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mercredi 1 septembre 2021

LES CRÂNES BASQUES DE ZARAUTZ ET DE SAINT-JEAN-DE-LUZ AU PAYS BASQUE EN 1958 (troisième et dernière partie)

 

LES CRÂNES BASQUES DE ZARAUTZ ET DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN 1958.


Depuis très longtemps, des chercheurs cherchent les origines du peuple Basque.




VIEILLE FEMME
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet Paulette Marquer, dans un Travail du Laboratoire 

d'Anthropologie du Musée de l'Homme :


Craniologie des Basques de Zaraus et de Saint-Jean-de-Luz.



Conclusions :



Les comparaisons précédentes se sont donc révélées assez décevantes. Dans l'état présent de nos connaissances cranio-métriques sur les Basques anciens et actuels, il ne semble pas que nous puissions relever avec exactitude un ensemble de caractères qui permettent de leur donner une place fixe dans la nomenclature raciale européenne. Aussi est-ce à bon droit que nous nous étonnons des conclusions de l'article de G. M. Morant, basées sur l'étude de 30 crânes masculins de la collection de Zaraus, conclusions qui affirment que les particularités relevées sur les crânes basques ne sont pas suffisantes pour justifier un isolement racial du type et qui présentent comme "extrêmement probable" le fait que les Basques "puissent être plus intimement rapprochés de l'une quelconque des races actuelles de l'Ouest de l'Europe que de n'importe quelle autre race". C'est là une évidence logique qui frise la vérité de La Palisse, sans apporter de réelle solution au problème.



Les hypothèses que l'on peut glaner, ici et là, dans les manuels d'Anthropologie générale ou dans les ouvrages spéciaux consacrés à l'Europe ne sont guère plus satisfaisantes. La plupart se bornent à voir dans la morpho-physiologie basque une combinaison plus ou moins complexe de quelques types raciaux européens, à l'intérieur de laquelle les éléments formateurs varient mais qui est régie par le même processus ethnogénique. Von Eickstedt par exemple (1934) invoque un croisement dinaro-méditerranéen sur lequel serait venu se greffer un apport alpin. Coon, à sa suite (1939), admet un fond méditerranéen ultérieurement modifié par une influence brachycéphale, en grande partie d'origine diharique, en petite partie d'origine alpine. Sauter (1952) fait sienne cette dernière opinion, mais en pensant que l'influence alpine a dû l'emporter sur l'influence dinarique. Ce sont là de simples indications d'orientation générale de la recherche qui relèvent de l'intuition plus que d'une solide documentation anthropologique. Si l'élément méditerranéen, bien que nous n'ayons pas pu le mettre en évidence ni à plus forte raison définir son rôle exact dans la formation du peuple basque, demeure encore un facteur possible sur le plan conceptuel, il n'en est pas de même pour l'élément alpin qui n'a très vraisemblablement eu aucune influence dans l'ethnogénèse basque. 


pays basque autrefois origines
EGON VON EICKSTEDT


Les Basques français, malgré leur brachycéphalie, se sont montrés très différents des vrais Alpins ; les Basques espagnols en sont encore plus éloignés. Rien, semble-t-il, ni dans la forme du crâne — nous avons insisté sur le caractère très particulier de la brachycéphalie des Basques français qui les apparentent plus à des dolichocéphales qu'à de vrais brachycéphales — , ni dans la morphologie faciale — si spéciale chez les Basques qu'elle suffit à les isoler en tant que type racial — ne justifie un rapprochement Basques et Alpins. 




Quant au facteur dinarique, bien qu'on en ait très souvent parlé, on se demande comment on a pu l'invoquer au sujet des Basques : les Dinariques ont un indice crânien élevé que n'atteignent jamais les plus brachycéphales des Basques ; l'occiput très aplati donne par ailleurs au crâne dinarique un aspect spécial qui le rend très différent de celui des Basques espagnols, qui possède presque toujours un chignon occipital et même de celui des Basques français, chez lesquels il n'existe jamais d'aplatissement marqué pouvant être considéré comme un caractère racial différentiel. 




Par ailleurs on ne voit pas très bien d'où serait venu cet élément dinarique ni comment il aurait pu se trouver en contact avec l'élément basque, les deux populations ayant des aires d'habitat fort éloignées l'une de l'autre. Nous aurions aimé trouver une série de crânes dinariques susceptible d'être comparée à notre série basque pour montrer avec des chiffres à l'appui les différences qui séparent ces deux types physiques ; en l'absence de cette preuve métrique, il nous faut nous contenter des oppositions que nous venons de signaler et qui nous semblent suffisamment parlantes pour éliminer le rôle du facteur dinarique. 



Pour tous ces auteurs, il n'existe donc pas à proprement parler une race basque mais simplement une variété régionale qui emprunte l'essentiel de ses caractères au peuple méditerranéen. Deniker (1926) et Montandon (1935) n'exprimaient pas une idée différente quand ils considéraient les Basques comme une variante du type atlanto-méditerranéen. H. V. Vallois (1943) parle également d'un "type secondaire" possédant quelques caractères qui le rapprochent des Alpins, et d'autres, plus nombreux, qui l'apparentent aux Méditerranéens ; il suggère l'idée de "Méditerranéens brachycéphalisés". Mais dans un travail plus récent sur les groupes sanguins (1951), cet auteur signale la formule sanguine très particulière des Basques : abaissement de B, élévation de O, fréquence du phénotype Rh qui, jointe à leurs autres particularités anthropologiques, leur donne une place à part parmi les populations pyrénéennes .



La thèse d'une race particulière semble par contre l'emporter chez les auteurs espagnols. C'est la conclusion provisoire à laquelle nous nous arrêterons nous-même. Par leur morphologie très spéciale autant que par leur langue et leur ethnie, les Basques sont nettement individualisés parmi les races du Sud-Ouest de l'Europe. L'étude statistique de leurs caractères crâniens met nettement en évidence leurs particularités mais ne nous a pas permis de dégager un ensemble de relations nettes avec l'une quelconque des grandes races qui entourent les Basques. Mais nous ne nous dissimulons pas l'insuffisance d'un examen reposant uniquement sur deux séries de crânes qui proviennent chacune d'une seule localité, pour établir une diagnose sérieuse de la race basque. 



Comme nous l'avons déjà dit au début de cette étude, nous ne considérons ce travail qu'au titre d'une enquête préliminaire que nous comptons bien poursuivre sur des sujets vivants, dans le Pays basque lui-même, et qui nous permettra, nous l'espérons, d'apporter une contribution plus vaste à la solution de ce problème si troublant pour l'anthropologiste."




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