois golfe gascogne
GOLFE DE GASCOGNE



En face, sur le territoire espagnol, se dresse sur son rocher la vieille Fontarabie, aux ruines sévères et historiques ; un clocher dentelé domine son église, qui conserve encore les traces de son antique splendeur. Au loin est Irun, l’île des Faisans avec sa colonne commémorative se dressant au milieu des eaux, rappelant le mariage du grand roi Louis XIV et de l'infante d’Espagne ; et plus près, le pont de Béhobie, et Biriatou offrent à la curiosité du touriste un but d’excursions agréables et variées. 




Le Socoa et Ste-Barbe apparaissent bientôt avec leurs grands travaux en cours d’exécution, leurs falaises, leurs rochers, leurs promontoires dominant majestueusement la mer.



Au fond du tableau, abritée à l'horizon par les montagnes de la Rhune et des Cinq-Couronnes, protégée du côté de la mer comme par deux sentinelles avancées, par les forts du Socoa et de Ste-Barbe, est assise, comme endormie sur les eaux, la ville de St-Jean-de-Luz, capitale jadis de nos contrées, toujours fière de ses souvenirs et n’oubliant pas son orgueilleuse devise d’un jour : "St Jean-de-Luz, petit Paris ; Bayonne, son écurie." Elle est toujours charmante cette ville, que de nombreux baigneurs aiment à visiter pendant l’été ; une ceinture de collines verdoyantes l’entoure, et de ce centre de verdure, elle donne la main au gracieux village d’Ascain, baigné par la Nivelle, et à deux des plus belles communes du Pays Basque, St-Pée et Urrugne, avec ses riants vallons et ses bosquets fleuris. D’Ascain, l’on peut gravir à pied ou à cheval la montagne de la Rhune, une des ascensions les plus pittoresques de nos Pyrénées. L’étranger qui traverse la place principale d’Urrugne ne doit pas manquer de fixer son regard sur le mode de cadran d’horloge de l’église ; il y verra cet aphorisme gravé en grosses lettres : Vulnerant omnes, ultima necat, belle pensée philosophique à laquelle Théophile Gautier doit sa plus ravissante poésie. Sa voisine près de la mer, Ciboure, étale sans orgueil ses simples et jolies villas, ses coteaux de Bordagain et son petit, mais confortable, établissement de bains. 



Voici Guéthary, joli village si aimé des mères de famille, pour sa plage tranquille et le calme dont on y jouit ; c’est plaisir d’y voir pendant l’été les petits enfants jouer avec la mer comme avec un lion apprivoisé, et caresser sans crainte sa crinière écumante. 



Bidart vient après, avec ses maisons blanches, ses tuileries et ses fours à chaux, ses belles carrières de pierre et ses champs si bien cultivés. A côté de ce riant et pittoresque village, comme autant d’oasis verdoyantes et couronnées de bosquets, s’échelonnent Ahetze, Arbonne, Bassussarry, Arcangues, si renommés par leurs Koskilarias ou danseurs basques en temps de carnaval. 



Ici, inclinons-nous : A tout seigneur, tout honneur. Biarritz se présente avec ses splendides hôtels, ses châteaux luxueux, ses villas opulentes et ses plages si fréquentées du monde élégant et riche, après celle de Hendaye les plus belles de France ; sa villa Eugénie, portant le nom de celle dont la main découvrit, perdu au milieu des dunes, ce bloc de diamant aperçu par la duchesse d’Angoulême. Cette villa est aujourd’hui déserte et solitaire, il ne lui reste que le souvenir du bien que ses hôtes ont fait dans le pays. Aussi la reconnaissance de tous lui est acquise, quelle que soit l’opinion politique de chacun. Pour les âmes bien nées, en effet, la reconnaissance est un devoir ; c’est le cri spontané de la conscience et du cœur. 



Le navire salue ensuite le Phare, la Chambre-d’Amour avec sa grotte humide, objet d’une touchante légende ; Anglet au milieu de ses jardins et de ses vignes de chasselas si recherché du gourmet ; et si le voyageur dirige son regard à travers la forêt de pins qui se présente à ses yeux, il peut apercevoir de grandes constructions s’élevant sur une vaste plaine d’une fertilité prodigieuse. C’est le Refuge, fondation merveilleuse d’un vénérable et savant prêtre, l’abbé Cestac. Là, l’enfance abandonnée et pauvre, les âmes désillusion nées et repentantes trouvent un asile ; elles ont, pour les diriger et les protéger, de saintes femmes que la piété a retirées du monde pour les consacrer à Dieu et à l’humanité. Chose admirable ! ces sables naguère arides sont aujourd’hui fécondés, et l’on peut dire avec vérité que le désert a fleuri sous le souffle de la charité de ce saint fondateur. 


(Courrier de Bayonne). (La fin au prochain numéro).



A suivre...




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